Invités chez les beaux-parents : une expérience à la table éblouissante

**Journal personnel**

Invités chez les beaux-parents : le choc dune table désespérément vide

Mes beaux-parents nous ont conviés chez eux aujourdhui. Et lorsque jai découvert leur table, jai été glacée dincompréhension.

Javais mis trois jours à préparer leur visite chez nous comme si ma vie en dépendait. Jai grandi près de Lyon, dans un petit village où lhospitalité était une religion. Chez nous, un repas se devait dêtre copieux, une preuve daffection envers les invités. La table regorgeait toujours de charcuteries, de fromages de la région, de pissaladière et de gâteaux maison. Cétait bien plus quun dîner : une promesse de bienveillance.

Notre fille, Aurélie, sest mariée il y a quelques mois. Nous avions déjà croisé ses beaux-parents dans des cafés parisiens ou pendant les noces, mais ils navaient jamais foulé le seuil de notre maison en banlieue. Alors, quand jai suggéré de les recevoir un dimanche, jai tout donné. Jai acheté du foie gras, des fraises, du vin et préparé ma tarte aux noix, celle quon me réclame toujours. Hélène, ma belle-mère, a accepté avec joie. Je tenais à briller, à leur montrer que notre foyer était accueillant.

Ils se sont révélés charmants tous deux enseignants à la Sorbonne, fins et cultivés. Malgré mes craintes, la soirée a été délicieuse. Nous avons discuté de lavenir des enfants, échangé des anecdotes et ri jusquà tard. LorsquAurélie et son mari nous ont rejoints, latmosphère sest encore réchauffée. À la fin, ils nous ont invités chez eux la semaine suivante. Jétais soulagée : nous avions réussi à tisser des liens.

Cette invitation ma remplie dallégresse. Jai même acheté une robe neuve, bleu roi, élégante sans être tapageuse. Et bien sûr, jai cuisiné un nouveau gâteau un moelleux au chocolat, parce que les pâtisseries industrielles sont indignes dune vraie table. Mon mari, Baptiste, a rouspété ce matin, réclamant un bout de fromage avant de partir. Je lai rabroué : « Hélène a insisté pour soccuper de tout. Si tu arrives lestomac plein, elle le prendra mal ! » Il a grogné mais a cédé.

Leur appartement, en plein cœur de Paris, ma éblouie. Un intérieur raffiné, presque trop parfait comme sorti dun magazine de décoration. Jimaginais déjà une table généreuse, un dîner animé. Mais lorsque nous sommes entrés dans le salon, jai failli perdre mon souffle. La table était vide. Aucune assiette, aucun plat, pas même un simple petit-four. « Un café, peut-être ? » a proposé Hélène avec un calme déroutant. Mon gâteau, que javais apporté par politesse, était là, solitaire. Elle la goûté en souriant, ma demandé la recette, et cétait tout. Un café et une part de gâteau. Voilà ce quils appelaient «recevoir».

Je sentais une colère sourde monter en moi. Baptiste, à mes côtés, avait cette expression affamée que je connais trop bien. Il ne disait rien, mais je lisais dans ses yeux : « On rentre quand ? » Jai souri, polie, et annoncé notre départ après une heure. Ils nous ont remerciés, nous ont même promis de revenir chez nous la semaine prochaine. Chez nous, bien sûr, où la table ploiera sous les plats comme dhabitude.

Dans la voiture, je narrivais pas à me défaire de cette image. Comment peut-on si mal comprendre lhospitalité ? Pour moi, une table doit être un refuge, un lieu de partage. Pour eux, ce nétait quun meuble. Baptiste, lui, fixait la route dun air sombre, pensant sans doute au gigot qui lattendait au frigo. Je lavais empêché dy toucher ce matin, et maintenant, il me regardait comme si je lavais trahi. Et moi, je me sentais trahie pas par le manque de nourriture, mais par cette froideur venant de gens qui font désormais partie de notre famille.

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