Cerise : Un Fruit Rouge aux Saveurs Envoûtantes

Cerise

Marine était ravie daller à la campagne avec son amie Amélie. Surtout quAmélie lui avait parlé de la vieille voisine, tante Simone, qui payait bien pour un coup de main aux champs.
Elle a un verger de cerisiers. Immense ! Tante Simone ne peut plus grimper aux arbres, alors elle paie pour la récolte, expliquait Amélie avec enthousiasme. Mais elle est bizarre. Elle parle toute seule, râle sans arrêt. Les jeunes du coin ont peur delle.
Et si on ny allait pas ? demanda Marine, un peu inquiète.
Mais non, elle est juste à côté de ses pompes, poursuivit Amélie. Moi, je ne discute jamais avec elle. Jentre, je propose mon aide, je grimpe dans un arbre avec mon cageot, je fais mon boulot, je prends mon argent et je men vais. Pourquoi avoir peur ? Elle na même pas de chien.

Les filles arrivèrent tôt le matin. La grand-mère dAmélie les accueillit chaleureusement.
Alors, mes petites, quest-ce que vous faites aujourdhui ?
Dabord chez tante Simone. Ses cerises ploient sous le poids, il faut laider, déclara Amélie. Et en plus, on se fera un peu dargent !
Pff, cette folle ne vaut pas le coup, rétorqua la grand-mère en haussant les épaules.

Marine et Amélie sapprochèrent de la maison de tante Simone. Les branches des cerisiers croulaient sous les fruits rouge sang, luisants sous le soleil. Quel poids pour les arbres !
Tante Simone, bonjour ! Cest Amélie, vous vous souvenez ? Vous auriez besoin daide ? cria Amélie en apercevant la vieille femme derrière la maison.

Tante Simone marmonnait entre ses dents :
Tais-toi donc À quoi bon Je ne técoute pas de toute façon Puis elle sapprocha du portail. Bonjour, les petites. Contenté que vous soyez là ! Vous voyez comme les cerisiers souffrent, il faut les soulager.

Elle leur donna des cageots en plastique et les emmena au verger.

Pendant une heure, les filles cueillirent des cerises en bavardant joyeusement. Marine jetait de temps en temps un regard vers tante Simone, occupée dans le potager. La vieille femme se bouchait parfois les oreilles avec ses mains terreuses et secouait la tête.
Ferme-la, idiote ! entendirent les filles. Tu nes rien ! Tu nas jamais été rien, et tu ne seras jamais rien !

Marine, de plus en plus intriguée, se pencha pour mieux entendre. Elle se tendit, se tendit encore Son pied glissa du tronc, et elle tomba lourdement.

La chute fut douloureuse : elle sérafla le bras assez profondément.
Tante Simone ! cria Amélie. Vous avez une trousse de secours ? Marine est tombée de larbre, il faut nettoyer ça !

Pendant que la vieille femme, affolée, courait chercher de la Bétadine et des compresses, Marine, un peu sonnée, était assise sous le cerisier. Une goutte rouge vif perla de son coude et tomba sur la terre.
Ouah, tu tes bien écorchée, saffairait Amélie. Il faut bien nettoyer pour éviter linfection.

Tante Simone les aida à panser la blessure, et les filles repartirent en promettant de revenir le lendemain. En passant le portail, Marine entendit une voix inconnue :
Je ne te laisserai pas, je resterai là, près de toi ! Toujours. Toujours !

Elle se retourna. Qui avait parlé ? Ce nétait pas Amélie. Et il ny avait quelles et tante Simone. Une hallucination ?
Eh bien, reste ! Ça mest égal, grogna la vieille femme, comme si elle aussi avait entendu.

Le lendemain, les filles reprirent le travail. Mais aujourdhui, Marine percevait sans cesse cette voix étrange. Et elle sadressait à tante Simone, qui répondait.
Tu seras punie. Tout le monde saura, tout le monde !
Qui saura ? À qui tu vas le raconter, stupide ? discutait la vieille femme avec son invisible interlocutrice.
Amélie, tu entends ? Cette voix, elle parle à tante Simone, chuchota Marine.
Quoi, quelle voix ? Tante Simone parle toute seule, répondit Amélie en faisant le geste de se toucher la tempe.

Tu mentends ? réalisa Marine. La voix sadressait maintenant à elle. Parle-moi.
Qui es-tu ? demanda-t-elle en regardant à travers les feuilles.
Marine, arrête de me faire peur, gronda Amélie.

Tu mentends, tu mentends ! répéta la voix.

Marine, son cageot rempli, descendit de larbre. Elle regardait autour delle, paniquée.
Regarde bien ! chuchota la voix tout près de son oreille.

Les larmes brouillaient la vision de Marine. Soudain, elle aperçut une silhouette translucide près delle. Une jeune fille, apparue de nulle part. Ses grands yeux tristes étaient pleins de larmes, son visage et ses mains couverts de terre.
Tu me vois, murmura-t-elle avec un faible sourire.

Marine se couvrit la bouche. Le jus des cerises maculait ses joues.
Elle me voit ! Elle me voit ! hurla la jeune fille, son visage devenant méchant. Elle voit et elle entend !

Tante Simone accourut au bruit. Elle fixa Marine, terrifiée, sans oser parler.
Elle va savoir, maintenant tout le monde saura ! criait Marine en tournant autour de la vieille femme.
Taisez-vous ! Et vous, descendez et partez, aboya tante Simone. Et que je ne vous revoie plus !

Elle les chassa comme des mouches.

Reviens, reviens ! suppliait la silhouette fantomatique sous le cerisier. Je te dirai tout.

Les amies, déconcertées, restaient plantées devant le portail. Tante Simone fulminait, criait, gesticulait. Amélie croyait quelle tempêtait contre le cerisier silencieux. Mais Marine y voyait une jeune fille en larmes, le visage caché dans ses mains.
Amélie, il faut que je te dise quelque chose. Tu vas sûrement penser que je deviens folle

Marine raconta tout ce quelle avait vu et entendu. Amélie la dévisagea, bouche bée.
Tu as dû te cogner la tête en tombant. Rentrons, tu as besoin de te reposer.

Marine passa la journée au lit. Elle sentait quelle seule pouvait aider cette malheureuse. Personne dautre quelle et tante Simone ne lentendait. Mais la vieille femme ne ferait évidemment rien. Que sétait-il passé ? Pourquoi les avait-elle chassées quand elle avait compris que Marine entendait la voix ?

Une fois tout le monde endormi, Marine sortit discrètement. Ses pieds la portèrent deux-mêmes vers la maison de tante Simone.
Marine ! Quest-ce que tu fabriques ? Amélie sétait réveillée et la suivait.
Laisse-moi, Amélie. Je dois comprendre. Si tu ne me crois pas, rentre. Ou du moins, tais-toi !

Elles arrivèrent en silence.
Hé, je suis là ! chuchota Marine. Quest-ce que tu voulais me dire ?

La lune éclairait le jardin. Les cerises luisaient parmi les feuilles comme des étoiles.

Marine scruta lombre. Sous le cerisier où elle était tombée se tenait la jeune fille.

Elles poussèrent le portail branlant et entrèrent.
Tu es là. Tu vas tout savoir, murmura la fantôme en posant sa main sur le front de Marine.

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Cerise : Un Fruit Rouge aux Saveurs Envoûtantes
– Tu n’as jamais été mon amie – me dit ma voisine en déchirant la lettre