Promettre n’est pas épouser

**Journal intime Promettre nest pas tenir**

*Maman, jai trop chaud Quand est-ce que Papa va arriver ?* gémissait la petite Anaïs, debout dans lentrée. Elle était emmitouflée dans son manteau dhiver, une écharpe et un bonnet

*Anaïs, je tai dit quil fallait attendre Papa avant de thabiller. Pose ton traîneau pour linstant. Enlève tes affaires, va jouer un peu Je finis de préparer le déjeuner, et on ira se promener dans une heure*, proposa Véronique, sa mère.
*Non. Papa va arriver, et on ira se promener avec lui. Il me la promis*, répondit Anaïs, boudeuse.
*Promis Justement, promis !* Véronique regarda sa fille avec tristesse, passa dans la cuisine, jeta un coup dœil par la fenêtre, et les larmes lui montèrent aux yeux

Véronique avait épousé Gérard, croyant alors à un grand amour. Gérard était le garçon le plus charmant de leur groupe, et la timide Véronique avait été flattée par son attention. Quand il lui avait demandé de sortir avec lui, la jeune fille naïve avait été au comble du bonheur. Toutes ses amies jalousaient leur relation, chuchotant quils formaient un si beau couple. Véronique était fière de son histoire avec ce jeune homme séduisant.

Un an plus tard, Gérard lui avait fait sa demande. Sans hésiter, elle avait dit oui. Beaucoup de ses amies voulaient être demoiselles dhonneur. Véronique était convaincue davoir tiré le billet gagnant. Gérard nétait pas seulement charmant : sa famille, les Dubois, était lune des plus aisées de Lyon. Son père dirigeait une grande entreprise, sa mère possédait plusieurs épiceries fines en ville.

*Véro, tu as tellement de chance ! Le mariage approche*, lui avait murmuré son amie Nathalie, un brin jalouse.
*Oui. Gérard ma promis quon partirait en voyage de noces*, avait répondu Véronique, rayonnante.
*Incroyable ! Je nen reviens pas !* sétait exclamée Nathalie.

Tout le monde enviait Véronique. Seule Thérèse, sa mère, semblait réticente et traînait une mélancolie depuis quelques temps

*Ma chérie, ne te précipite pas pour te marier. Vous ne vous connaissez que depuis un an. Et puis, il y a dautres garçons*, avait-elle dit en regardant sa fille ajuster son voile devant le miroir.
*Maman, arrête ! Je tai déjà dit que Gérard et moi, nous nous aimons.*
*Ma fille Lamour passe, mais il faut quelquun de solide. On raconte des choses sur ton Gérard, il a déjà eu beaucoup de conquêtes*, avait tenté de la prévenir Thérèse.
*Assez, Maman ! Tu ne veux juste pas que je quitte la maison. Mais ne tinquiète pas ! Gérard ma promis une grande maison, tu pourras nous rendre visite quand tu voudras. Et il ma dit que je pourrais passer mon permis, quil machèterait une voiture. Je pourrai venir te voir. Tout ira bien. Gérard ma promis que je serais la plus heureuse.*

Le temps avait filé. Le jour du mariage, Gérard était venu chercher Véronique dans une belle voiture blanche. Elle avait quitté lappartement de sa mère, pour la dernière fois en jeune fille célibataire

À la mairie, Thérèse se sentait mal à laise. De leur côté, il ny avait presque personne : juste quelques amies. La plupart des invités étaient de la famille ou des connaissances de Gérard ou plutôt de ses parents.

Lors de léchange des alliances, Gérard avait glissé la sienne au doigt de Véronique sans difficulté. Mais elle, nerveuse, avait laissé tomber celle destinée à son époux

*Oh*, avait-elle seulement pu dire.
Gérard avait rattrapé lanneau en deux pas rapides. Les invités avaient ri : *Regardez comme il court après son bonheur !* Seule Thérèse avait pâli. Sa grand-mère disait toujours : *Faire tomber lalliance, cest mauvais signe. Le bonheur ne sera pas au rendez-vous.*

Croire ou non aux superstitions, cest un choix. Mais la vie conjugale de Véronique avait effectivement mal tourné. Au début, tout allait bien. Ils avaient emménagé chez les parents de Gérard. Véronique avait quitté son travail. Thérèse nétait pas daccord, mais sa fille navait pas écouté.

*Maman, Gérard ma promis de subvenir à tout. Je nai pas besoin de travailler.*

Peu après, Véronique était tombée enceinte, et Anaïs était née. Thérèse la voyait rarement, tout comme sa propre fille.

Véronique manquait de rien. Elle et Anaïs avaient jouets et vêtements en abondance. Mais cétait sa belle-mère qui choisissait tout. Elle navait quà acquiescer.

*Gérard, et si on emménageait ailleurs ?* avait-elle osé demander un jour.
*Quest-ce qui ne va pas ? On est bien ici*, avait-il répondu, indifférent.
*Oui, mais jaimerais avoir notre chez-nous.*
*Ton père a des problèmes au travail. Largent ne coule plus à flots. Pas de maison pour linstant.*
*Mais tu travailles tard le soir, même le week-end*
*On verra plus tard.*

Deux ans avaient passé. Véronique commençait à comprendre que son mari ne travaillait pas autant quil le prétendait. Les conflits éclataient.

*Véronique, tu exagères ! Un homme a le droit de samuser un peu !* lui avait reproché sa belle-mère un matin, après une nuit dabsence.
*Je ne tolérerai plus ça ! Je pars chez ma mère avec Anaïs !*
*Pars donc ! Mais ma petite-fille reste ici !* avait hurlé Gérard, ivre.

Véronique était partie, mais seulement pour quelques jours. Gérard était venu les chercher, déclarant que sa fille ne vivrait pas dans un petit deux-pièces avec une vieille femme. Elle navait eu dautre choix que de revenir.

Les escapades continuèrent. Elle endura, sans se plaindre à sa mère. Mais Thérèse savait tout. Dans une ville comme Lyon, les rumeurs vont vite. Elle savait combien sa fille souffrait.

Un jour, son cœur lâcha. Thérèse mourut dune crise cardiaque à lhôpital. Ce fut le déclic pour Véronique. Elle comprit quelle était seule responsable de son destin et de celui dAnaïs. Elle plia bagages et retourna dans lappartement de sa mère. Puis demanda le divorce.

Gérard ne résista pas. Il était déjà pris ailleurs. Mais sa mère tempêta.

*Tu ne peux pas faire ça à Gérard. Et tu nas pas le droit de nous prendre Anaïs !*
*Je ne vous la prends pas. Vous pourrez la voir, mais je ne reviendrai pas.*

Véronique rencontra ensuite David. Ils sinstallèrent ensemble. Il prit Anaïs comme sa fille, proposant même de ladopter. Gérard refusa.

*Je te promets que je te reprendrai Anaïs ! Tu le regretteras !* avait-il crié un soir, ivre.
*Gérard, attends dêtre sobre avant de faire des promesses. Jen ai déjà une collection.*

Ce jour-là, le père dAnaïs ne vint pas se promener. Ce ne fut pas la première ni la dernière promesse non tenue.

*Maman, Papa a promis de macheter un vélo et de venir aujourdhui !* sétait enthousiasmée Anaïs pour ses onze ans.
David lui offrit le vélo le lendemain.

*M

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Promettre n’est pas épouser
Elle sait mieux que quiconque