Un jeune aide-soignant est chargé d’un rôle insolite — jouer le petit-fils disparu d’une mourante. Ce qu’il n’aurait jamais imaginé ? Découvrir le visage de sa propre mère parmi les photos de cette inconnue.

**Journal intime Une vérité longtemps cachée**

Aujourdhui, tout a basculé. Moi, Théo Moreau, simple aide-soignant à lhôpital Saint-Louis, jai accepté de jouer un rôle étrange : celui du petit-fils perdu dune vieille femme en phase terminale. Jamais je naurais cru découvrir le visage de ma propre mère parmi ses photographies.

Depuis toujours, je rêve de devenir médecin. Pas un simple caprice denfant, mais une vocation profonde. Pourtant, la vie sest acharnée. Dabord, la mort brutale de mon père, qui ma laissé orphelin de ses rires. Puis la santé fragile de ma mère, usée par deux emplois et les soucis. Quand est venu le moment de passer le concours de médecine, mes forces mont trahi. Jai échoué.

Depuis deux ans, je nettoie les sols, pousse des brancards et cours dans les couloirs de lhôpital. Mais au fond de moi, une petite flamme résiste : un jour, peut-être, je porterai cette blouse blanche.

Ce matin-là, rien ne laissait présager linattendu. Jai balayé, essuyé, transporté. Puis, après le déjeuner, le Dr Laurent Dubois ma fait appeler.

« Théo, une situation délicate », a-t-il commencé, le regard scrutateur. « Notre patiente, Édith Lefèvre, est très malade. Son petit-fils, qui porte ton prénom, lui manque terriblement. Elle souhaite le revoir une dernière fois Accepterais-tu de jouer ce rôle, pour lui offrir un peu de paix ? »

Jai hésité. Tromper une mourante ? « Docteur, est-ce bien moral ? »

Sa voix sest adoucie. « Parfois, un mensonge est une grâce. Pour elle, ce serait un dernier réconfort. »

Malgré mes scrupules, jai accepté. Les infirmières mont briefé : les goûts de lautre Théo, ses études, ses expressions denfant. Le soir, épuisé, jai acheté du pain et du lait pour ma mère. Sur le chemin, jai croisé Léa, la voisine qui me faisait rêver depuis des mois. Son sourire éclairait même les jours les plus gris.

« Théo ! Tu te cachais ? » a-t-elle plaisanté.

Nous avons parlé de tout et de rien, dun film à laffiche. Sur un coup de tête, je lai invitée. Ses yeux ont brillé. « Samedi ? Parfait. »

Rentré chez moi, un sourire rare aux lèvres, jai cru entrevoir un avenir heureux.

Le lendemain, après ma journée, jai poussé la porte de la chambre dÉdith. Mon cœur battait la chamade. Et pourtant, quand ses yeux pâles se sont posés sur moi, elle a murmuré : « Théo tu es venu, mon chéri »

Elle y croyait. Assis près delle, jai écouté ses histoires, ses souvenirs, même ses réflexions sur la mort, avec une sérénité qui ma bouleversé. Je suis revenu chaque jour, lui tenant la main, ajustant son oreiller. Un après-midi, elle ma demandé si javais une amoureuse. Jai pensé à Léa et rougi.

« Raconte-moi votre rendez-vous, a-t-elle souri. Jaime tant les histoires damour. »

Mais samedi a été une désillusion. Après le cinéma, dans les allées du parc, Léa sest arrêtée net.

« Théo, tu es quelquun de bien. Mais nous ne voulons pas la même vie. Toi, tu es aide-soignant Moi, je veux voyager, réussir. »

Son sous-entendu était clair : mon salaire modeste, mes rêves inachevés, mon incertitude. Je lai raccompagnée en silence. À la maison, ma mère a deviné.

« Ça na pas marché. »

Elle a soupiré. « Tu ne peux pas porter les espoirs des autres éternellement, Théo. Certains fardeaux ne sont pas les tiens. »

Le lendemain, Édith a perçu ma tristesse. « Cette fille ta fait mal ? » Alors, je lui ai tout avoué : mes échecs, mes rêves brisés. Elle ma écouté, puis a glissé :

« Lamour, Théo, ne se mesure pas à léclat, mais à la chaleur. »

Ensuite, elle a sorti un vieil album. « Prends-le. Ce sont les photos de ton père, Antoine. Garde-les. »

Ce soir-là, en feuilletant lalbum, jai découvert une photo de groupe. Parmi les visages, une jeune femme rayonnante : ma mère. Comment était-ce possible ? Pourquoi ce silence ?

Jai couru vers la maison, le cœur battant. Près du bureau des médecins, une voix ma gelé le sang : celle du Dr Dubois, parlant daugmenter les doses pour « accélérer les choses ».

« Dépêche-toi, Dubois, a grogné une voix au téléphone. Cette vieille a assez traîné. »

Mon sang na fait quun tour. Ma grand-mère était en danger.

Chez moi, jai confronté ma mère avec la photo. Les mots se sont échappés comme un torrent.

Antoine avait été son grand amour. Sa mère, Édith, sétait opposée à leur union. Enceinte, elle avait décidé de fuir avec lui, mais il était mort dans un accident. Seule, sans ressources, elle mavait confié à un orphelinat le temps de se relever. Elle avait écrit à Édith, en vain.

Cette nuit-là, nous avons secrètement emmené Édith chez nous. « Théo et qui est-ce ? » a-t-elle murmuré en voyant ma mère.

« Édith cest moi, Camille, a chuchoté ma mère. Jai aimé votre Antoine. Et voici votre vrai petit-fils. »

Les mois ont passé. Dubois a été démasqué. Édith sest rétablie lentement, entourée de notre affection. Un soir, alors que nous partagions un dîner tranquille, mon téléphone a sonné. Léa.

« Théo on pourrait se revoir ? »

Jai souri. « Désolé, Léa. Ma vie est ailleurs. »

Car cétait vrai. Javais trouvé ma place, aux côtés de Camille, une étudiante en médecine qui macceptait tel que jétais. Autour de la table, avec les rires dÉdith et le regard doux de Camille, jai compris : le bonheur nest pas une carrière, mais ceux quon aime.

Je ne suis toujours pas médecin. Mais je sais désormais qui je suis.

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