Fermement décidée : elle sera heureuse quoi qu’il arrive

**Décidée à être heureuse, quoi quil arrive**

En quatrième année de fac, Amélie tomba amoureuse. Et pas dun garçon ordinaire, non : dun vrai canon, celui que toutes les filles de sa promo trouvaient génial. Parce que Théo venait dune famille aisée.

Amélie était jolie, intelligente, mais avec Théo, cétait deux mondes différents. Ses parents à elle étaient ouvriers. Elle savait bien quils nétaient pas du même milieu, mais lamour, ça ne se commande pas.

Amélie, tu perds ton temps avec ce Théo, lui disaient ses colocataires de la résidence universitaire. Il se prend pour un prince, il méprise à moitié certaines filles. Et ses potes, cest que des fils de comme lui.

Et alors ? Moi aussi, je connais ma valeur, répondait Amélie. Je ne suis pas moche, jai de bonnes notes, et je peux parler de tout sans passer pour une idiote.

Bon, bon on espère juste que tu ne pleureras pas après. Ses parents doivent être du genre à regarder les gens de haut, insistaient ses amies.

Oh, arrêtez de me faire peur ! avoua Amélie, un peu paniquée. Cest vrai que ses parents, surtout sa mère, ça me terrifie

Au début, elle nimaginait même pas que Théo puisse laimer en retour. Mais contre toute attente, ce fut lui qui fit le premier pas en linvitant au cinéma.

Ils sortirent ensemble presque toute lannée. Et juste avant les vacances, Théo lui annonça :

Amélie, samedi, on va chez mes parents. Ma mère narrête pas de me harceler : « Qui est-elle ? Doù vient-elle ? »

Oh là là, Théo, cest trop soudain ! Je ne me sens pas prête

Mais de quoi as-tu peur ? Mes parents sont normaux. Enfin, mon père est plutôt silencieux, mais ma mère ah, ma mère, cest un numéro. Elle adore poser des questions. Mais ne tinquiète pas, ajouta-t-il en souriant.

Amélie était sûre quils se marieraient. Restait à impressionner ses parents. Invitée officiellement à un dîner familial, elle était morte de trac. Pour éviter les faux pas, elle passa deux jours à étudier létiquette et les bonnes manières à table.

Le jour J arriva. Théo vint la chercher, et ils entrèrent dans lappartement familial. Amélie tremblait à lidée de rencontrer sa future belle-mère.

Bonjour, murmura-t-elle en franchissant le seuil.

Devant elle, une femme élégante lui sourit.

Bonjour, Amélie. Je suis Élodie. Théo, allez, emmène-la au salon

À table, le père de Théo, Gérard, les observait dun air sérieux. Il se leva à moitié et hocha la tête sans un mot.

Amélie se tenait droite, les coudes bien en retrait, maniant couteau et fourchette avec grâce. Elle mangeait peu, sachant quon pouvait lui poser une question à tout moment.

Mais voilà, quand on est tendue, lincident finit par arriver : la fourchette glissa de ses doigts. Elle tomba sur le tapis épais sans faire de bruit. Amélie rentra la tête dans les épaules et jeta un regard inquiet vers Élodie, tandis que Théo éclatait de rire.

Désolée

Théo, tu ne sais pas toccuper dune jeune fille, gronda Élodie. Quest-ce quil y a de drôle ? Va lui chercher une autre fourchette.

Daccord, maman, fit-il en ramassant lustensile avant de disparaître vers la cuisine.

Amélie, tu es trop crispée, détends-toi, on est en famille, pas à une réception diplomatique, dit Élodie avec un sourire apaisant. Mange, sinon je vais croire que tu naimes pas ma cuisine.

Oh, Élodie, mais non ! Tout est délicieux. Mais Théo mavait dit que vous aviez une femme de ménage, Brigitte.

Oui, cest vrai, soupira Élodie. Mais aujourdhui, jai tout préparé moi-même.

Pourquoi ?

Comment, pourquoi ? sexclama-t-elle en levant les mains. Je voulais faire bonne impression sur ma future belle-fille !

Amélie crut à une blague.

Ah, donc aujourdhui, cest moi qui ne suis pas la seule à être en représentation !

Exactement, rit Élodie. Mais je te le dis, Amélie, notre fils ne nous a pas déçus. Nest-ce pas, Gérard ?

Bien sûr, ma chérie, répondit-il en hochant à nouveau la tête.

Le dîner se passa à merveille. Amélie se détendit et bavarda librement avec Élodie. Deux semaines plus tard, elle et Théo déposaient une demande de mariage à la mairie. Deux mois après, ils sépousaient.

Théo, où allons-nous vivre ? demanda Amélie.

Je ne sais pas encore, mais mes parents chuchotent quelque chose

La réponse vint le jour même : en cadeau de mariage, ses parents leur offrirent les clés dun studio, deux étages en dessous du leur.

Amélie était aux anges. Ses proches, venus pour le mariage, partageaient sa joie. Sa mère lui glissa :

Tu vois, le bonheur existe. Tu as de la chance, ma fille. Tu as un toit à toi.

Amélie voulait finir ses études en même temps que son mari. Elle était convaincue que lavenir serait radieux. Mais en cinquième année, elle découvrit quelle était enceinte. Elle eut peur, mais voulait absolument obtenir son diplôme à temps.

Ravie, elle annonça la nouvelle à Théo.

Théo, je suis si heureuse ! On va avoir un bébé. Jespère juste pouvoir finir mes études

Il la regarda bizarrement, puis sénerva.

Un bébé ? Cest trop tôt ! On est étudiants, on vit encore chez mes parents. Et moi, je pensais quon aurait au moins trois ans pour nous.

Amélie resta sidérée, les larmes aux yeux.

Bref, conclut Théo sèchement, je ne veux pas de ce bébé. On na pas besoin de gâcher notre jeunesse avec des couches et des biberons.

Tu veux que je ? sanglota-t-elle. Jamais ! Et elle sortit en courant, cherchant à se calmer.

En bas, elle tomba sur Élodie.

Amélie, bonjour ! Mais quest-ce qui se passe ? Viens, montons.

Une fois installée dans le salon, Élodie insista :

Allez, parle. Je vois bien que quelque chose ne va pas.

Amélie éclata à nouveau en sanglots. Brigitte lui apporta un verre deau. Une fois calmée, elle expliqua, désespérée :

Élodie, il veut que je à cause du diplôme, de largent Mais je ne veux pas !

Calme-toi, tu as raison. Et arrête de pleurer, ce nest pas bon pour toi. Un mari récalcitrant, ce nest pas une fatalité. Je vais men occuper. Tu en es à combien de semaines ?

Huit.

Tu auras ton diplôme à temps, voilà une chose de réglée. Va manger un peu, Brigitte va te préparer une tisane. Moi, je vais parler à mon fils.

Amélie ne sut jamais ce quÉlodie lui dit, mais peu après, Théo vint la chercher, embarrassé.

Daccord, Amélie, jai eu tort.

Merci, murmura-t-elle, non pas à lui, mais à Élodie, qui lui sourit.

Ils se réconcilièrent. Tout

Оцените статью
Fermement décidée : elle sera heureuse quoi qu’il arrive
Ma Petite-Fille Adorée