Trop de coïncidences mystérieuses

30octobre2025

Je me retrouve à écrire ces lignes, le cœur lourd, comme pour mettre un ordre dans le chaos qui a envahi notre vie depuis trois mois. Tout a commencé quand Camille, une collègue avec qui je n’avais jamais eu de lien autre que professionnel, a traversé une terrible épreuve: une fausse grossesse suivie d’un divorce précipité. Après des mois de convalescence, elle est revenue au bureau, mais c’était une autre personne, plus fragile, plus envahissante.

«Louis, je nen peux plus! Elle me harcèle depuis un mois, appels nocturnes, messages incessants, et même des apparitions devant mon immeuble», ma confié Camille, visiblement à bout. Jai déversé mon désespoir dans le bureau du directeur, espérant un soutien. Il a haussé les épaules et, en souriant, a lancé: «Cest la drague, ça arrive; rien de criminel, non?». Jai senti mon sang bouillir. «Je nai rien fait! Nous ne parlions que travail, et maintenant mon mariage se fissure à cause de Mélisande», ai-je presque crié. Le directeur, imperturbable, a rétorqué: «Ce qui se passe hors du travail ne me regarde pas».

Depuis, Élodie et moi nous disputons chaque petite chose. Elle commence à douter de ma fidélité, ne pouvant accepter que tant de messages, de sous-entendus et de photos puissent être le fruit du hasard.

«Élodie, je ten supplie, je nai jamais trahi ton amour. Pas une once dans mon cœur na jamais vacillé», ai-je supplié, la voix tremblante. Elle a rétorqué dun ton glacé: «Tes paroles sonnent comme des excuses, comme si jétais naïve».

Mélisande, quant à elle, agit avec la précision dune stratège. Autrefois douce et discrète, elle a tout changé après son départ de la maternité et le divorce de son mari. De retour au travail, elle a dabord gardé ses distances, puis a commencé à glisser des compliments à mon attention, toujours sans dépasser le cadre du «simple flirt». Jai laissé passer, pensant que cétait innocent.

Puis, les choses ont basculé. Mélisande sest invitée dans notre quotidien comme une tempête dété, arrachant les fondations de notre confiance. Un jour, alors que je rentrais du travail, elle a appelé depuis un nouveau numéro, suppliant: «Louis, je suis bloquée chez ma voisine, mon téléphone na plus que deux pourcents, viens maider». Jai accepté, non sans un pincement au cœur, car je ne voulais pas laisser une inconnue dans le froid. En sortant de lescalier, elle sest précipitée sur moi, magrippant le cou comme une ombre persistante. Cette scène a suffi à faire vaciller Élodie.

Le même soir, un message est apparu sur mon portable: «Merci dêtre venu, je pensais que tu étais suivi. Je serai en retard dune demiheure, comme prévu». Élodie, blottie dans le noir, a murmuré: «Louis tu avais rendezvous chez un ami demain?». Son souffle était un mélange de peur et de colère. Jai envoyé un texte: «On parlera demain matin, je suis fatigué, je tappellerai.» Elle a répondu instantanément: «Je tattends, je serai toujours là.». Le silence qui a suivi était assourdissant.

Au petit matin, jai pris la décision de méloigner, de passer quelques jours chez ma sœur afin de réfléchir, loin de Mélisande et de ses manœuvres. Le bruit des clefs sur le parquet ma réveillé, mon téléphone était posé à côté du lit, comme un rappel de la tempête qui sapprêtait. Élodie ne répondait plus à mes appels; ma sœur ma demandé de ne pas troubler davantage la situation.

Les jours se sont étirés, chaque heure semblait une éternité. Jai compris quil me fallait agir, prouver mon innocence, récupérer la confiance dÉlodie. Une semaine plus tard, jai enfin osé appeler la sœur dÉlodie et lui demander un rendezvous. Après de longues négociations, elle a accepté.

Nous avons roulé en silence, le paysage parisien défilant sous les néons du périphérique. Jai demandé à Élodie de me faire confiance pour une petite mise en scène. Elle a baissé les yeux, hésitante, mais a accepté. Nous nous sommes arrêtés devant un vieux bâtiment de la ville, et, les yeux bandés, elle a été guidée à lintérieur. Une odeur de peinture fraîche la saisie dès quelle a ouvert les yeux: «Nous sommes sur un chantier?», a-t-elle demandé. Jai souri: «Pas tout à fait».

Le bandeau sest détaché, et la lumière blafarde dun ancien gymnase scolaire a baigné la salle. Au centre, sur le banc, un bouquet de lys blancs attendait, immobile comme le temps.

«Élodie, saistu à quel moment jai compris que je taimais réellement?», aije murmuré. Elle est restée muette, les yeux rivés aux hauts plafonds.

«Ce nétait pas quand nous nous sommes rencontrés avant le bal de fin dannée. Cétait quand, en classe de seconde, je suis entré dans ce gymnase sans connaître personne. Au fond, tu étais là, vêtue dun maillot de volley, les cheveux mouillés en un chignon rebelle, et tu riais dune façon contagieuse. Ce jourlà, jai su que mon cœur était à toi pour toujours.»

Les larmes ont commencé à perler sur ses joues. Elle navait jamais retenu ce souvenir, mais la sincérité de ma voix la touchée. Jai raconté comment, pendant des mois, javais lutté contre la peur davancer, comment chaque jour je remerciais le destin de mavoir mené à elle, dans ce même gymnase.

«Je ne tai jamais trahie, jai toujours été à toi,» aije chuchoté en prenant ses mains dans les miennes. Une larme a traversé son visage, puis elle a levé les yeux vers les miens, retrouvant léclat de notre premier amour.

«Je suis prête à tout: quitter mon travail, faire en sorte que Mélisande parte, changer de ville, même de pays, tant que tu me crois.»

Dans ce vieux gymnase, où tout a commencé, nous avons compris que lamour véritable résiste aux tempêtes, même à celles qui cherchent à le briser. Nous navions plus besoin de mensonges ni de doutes. Le futur demeure incertain, mais je sais maintenant que, tant que nous marcherons côte à côte, aucune jalousie ne pourra nous séparer.

Louis.

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