**Élodie et la porte ouverte**
Il fait sombre et effrayant dehors La douleur au cœur. Pourquoi lui arrive-t-il tout cela ? Élodie sétait blottie timidement à lombre dun arbre dans la cour. Le vent glacé traversait son pelage, et ses larmes se transformaient en petits glaçons sous le gel automnal. Elle serrait ses pattes froides contre son ventre et se souvenait
Comme cétait doux près du flanc chaud de sa mère, nichée parmi ses frères et sœurs. Sa mère les léchait tour à tour en ronronnant une berceuse tendre. Quelle sécurité dans ce cocon Puis, ses pattes devinrent assez fortes pour séchapper vers lespace lumineux de lappartement.
Un à un, ses frères et sœurs furent adoptés, et vint le tour dÉlodie. Un homme et une femme lui murmuraient des mots doux, la câlinaient, lembrassaient. Mais Élodie naimait pas ça. Elle voulait courir ! On lemmena dans une nouvelle maison. Et elle courut, explorant chaque pièce, chaque recoin.
Tout le monde jouait avec la petite chatte. Elle avait tant de jouets fascinants ! Des souris, des balles, des plumeaux. Et le plus amusant : chasser le point rouge du laser, qui lui échappait toujours.
Mais Élodie devint une dame digne, délaissant les jeux. Sauf quand elle entendait le cliquetis de la clé du laseralors, elle courait aussitôt. Le soir, elle « aidait » sa maîtresse à cuisiner. Le matin, elle accompagnait son maître jusquà la porte. Élodie était heureuse !
Puis, tout sarrêta Les valises et les sacs sempilèrent. Élodie sautait dessus, amusée. Mais ses maîtres évitaient son regard. Une femme aux lèvres pincées arriva pour « surveiller » lappartement en leur absence.
Élodie resta des heures devant la porte, guettant des pas qui ne venaient pas. Lappartement devint sinistre. On oubliait souvent de la nourrir. Elle attendait, timide, près de sa gamelle vide. La femme ne la touchait plus, dégoûtée, même si Élodie se léchait méticuleusement.
Un jour, découvrant un poil sur ses bottes en daim, la femme hurla, brandissant une serviette. Élodie, terrifiée, se colla au mur. Personne ne lui avait jamais crié dessus. Et ses maîtres ne revenaient pas
Alors, voyant la porte entrouverte, elle partit. Un dernier regard en arrière, puis elle descendit lescalier. Loin de chez elle, seule dans le froid, sans abri. Des chiens rôdaient. Un instant, elle regretta son départ
Mais elle ne pouvait plus supporter cette femme aux lèvres serrées. Peut-être avait-elle laissé la porte ouverte exprès ?
Pendant ce temps, la femme jetait les jouets dÉlodie dans un sac noir. Elle vida même les croquettes restantes, y ajoutant la gamelle.
Élodie erra, évitant les dangers. Elle trouva refuge près dune boulangerie, où les gardiens la laissaient tranquille. Propre et timide, elle attirait la sympathie, mais refusait tout contact. Elle ne mangeait presque rien.
Un jour, tentant de lattraper pour la nourrir, les ouvriers leffrayèrent avec une épuisette. Elle senfuit, errant à nouveau, jusquà ce que ses pattes la ramènent chez elle. La porte dentrée était ouverte.
Elle monta lentement. Devant la porte close de lappartement, elle hésita. Pourquoi était-elle revenue ?
À lintérieur, une dispute éclatait. Les maîtres, de retour, ne trouvaient pas Élodie. La femme aux lèvres pincées haussait les épaules : « Elle sest enfuie, je ne pouvais pas la surveiller en permanence ! »
« Où sont ses affaires ? » tonna la maîtresse.
De lappartement den face, une voisine sortit. « Élodie ! Mais tu es toute maigre ! Attends, je vais les prévenir. »
La porte souvrit en grand. La femme hargneuse en sortit, criant : « Je ne remettrai plus les pieds ici ! »
Et sur le seuil apparut la maîtresse Élodie, émettant un cri rauque, se jeta contre ses jambes, griffant son pantalon pour grimper.
« Tu es revenue » murmura la maîtresse, les larmes aux yeux.
Élodie se frotta si fort que ses poils couvrirent les vêtements propres. Enfin rassasiéepour la première fois depuis six jourselle sendormit entre ses maîtres.
Cette nuit-là, Élodie comprit quelle avait eu tort Elle était de nouveau heureuse.
**Leçon** : Parfois, lespoir se cache derrière une porte quon croyait fermée pour toujours.







