Une Dame Âgée Se Bat pour Se Lever et Aller au Jardin avec un Bol de Pain.

**Journal de Pierre 25 Septembre**

Ce matin, je me suis levé du lit avec peine. Je me suis appuyé contre le mur pour atteindre la porte. Dans la cuisine, jai pris un bol rempli de pain émietté avant de sortir dans le jardin.

« On dirait que je me dérouille un peu. Ces poules caquettent tant Dois-je les laisser aller au potager ? La nuit, je ne pourrai plus les rattraper. Mais à quoi je pense ? Bientôt, ma belle-fille va menvoyer en maison de retraite. »

Jai ouvert la porte du poulailler. Sept poules en sont sorties, suivies dun coq fier comme Artaban. Jai répandu les miettes à terre pour eux avant de me diriger vers les toilettes.

En revenant, jai jeté un coup dœil à mon potager.

« Élodie ! » La voix de ma voisine, Josiane, résonna près de la clôture. « Toujours aussi affairée ? Tu vas bientôt fêter tes quatre-vingt-dix ans. »

« Et comment faire autrement, Josiane ? » me suis-je approché delle. « Il reste encore les choux et les carottes à ramasser. Heureusement que Théo et sa femme, Amélie, ont déjà récolté les pommes de terre. »

« Tu as un petit-fils bien attentionné ! »

« Cest dur pour lui depuis la mort de son père » Ma voix sest brisée.

« Allons, Élodie, assez de larmes, » a tenté Josiane de me réconforter. « Ton fils ne souffre plus. Un an sans pouvoir bouger Pense à ce quil ressentait. Maintenant, il veille sur toi depuis le ciel. »

« Josiane, il navait que soixante ans. Si robuste, pourtant ! Et en un an, il sest éteint »

« Bientôt, moi aussi, je rejoindrai mon fils. »

« Ne te presse pas, Élodie ! Prends encore un peu de temps. Vis un peu ! »

« Comment vivre ici ? Mes jambes ne me portent plus. On est fin septembre, le froid arrive. Seule, comment vais-je tenir ? »

« Mais tu as ta belle-fille et tes petits-enfants. »

« Oh, Josiane, tu ne sais pas Théo a trois enfants et sa belle-mère vit chez lui. Claire, avec ses deux petits, habite dans un studio. Et ma belle-fille, Sophie ? »

« Elle ne pense quà ma mort. Quand nous avons fait les quarante jours de Louis, je lai entendue dire à Claire quelle voulait vendre ma maison pour lui acheter un appartement. »

« Ne laisse pas faire, Élodie ! »

« Claire est ma petite-fille, quelle vive décemment. »

« Et toi ? »

« Ils me mettront en maison de retraite, jimagine. Au moins, là-bas, quelquun soccupera de moi. Ici, jai même peur dallumer le poêle. Je nai plus de bois. Je vais geler, sans que personne ne sen aperçoive. »

« Merci, Josiane ! Bon, je dois y aller. » Jai agité la main. « Jai lâché les poules. Les voilà dans le potager. Je vais ramasser les œufs ! »

Ce matin, le froid sest intensifié. Je navais aucune envie de sortir de sous la couette. Mais il le fallait.

Je me suis levé, frissonnant. Enroulé dans une couverture, je suis sorti dans le jardin. À peine avais-je nourri les poules que la voiture de Théo est arrivée devant la maison. Dhabitude, il ne venait que le week-end Aujourdhui, cest mercredi. Jai compris quun changement approchait.

« Bonjour, mamie ! »

« Quelque chose ne va pas ? » ai-je demandé, méfiante.

« Ça suffit de vivre seule ici, » a-t-il dit en levant les yeux vers le ciel. « Lhiver arrive. »

« Et mes poules ? Et mes choux et carottes pas encore ramassés »

« Mamie, je moccuperai des poules. Je vais tout récolter pendant que tu te prépares. Allez, dépêche-toi ! »

Jai pris mon temps. Jai vécu ici plus de soixante ans, depuis que Robert my a emmenée comme épouse. Cest ici que Louis est né. Quinze ans déjà que Robert est parti Et maintenant, Louis nest plus là. Assise sur un banc, jai laissé couler mes larmes.

Je me suis levée dun bond, jetant un regard par la fenêtre. Théo avait déjà ramassé les carottes et coupait les choux. Quelle belle récolte Des pommes énormes. Un soupir profond, puis jai commencé à ranger mes affaires.

« Que prendre ? Tout laisser est dommage, mais je ne peux pas tout emporter. La maison de retraite acceptera-t-elle autant de choses ? Lalbum photo, pour me souvenir. Les documents aussi Ils vendront la maison, et sils ne trouvent pas tous les papiers ? Des vêtements, surtout. Les nouveaux propriétaires jetteront tout. »

« Mamie, tu en as pour longtemps ? » Théo ma interrompue. « Jai tout ramassé. Je reviendrai ce week-end pour tout distribuer. »

Il a chargé mes affaires dans la voiture et ma aidée à monter. Jai regardé par la vitre, disant adieu au village.

La ville était proche. Bientôt, les immeubles de cinq étages sont apparus. La voiture sest arrêtée.

« Tiens, nous voilà chez Louis » me suis-je étonnée. « Théo maurait amenée pour dire au revoir à Sophie ? »

« Bonjour, tante Élodie ! » Sophie ma souri, me faisant même la bise.

« Bonjour, Sophie » Mais je me disais : « Elle a peur que je ne lui cède pas la maison. »

« Tante Élodie, nous tavons libéré la chambre où Louis a passé ses derniers jours, » a-t-elle dit avant déclater en sanglots.

« Nous lavons rénovée, » ma-t-elle poussée vers la pièce. « Un nouveau lit, une nouvelle armoire »

« Sophie » Jai enfin compris. « Alors, vous ne menvoyez pas en maison de retraite ? »

« Maman, maman, je ten prie, arrête ! »

« Pourquoi pleurez-vous ? »

« Mamie, doù te vient cette idée que nous vendrions ta maison ? » Théo a ri. « Nous en ferons une résidence de vacances pour toute la famille. Nous y passerons lété. La forêt est juste à côté. »

Mon cœur sest gonflé de joie. Après tout, javais de si bons petits-enfants.

« Et quelle belle-fille jai Comment nai-je pas vu cela en quarante ans ? »

**Leçon :** Parfois, on craint le pire sans voir lamour qui nous entoure déjà.

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