L’Illusion de la Tromperie : Entre Magie et Mystère

**L’Illusion Trompeuse**

Depuis toujours, Aurélie ne vivait que pour la musique. À la conservatoire où elle enseignait, rien dautre ne comptait. Sa vie, depuis lenfance, se résumait à cela : sa mère et le piano. À vingt-huit ans, elle nétait pas mariée ; une brève idylle avec un collègue musicien avait échoué, tant il est difficile de concilier deux tempéraments artistiques, chacun enfermé dans son univers.

Depuis trois mois, cependant, elle fréquentait Théo, un avocat rencontré par hasard dans un café près du conservatoire. Ce jour-là, elle traînait, incapable de rentrer chez elle. Le silence de lappartement lui pesait depuis la mort de sa mère.

« Mademoiselle, pourquoi cet air si triste ? » avait-il demandé en sapprochant, son café à la main. « Je mappelle Théo. Et vous ? »

Elle avait relevé les yeux, esquissant un faible sourire. « Aurélie. »

Ils sétaient revus souvent depuis. Théo passait désormais ses soirées chez elle et lui avait même demandé sa main. Mais elle hésitait encore.

« Je ne peux pas te répondre maintenant, Théo Maman vient à peine de nous quitter. »

Sa mère lavait élevée seule. Jamais elle navait connu son père, ni son nom, ni son visage. Elle nen avait jamais parlé à sa mère, devinant que le sujet lui était douloureux. Et maintenant, elle était seule. Parfois, lidée lui venait : et si elle le cherchait, ce père inconnu ?

« Je ne sais même pas par où commencer, avouait-elle à Théo. Et sil ne veut pas me connaître ? »

Aurélie navait jamais eu à soccuper des affaires du quotidien. Sa mère gérait tout, tandis quelle se consacrait à la musique. « Aurélie, tu devrais tintéresser un peu à ces choses, lui disait sa mère. Quand je ne serai plus là, comment feras-tu ? Tu es trop rêveuse pour ce monde. »

Mais la vie est cruelle. Sa mère tomba malade et séteignit en quelques semaines. Les médecins navaient rien pu faire. « Elle ne se plaignait jamais, sanglotait Aurélie. Peut-être voulait-elle vous épargner, répondit le médecin. Mais une maladie laisse toujours des traces. »

Théo, lui, était un jeune homme ambitieux. La première fois quil entra chez Aurélie, il fut frappé par les toiles anciennes accrochées aux murs. Des œuvres de valeur, bien quelle ny prêtât aucune attention. Lui, en revanche, savait les estimer.

Le soir, elle jouait du piano, préparant un récital, tandis quil feignait découter, songeant déjà à lhéritage. Il fouillait les tiroirs, lisait les lettres de la mère défunte. Elle navait quune tante, Élodie, qui habitait en Provence. Il fallait se hâter dépouser Aurélie avant quelle ne découvre la vérité.

Mais elle résistait. Quelque chose en lui la mettait mal à laise. Pourtant, il insistait, sûr de son plan. Un jour, il annonça :

« Nous avons des invités ce soir. Allons acheter du champagne. Qui vient ? demanda-t-elle, surprise. Jai retrouvé ton père. Mon père ? Ici, à Paris ? Je le croyais à lautre bout du monde. Non, il vit ici. »

Peu après leur retour, la sonnette retentit. Théo ouvrit, et Aurélie vit un homme grand, aux cheveux sombres.

« Ma fille », murmura-t-il en létreignant. « Je mappelle Romain. »

Son deuxième prénom était bien Romaine. Les explications suivirent. « Ta mère et moi avons rompu avant quelle ne sache quelle était enceinte. »

Théo saisit loccasion : « Romain, puis-je demander la main dAurélie ? »

Stupéfaite, elle neut pas le temps de réagir. Son père sourit. « Si tu laimes, tu as ma bénédiction. »

Romain devint un habitué de la maison. Pourtant, il éludait les questions sur son passé avec la mère dAurélie. « Nous navons pas été longtemps ensemble. »

Elle envoya une invitation à sa tante Élodie pour le mariage. Celle-ci arriva bien avant, décidée à aider sa nièce. Un soir, à la porte, Aurélie les accueillit avec joie.

« Nous avons pris le train, expliqua Élodie. Cétait long ! »

Théo séclipsa discrètement pour les laisser parler. Aurélie confia : « Théo a retrouvé mon père. Comment sappelle-t-il ? Romain mon deuxième prénom est Romaine. »

Élodie échangea un regard avec son mari. « Ma pauvre enfant »

« Quy a-t-il ? »

« Ton père ne sappelle pas Romain, mais Julien. Julien Lefèvre. Dans les papiers, la case «père» est vide. Ta mère a inventé ce prénom Elle ne voulait pas que tu saches. Ton vrai père est Julien Lefèvre, le directeur du conservatoire où tu as étudié. »

Aurélie pâlit. « Julien Lefèvre ? Mais cétait mon professeur ! Alors qui est Romain ? »

« Cest ce que nous demanderons à Théo. Pourquoi ce mensonge ? Tu nas pas encore réglé la succession, nest-ce pas ? Non, il faut voir le notaire Aurélie, ouvre les yeux ! Ces tableaux valent une fortune. Nos parents étaient riches. Ta mère avait un compte bien garni. Et nous, sans enfants, te laisserons tout. »

Le soir même, Théo trouva ses affaires empilées dans lentrée. Devant Élodie et son mari, il nosa pas protester. Romain disparut sans laisser de trace.

« Je me sens libérée, murmura Aurélie. Quelque chose nallait pas avec lui. »

Le lendemain, en rentrant du conservatoire, Élodie lui annonça : « Nous avons un invité ce soir. Encore ? Tu verras. »

À la sonnerie, Élodie ouvrit et revint avec Julien Lefèvre. Stupéfaite, Aurélie le regarda savancer.

« Mon Dieu, comme tu me ressembles, dit-il, ému. Pardonne-moi Je ne savais pas. »

Ils parlèrent longtemps. Elle apprit quelle avait un demi-frère, militaire, quelle rencontra plus tard.

« Toi seule as hérité de ma passion, dit Julien. Je suis fier de toi. »

Un an plus tard, Aurélie épousa Gabriel, un économiste rencontré grâce à Julien. Élodie et son mari, ravis, trouvèrent en lui un homme sérieux.

Et la musique, toujours, continua de remplir sa vie.

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