**La Révolte dAmélie**
Il était une fois, dans un petit appartement parisien, une jeune femme nommée Amélie Dubois. Elle avait longtemps supporté les remarques acerbes de sa belle-mère, Madame Chantal Moreau, qui venait trois fois par semaine pour transformer leur foyer en salle de banquet. Les jours raccourcissaient avec lautomne, et la patience dAmélie aussi.
Chantal adorait jouer les hôtesses. Elle arrivait avec des sacs remplis de provisions, semparait de la cuisine et mijotait des plats dignes dun banquet royal. Puis elle invitait voisins, amis, et même des inconnus croisés au marché.
« Voilà ce que jappelle lart de recevoir ! » clamait-elle en disposant les assiettes. « Pas comme certaines qui ne savent même pas préparer un thé correctement. »
Amélie serrait les dents, la mâchoire douloureuse, tandis quelle coupait le pain. Chantal ne la nommait jamais directement, mais le message était limpide.
À table, la belle-mère se muait en conteuse. Les yeux pétillants, la voix théâtrale, elle entamait son spectacle.
« Ma nièce, Sophie, quelle perle ! » sexclamait Chantal en levant les mains au ciel. « Elle brode comme une fée ! Des toiles dignes du Louvre ! Et ses confitures un délice ! Son mari vit comme un roi. »
Les invités hochaient la tête, tandis quAmélie sentait la chaleur lui monter aux joues. Son mari, Antoine, pianotait sur son téléphone, indifférent.
« Et ma cousine Élodie, quelle femme exemplaire ! » poursuivait Chantal. « Douce, obéissante. Jamais un mot plus haut que lautre. Sa belle-mère est comblée. »
Une voisine se tourna vers Amélie :
« Et vous, que savez-vous faire ? »
Amélie ouvrit la bouche, mais Chantal linterrompit :
« Oh, ne la fatiguez pas ! Notre Amélie est une femme moderne. Elle travaille dans un bureau, derrière un écran. Elle na pas le temps pour les travaux manuels. Elle préfère quon soccupe de tout à sa place. »
« Je suis responsable marketing, » rectifia Amélie.
« Bien sûr, marketing, » rétorqua Chantal avec un sourire condescendant. « Mais qui fait le ménage ? Mon pauvre Antoine rentre épuisé et doit encore cuisiner. Notre petite Amélie est bien trop gâtée. »
Les poings dAmélie se serrèrent. Antoine, toujours absorbé par son écran, feignait lignorance.
Un soir, après le départ des invités, Chantal sapprocha avec un sourire mielleux.
« Ma chérie, tu pourrais maccompagner à lhôpital demain ? Jai des résultats à récupérer, et jai peur dy aller seule. »
Amélie accepta, bien quà contrecœur. Le lendemain, elle rata une réunion cruciale à cause de cette corvée. Antoine haussa les épaules :
« Ce nest quun retard. Maman a besoin daide. »
Puis vint la requête suivante : courses, pharmacie, lessive Amélie passa ses après-midi à courir pour Chantal, tandis quAntoine regardait la télévision.
Un jour, Chantal débarqua avec une parente, Margaux, et sa fille, la parfaite Camille.
« Camille élève trois enfants, cuisine comme un chef, et son mari ladore ! » fanfaronna Chantal. « Tu devrais ten inspirer, Amélie. Peut-être quAntoine resterait plus souvent à la maison. »
Cette fois, Amélie explosa. Antoine tenta de la calmer :
« Maman ne voulait pas te blesser. Elle donne juste des conseils. »
« Des conseils ? Elle me rabaisse depuis des mois ! »
Chantal joua loffensée :
« Mais je taime comme ma fille ! »
Amélie éclata de rire.
« Une mère traite-t-elle sa fille dinutile ? »
Le soir même, Chantal osa la question fatidique :
« Dis-moi, Amélie, à quoi sers-tu vraiment ? »
Une assiette sécrasa au sol.
« Cest tout. Je ne ferai plus rien pour vous. »
Antoine protesta, mais Amélie resta ferme. Elle appela la police lorsque Chantal refusa de partir.
« Cest mon appartement. Vous ny avez plus votre place. »
Les mois passèrent. Antoine ne rappela jamais. Un jour, Amélie rencontr







