L’Appel qui a Transformé une Vie

**Lappel qui a tout changé**

Élodie était plantée devant la fenêtre, scrutant les contours sombres de la cour. *« Encore les ampoules qui ne marchent pas. Il est déjà 22 heures, et toujours pas de Mathilde. Si seulement elle savait comme je minquiète. Elle na que quatorze ans. Pourtant, elle manipule son père comme une adulte, et lui, il gobe tout ce que sa petite Mathi lui raconte, lui donnant de largent à la moindre demande. »*

Le portail claqua, et des pas familiers résonnèrent sous la voûte. *« Mathilde »*, songea Élodie en sécartant vivement de la fenêtre pas question que sa fille la surprenne à lépier, sinon ce serait les cris assurés.

Maman, je suis là ! lança Mathilde depuis lentrée.

Il reste à manger ?

On ne dit pas bonjour, peut-être ? tenta Élodie, voulant lembrasser sur la joue, mais sa fille lesquiva, filant droit vers sa chambre en criant :

Jai faim ! Et je nai pas le temps !

Mais où est-ce que tu comptes aller à cette heure ? Il est presque minuit, sénerva Élodie, pressentant une nouvelle dispute.

Ah, voilà le disque rayé, grogna la jeune fille, assez fort pour être entendue. Jai presque quinze ans, je suis grande !

Elle commença à vider son armoire à la recherche dune robe, jetant les vêtements par terre. Élodie la regardait, désemparée. *« Comment lui parler ? Comment larrêter ? »* se demandait-elle, paniquée.

Quest-ce que tu fais, tes devenue un poteau ? cria Mathilde. Je sors avec les filles en boîte !

Cest Halloween, tout le monde fête ça, et moi je serais nulle ou quoi ?!

Elle dégota enfin la robe quelle cherchait : courte, dos nu, avec des volants rouges.

Mathilde, doù tu sors cette robe ? Cest vulgaire. Tu sais qui porte ce genre de trucs ?

Jen ai rien à faire ! Je lai achetée en solde pour Halloween. Papa ma filé des sous.

Elle sortit une paire descarpins rouges à talons aiguilles.

Tas vu ça ? Trop classe ! Elle enfila le tout et se dandina devant sa mère. Lucas va devenir fou en me voyant.

Mathilde, tu ne sors pas, dit Élodie dune voix calme.

Quoi ?! fit sa fille en pivotant brusquement.

Oui, cest moi qui décide ! Et comment oses-tu me parler comme ça ? Regarde-toi ! Tu es une ratée ! Ton père ta laissée tomber, et personne ne veut de toi depuis !

Une ratée ! répéta Mathilde, savourant le mot comme une insulte.

Élodie, comme un ressort, lui asséna une gifle sonore avant de quitter la pièce en claquant la porte, laissant derrière elle les hurlements de sa fille.

Salope ! Je te déteste ! Tu vas voir ! hurlait Mathilde, comme un porcelet blessé.

Élodie entra dans la salle de bains, ouvrit le robinet deau froide. Après sêtre aspergé le visage, elle se regarda dans le miroir et eut un rictus amer : *« Une ratée. Pourtant, jai réussi ma vie. Un boulot que jaime, un appartement douillet, et même physiquement, je men sors. Sauf avec Mathilde. Depuis ses douze ans, cest comme si on lavait remplacée. Elle me répond, elle a déjà essayé de fumer. Tout ce que je dis, elle le prend mal. Je suis allée voir le curé, il dit que cest de lorgueil. Je suis daccord. Mais que faire ? Jai consulté une psy, elle ma donné des conseils inutiles. »*

*« Nos relations empirent chaque jour. Comme si je nétais plus sa mère, mais son ennemie. Si seulement elle savait comme je laime, comme mon cœur saigne pour elle. Et voilà, je lai frappée. Maintenant, je ne sais plus quoi faire. Surtout, ne pas pleurer. »*

Elle ouvrit la porte et tendit loreille : sa fille parlait avec excitation au téléphone. *« Lucas sera là Je lui ai promis dêtre là »*

*« Lucas Je me souviens de lui en CP, une vraie têtard, petit avec des grands yeux. Maintenant, cest un prince. Pas étonnant que toutes les filles en soient folles. Et il traîne avec ma Mathilde. Évidemment quelle lui plaît. Dailleurs, à qui ne plairait-elle pas ? Elle est magnifique. »*

Élodie soupira, verrouilla la porte dentrée et cacha les clés. *« Pas question quelle sorte cette nuit. Lucas survivra. Et cette fête dHalloween, cest un truc de sorcières, à ce quon dit. »*

Elle voulut regagner discrètement sa chambre, mais Mathilde, entendant ses pas, bondit dans le couloir.

Je ne te pardonnerai jamais ça ! Je vais te traîner en justice ! hurla-t-elle, le visage tordu par la haine. Je sauterai par la fenêtre, mais je sors ce soir ! Tu ne comprends rien à lamour ! Il mattend ! Je lui ai promis !

Si Lucas taime vraiment, il attendra, répondit Élodie avec tendresse. *« Ma pauvre petite, comment taider ? »*

Quest-ce que tu me regardes comme ça, vieille bique ? cria Mathilde. Je vais appeler papa, il viendra lui-même me conduire en boîte !

Appelle, répliqua Élodie. Mais tu ne sortiras pas ce soir. Jai fermé la porte.

Ah, cest comme ça. Mathilde se calma soudain. Bon, tu lauras voulu.

Élodie entendit sa fille retirer bruyamment ses chaussures, puis reprendre une conversation téléphonique. Parfois, un rire sinistre lui parvenait.

*« Pas besoin de sortir. Halloween est venu à nous. »* Elle essuya une larme, avala un somnifère. *« Peut-être que demain ira mieux »*, espéra-t-elle en fermant les yeux.

***

Le réveil sonna. Secouant les restes de sommeil, Élodie se lava et prépara le petit-déjeuner. Les disputes interminables nétaient pas dans sa nature. Et Mathilde oubliait vite. Dhabitude, les cris du soir séteignaient autour du café du matin.

Mais cette fois, rien ny fit. Sa fille passa devant la table sans un regard, shabilla rapidement, et prit bizarrement son acte de naissance.

Toute la journée, Élodie chassa les pensées de leur dispute. Mais en sortant du bureau, elle ne put sempêcher de ruminer : *« Comment va ma Mathilde ? Ma-t-elle pardonné ? Que lui dire en rentrant ? Mexcuser pour la gifle ? Ou pas ? Si seulement elle savait combien ses insultes me font mal. Mon cœur me lance. Mon dernier électro nétait pas terrible. Je rentre, on boira un thé avec des madeleines, on fera la paix, et tout ira bien. Il faut juste tenir. »*

Elle acheta les éclairs préférés de sa fille en pâtisserie.

Ma chérie ! Jai pris tes éclairs ! Faisons la paix ! lança Élodie en entrant.

Silence.

*« Bizarre »*, pensa-t-elle en entrant dans la cuisine. Mathilde nétait pas là.

Les tartines du matin étaient intactes.

*« Mieux vaut un mauvais compromis quune bonne dispute »*, songea-t-elle en sortant son téléphone.

Elle composait le numéro de Mathilde quand lappareil sonna

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