Mathilde : Une Histoire d’Âme et de Courage dans la Campagne Française

**Jeanne**

Dans le petit village, on disait delle quelle avait perdu la tête avec lâge. Beaucoup évitaient sa maison, la traitant de « sorcière », mais la façon dont elle a fermé la bouche aux mauvaises langues, on sen souvient encore aujourdhui

Jeanne avait lair dune paysanne ordinaire âgée, un peu excentrique : elle aidait ceux dans le besoin, malgré sa petite retraite, et accueillait les touristes égarés. Les villageois aisés (car le village était prospère) ne laissaient guère les étrangers franchir leur seuil tout au plus une tasse deau du puits, mais pour la nuit ? Jamais.

Mais Jeanne était différente elle offrait à boire, préparait un repas simple et proposait un lit si la nuit tombait. On la trouvait bizarre, à héberger des inconnus alors quelle vivait avec sa petite-fille en âge de se marier. On la menaçait même :

« Si tu continues tes folies, on placera ta Lili en orphelinat. On appellera les services sociaux, et ils te la retireront. »

Mais ça, cétait avant. Plus tard, Lili a eu dix-huit ans, et ils ont lâché prise. Au début, Jeanne en voulait terriblement à ses voisins Lili était son sang, son seul trésor, son soutien pour ses vieux jours.

Elle était tout ce qui lui restait. Jeanne avait tout perdu : son mari était parti trop tôt, une crise cardiaque à quarante-deux ans. Sa fille, Élodie, elle lavait élevée seule. Une fille charmante et douce, qui sétait bien mariée, était partie en ville et avait donné naissance à Lili. Puis le drame arriva

Le mari dÉlodie était géologue. Des missions sans fin, parfois six mois sans rentrer. Et un jour, il ne revint pas disparu, sans même retrouver son corps. Les secours étaient partis plusieurs fois, jusquà ce quun sauveteur disparaisse à son tour. Cest du moins ce quon avait dit à Élodie.

Elle sombra dans le chagrin, avec son enfant à élever seule. Jeanne la soutenait :

« Je tai relevée après la mort de ton père, et toi aussi tu y arriveras tu élèveras Lili, et je taiderai. »

Dabord, Élodie sembla se reprendre, accepter son sort cruel. Mais en réalité, elle faisait semblant pour ne pas inquiéter sa mère. Deux ans plus tard, linattendu se produisit.

Élodie noya son chagrin dans lalcool. Dabord occasionnellement, puis presque tous les jours.

« La vie sans mon cher Théo na plus de sens. Mon mari ne reviendra pas, le bonheur est fini, alors pourquoi vivre ? » répétait-elle chaque fois que sa mère tentait de la raisonner.

Jeanne essaya tout, en vain Élodie sétait liée pour toujours au « démon vert ». Elle mourut dans la force de lâge. Tout le village la jugea, mais cétait sans doute son destin.

Jeanne

Lili, quinze ans, resta orpheline. Jeanne obtint sa garde et lemmena au village. Lili résistait, habituée à la ville, mais Jeanne la convainquit :

« Avec ma retraite, on ne survivra pas en ville. Ici, on a un potager, des poules »

Et elle aimait lui dire :

« Toi, mon trésor, ton destin sera différent, tu verras. Quand tu seras grande, je te trouverai un mari ! »

« Où ça, mamie ? Dans ce trou perdu ? Seuls les touristes perdus passent par ici. »

« Ne tinquiète pas, petite, mamie sait ce quelle fait. Et laisse les méchants jaser, ne les écoute pas. »

Elles vécurent ainsi toutes les deux dans une vieille maison à lécart du village. Jeanne soccupait du foyer, Lili allait à lécole, puis aidait aux tâches.

Ses camarades se moqu

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