Retour d’une fête d’anniversaire – une soirée inoubliable.

Alors, écoute, je te raconte ce qui sest passé hier soir après le souper danniversaire. Élise et son mari Claude rentraient dun restaurant élégant du Marais, où ils fêtaient les vingtetun ans de Claude. Cétait une soirée réussie : plein dinvités, la famille, les collègues. Beaucoup de visages quÉlise navait jamais vus, mais comme Claude les avait invités, il fallait bien que ce soit pour une bonne raison.

Élise nest pas du genre à contester les décisions de son mari, elle préfère éviter les disputes. Cest plus simple daccepter que de prouver quon a raison.

Élise, tu as les clés quelque part? Tu peux les sortir?
Elle fouilla dans son sac à main, cherchant les clefs. Soudain, un petit coup de douleur lui fit lâcher le sac sur le sol.
Questce qui tarrive?
Je me suis pincée avec
Ton sac ressemble à un sac à dos de randonnée, on peut sy perdre, alors pas étonnant.

Sans broncher, Élise ramassa le sac, sortit délicatement les clefs, et elles entrèrent dans lappartement. La petite piqûre était déjà oubliée. Ses jambes étaient lourdes, elle ne pensait quà la douche et au lit. Au petit matin, elle se réveilla avec le poignet qui brûlait, le doigt rouge et gonflé. En se rappelant la soirée dhier, elle ouvrit le sac pour y chercher la cause. Au fond, elle découvrit une grosse aiguille rouillée.

Cest quoi ce truc?
Impossible de comprendre comment ça avait atterri là. Elle jeta laiguille à la poubelle, alla chercher une trousse de secours, désinfecta la blessure, puis partit au travail. Vers midi, la fièvre monta.

Elle appela Claude :
Claude, je sais plus quoi faire, je crois que jai attrapé quelque chose de méchant hier. Jai de la fièvre, mal à la tête, tout le corps me fait mal. Imagine, jai trouvé une grosse aiguille rouillée dans mon sac, cest avec ça que je me suis piquée.
Claude répondit :
Tu devrais aller chez le médecin, ça pourrait être un tétanos ou une infection.
Ne dramatise pas. Jai tout désinfecté, ça ira.

Mais chaque heure qui passait, Élise se sentait pire. À peine arrivée à la fin de sa journée, elle prit un taxi pour rentrer, le métro étant trop épuisant. En arrivant, elle seffondra sur le canapé et sendormit.

Dans son rêve, sa grandmère Madeleine, décédée quand elle était petite, lui apparut. Elle ne savait pas comment elle avait reconnu Madeleine, mais elle en était sûre. La vieille dame, toute voûtée, aurait pu faire peur, mais elle ressentait quelle voulait aider.

Madeleine la guida à travers un champ, lui montra quelles herbes cueillir, insista pour quelle prépare une infusion et la boive afin de purifier le corps. Elle lavertit quune personne voulait lui nuire, et quil fallait survivre pour la combattre. Le temps pressait.

Élise se réveilla en sueur. Elle crut avoir dormi longtemps, mais en regardant sa montre, seules quelques minutes sétaient écoulées. Un claquement retentit à la porte dentrée : Claude était revenu. Elle se leva du canapé, alla au vestibule. En la voyant, il retint son souffle :
Questce qui tarrive? Regardetoi dans le miroir.

Devant le miroir, la femme quelle était hier beau sourire, cheveux soignés avait disparu. Ses cheveux étaient en touffes, des cernes sous les yeux, le visage pâle, le regard vide.
Questce qui se passe?

Elle se souvint du rêve et dit :
Jai vu grandmère, elle ma dit quoi faire
Habilletoi, on va à lhôpital.
Non, jy vais pas, elle a dit que les médecins ne pourront rien pour moi.

Une grosse dispute éclata. Claude la traita de folle, de rêverie sous la fièvre. Pour la première fois, ils sengagèrent dans une vraie bagarre. Claude voulut la forcer à lhôpital, la saisit par le poignet, tenta de la pousser hors de lappartement.

Si tu ne viens pas de ton plein gré, je te forcerai.

Élise se déboula, perdit léquilibre et se cognait contre le coin dune armoire. Claude, furieux, attrapa son sac, claqua la porte et partit. Elle narriva quà envoyer un mail à son chef, disant quelle était malade et devait rester chez elle quelques jours.

Claude revint tard, après minuit, sexcusant. Élise, fatiguée, lui dit simplement :
Conduismoi demain au village où vivait ma grandmère.

Le matin suivant, elle ressemblait plus à un cadavre vivant quà quelquun en forme. Claude la supplia :
Ne sois pas têtue, allons à lhôpital, je ne veux pas te perdre.

Ils partirent donc pour le petit village. Élise nen se rappelait que le nom ; les parents avaient vendu la maison de Madeleine après son décès. Tout le trajet, elle dormit. En approchant du village, elle séveilla et lança à Claude :
Cest ici.

Elle sortit de la voiture, seffondra sur lherbe, sûre dêtre à lendroit indiqué par son rêve. Elle cueillit les herbes, rentra chez eux. Claude prépara linfusion selon ses instructions. Elle la but à petites gorgées, et à chaque souffle, elle se sentait un peu mieux.

En allant aux toilettes, elle vit que son urine était noire. Au lieu de paniquer, elle se rappela les mots de Madeleine :
Les ténèbres sortent

Cette nuit, la grandmère réapparut en rêve, souriante, puis parla :
Laiguille rouillée a jeté un sort sur toi. Mon breuvage te rendra la force, mais seulement un instant. Trouve celui qui la fait et rendslui son mal. Je ne sais pas qui cest, mais ça implique ton mari. Si tu navais pas jeté laiguille, jaurais pu en dire plus.

Elle donna un rituel : achète un paquet daiguilles, sur la plus grosse prononce : «Esprits de la nuit, entendezmoi! Aidezmoi à découvrir la vérité. Trouvez mon ennemi». Place cette aiguille dans le sac de ton mari. La personne qui a lancé le sort se piquera avec. Alors nous saurons son nom et pourrons lui rendre son mal.

Madeleine disparut comme dans la brume.

Élise se réveilla toujours mal en point, mais convaincue quelle guérirait grâce à laide de sa grandmère. Claude décida de rester à la maison pour soccuper delle. Il fut surpris que Élise veuille sortir seule au magasin.

Élise, ne plaisante pas, tu tiens à peine sur tes pieds. Jy vais avec toi.
Claude, prépare une soupe, jai un gros appétit après cette maladie.

Elle suivit les consignes de Madeleine. Le soir, laiguille ensorcelée était déjà dans le sac de Claude. Avant de se coucher, il lui demanda :
Tu es sûre de pouvoir te débrouiller toute seule? Peutêtre que je devrais rester à tes côtés.
Je men sortirai.

Elle se sentait mieux, mais le mal restait. Linfusion du troisième jour agissait comme un antidote, affaiblissant la présence malfaisante. Elle attendait impatiemment le retour de Claude du travail. À son entrée, elle le salua :
Comment sest passé ta journée?
Tout va bien, pourquoi?

Elle pensait que tout était perdu, mais Claude ajouta :
Imagine, aujourdhui Iwona, de la compta du service voisin, a voulu maider à chercher mes clés de bureau. Elle a mis la main dans mon sac et sest piquée avec une aiguille. Doù vient laiguille dans mon sac? Elle ma regardé furieuse, comme si elle allait me tuer du regard.
Et cette Iwona dans tout ça?
Élise, tu es la seule qui compte pour moi. Je ne taime que toi.
Elle était à ton anniversaire au restaurant?
Oui, cest une bonne amie, rien de plus.

Élise comprit enfin comment laiguille était arrivée dans son sac. Claude alla à la cuisine, où le dîner lattendait. Cette nuit-là, Madeleine montra à Élise comment rendre le mal à Iwona. Elle expliqua que tout était clair: Iwona voulait éliminer la rivale pour prendre la place dÉlise auprès de Claude. Si elle ny était pas parvenue, elle recourrait à nouveau à la magie, une femme qui ne reculerait devant rien.

Élise fit tout ce que Madeleine avait indiqué. Bientôt, Claude annonça quIwona était en arrêt maladie, que son état était très grave et que les médecins ne pouvaient rien.

Élise demanda à son mari de la conduire à la campagne, au cimetière où elle nétait jamais allée depuis lenterrement de Madeleine. Elle acheta un bouquet, mit des gants pour nettoyer la tombe dherbe ancienne. Elle trouva finalement la sépulture de Madeleine Irena. En sapprochant, elle vit la photo sur la pierre: cétait bien sa grandmère, celle qui venait la sauver dans les rêves. Elle arrangea la tombe, posa les fleurs dans une bouteille deau, sassit sur le banc et dit :

Grandmère, pardonnemoi de ne pas être venue plus tôt. Je pensais que les visites annuelles suffisaient, je me trompais. Dorénavant je viendrai plus souvent. Sans toi, je ne serais peutêtre plus là.

Elle sentit comme une main se poser sur ses épaules. Elle se retourna, mais il ny avait que le souffle léger du vent

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