Je veux simplement ce qui est juste et équitable

**Journal de Mathieu 15 juin**

Une belle voiture sarrêta devant une charmante boutique de fleurs, récemment ouverte dans le quartier et déjà très prisée. Les compositions uniques de cette fleuriste attiraient même des clients des villes voisines.

Sil vous plaît, choisissez le plus beau bouquet, le plus grand. Je viens davoir un fils ! annonça un jeune homme rayonnant à la jolie vendeuse.

En route vers la maternité, Mathieu imaginait le moment où il tiendrait son enfant pour la première fois, déterminé à être un vrai père pour lui. Ses souvenirs de son propre père étaient lourds à porter. Le seul éclair de lumière dans son enfance ? Ce grand homme robuste qui le soulevait dans les airs, mêlant peur et émerveillement. Mais bientôt, Alain Dupont abandonna sa famille, laissant sa femme et leur fils de dix ans sans toit.

Tout commença quand une amie de sa mère, Véronique, infirmière à lhôpital, commença à fréquenter leur maison. Elle apportait souvent de lalcool médical, malgré les protestations timides de la mère de Mathieu.

Allons, ce nest rien ! Cest pour lappétit, disait Véronique, lair convaincant. Tu as un mari formidable, il faut le choyer, lapprécier

Un jour, elle invita la petite famille à son anniversaire. Toute la soirée, elle tourna autour dAlain, le servant avec insistance. Puis un soir, en rentrant du foot, Mathieu entendit leurs voix dans la cuisine.

Je pars. Et oui, jaime Véronique. Entre nous, cest fini depuis longtemps. Elle, au moins, me respecte.

Ce nest pas toi quelle respecte, idiot, cest ton argent.

Je savais que tu dirais ça. Toujours les drames. Dailleurs, il faudra vendre lappartement et partager largent.

Quoi ? Tes parents nous lont offert pour notre mariage !

*Notre* mariage, donc cest à moi aussi.

Et ton fils ? Où va-t-il vivre, manger, dormir ?

Et moi, je vais vivre comment dans un deux-pièces avec Véronique et ses filles ? Je veux juste que ce soit équitable

Deux ans plus tard, Mathieu et sa mère emménagèrent chez ses grands-parents, puis achetèrent un petit appartement à crédit. Quand Mathieu termina ses études et se maria, sa mère lui offrit le logement.

« Je serai là pour mon fils. Jamais je ne trahirai ni lui ni Élodie », songea-t-il en rentrant de la maternité. Ces jours-ci, il devait acheter tout le nécessaire pour le bébé et préparer la chambre. Par superstition, ils avaient attendu la naissance.

Près de chez lui, Mathieu aperçut un homme chauve. Quelque chose en lui lui sembla vaguement familier.

Mathieu, bonjour, mon fils ! Tu ne me reconnais pas ?

Père ?

Lui-même ! Jai vu ta voiture, elle est superbe.

Désolé, je suis pressé.

Pressé ? On est en famille. Invite-moi un instant, parlons entre hommes.

Mathieu ne répondit pas, marchant vers limmeuble. Alain le suivit.

Ton appartement est grand ! Tu as bien réussi. Tu pourrais aider ton vieux père

Que voulez-vous ?

Tu as une chambre libre, non ? Et tu peux régler mes problèmes. Je me suis disputé avec le mari de ma belle-fille. Ils mont mis à la porte. Et les crédits que Véronique a pris à mon nom Je suis dans la merde, fiston. Je veux juste que les choses soient équitables.

Équitables ? En quoi est-ce mon problème ?

Véronique et moi ne sommes même pas mariés. Toi, tu es mon sang. Ta mère était ma seule épouse. Si elle nétait pas remariée, jirais vers elle.

Vous pensez avoir des droits après nous avoir ruinés ? Vous navez même pas payé la pension.

Largent de lappartement a servi à nos voyages. Tout le monde mérite des vacances. Jai juste fait une erreur avec les crédits Tu me comprendras, mon fils.

Nous, on a trimé pour un toit. Maman travaillait sans repos, moi dès treize ans je distribuais des flyers.

Tu es courageux. Jespère que tu ne laisseras pas ton père dans la merde.

Mon père est mort quand javais dix ans.

Mais me voilà ! Mieux vaut tard que jamais.

Comment ?

Je pourrais loger dans ta chambre libre. Temporairement. On est de la même famille.

Cette chambre sera pour mon fils. Qui vous a donné mon adresse ? Aujourdhui, je suis devenu père. Je serai là pour lui. Maintenant, partez. Jai des meubles à acheter.

Dehors, Alain tenta une dernière fois :

Ta voiture est chic. Si tu la revendais pour un modèle plus simple, la différence pourrait maider

Vous mavez trahi. Jai eu besoin dun père, pas dun étranger. Ne revenez plus, ou je ne me retiendrai pas.

Mathieu monta dans sa voiture, le cœur léger. Aucune pitié. Il savait quil protégeait son fils de la souffrance quil avait connue.

**Leçon du jour :** La famille ne se choisit pas, mais on choisit comment on en prend soin. Un père nest pas celui qui donne la vie, mais celui qui reste.

Оцените статью
Je veux simplement ce qui est juste et équitable
Ma fille ne répondait plus à mes appels – jusqu’à ce que je découvre ce qu’elle me cachait