Mon mariage manqué : j’ai donné naissance à un fils, tandis que Marek a épousé celle choisie par sa mère.

**Journal intime 12 mars**

Le destin sécroule parfois sans prévenir, comme un soufflé qui retombe après des heures defforts. Il ne reste alors quun goût amer, un vide. Cest ce qui mest arrivé.

Je mappelle Élodie. Même après toutes ces années, raconter mon histoire me serre encore la gorge.

Théo et moi, cétait un amour franc, sans fioritures. Il était tendre, présent, comme un refrain quon ne se lasse pas dentendre. Après six mois, jai posé mes valises chez lui. On a déposé notre dossier en mairie. La date était fixée, nos parents saffairaient : maman avait choisi sa robe, sa mère mapportait des madeleines en louant mon « naturel charmant ».

Théo venait dune famille brisée son père était parti refaire sa vie ailleurs, laissant derrière lui des silences pesants. Peut-être était-ce pour ça quil saccrochait tant à lavis de sa mère.

Dix jours avant le mariage, jai su que jattendais un enfant. Je voulais garder le secret pour le grand jour. Mon père, vieille France, aurait mal pris la nouvelle avant les noces. Jimaginais déjà son émotion en me conduisant à lautel.

Puis, une semaine avant, lors de lanniversaire de maman, Théo a tout balayé dune phrase : le mariage était annulé. Parce que lenfant nétait pas de lui.

Le choc a glacé la pièce. Mes parents ignoraient ma grossesse. Sous le choc, jai exigé des explications. Il a sorti une photo moi, à un passage clouté, près dun inconnu. Pris de loin, le cliché suggérait une complicité imaginaire. Pour lui, cétait une « preuve ».

Jai juré ne pas connaître cet homme. En vain. Théo était déjà convaincu, sourd à tout raisonnement.

Cette nuit-là, maman a pleuré de honte. Il a fallu prévenir la famille : plus de mariage, une fille enceinte, un fiancé lâche.

Cinq mois plus tard, je mettais au monde Louis. Mes parents, blessés mais fiers, mont épaulée. Jai évité de penser à Théo. Puis jai compris : sa mère ne mavait jamais acceptée. Trop « ordinaire », pas assez docile. Elle lui avait soufflé de rompre, monté cette mise en scène. À ma place, elle lui avait imposé Camille fille dun notable, dotée dun carnet dadresses en or.

Théo a épousé Camille peu après. Mais le mirage sest vite effrité. Camille a tyrannisé sa belle-mère, pris possession de la maison. Théo na pas tenu. Il est parti en Belgique, a demandé le divorce.

Récemment, il ma contactée sur les réseaux. Des excuses, des regrets. Il veut connaître Louis. « Peu importe qui est son père », dit-il.

Je ny crois pas. Ma confiance a brûlé avec les mensonges. Je refuse dexposer mon fils à un homme qui préfère les ordres à lamour, la lâcheté à la fidélité.

Oui, pardonner est noble. Mais je ne laisserai plus entrer ceux qui mont piétinée. Jai appris à me tenir debout, à élever Louis seule. Il est ma lumière.

Théo ? Quil assume ses choix. Sil lui reste un peu de cet amour perdu, il comprendra pourquoi jai laissé son coup à la porte dix ans trop tard.

Peut-être est-ce là sa vraie peine.

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Mon mariage manqué : j’ai donné naissance à un fils, tandis que Marek a épousé celle choisie par sa mère.
– La voisine m’est plus proche que toi – a dit maman avant de raccrocher