Syn m’a promis qu’il prendrait soin de moi dans ma vieillesse. Après avoir signé les documents, j’ai réalisé que je venais de devenir sans-abri.

28février2025

Cher journal,

Pierre mavait juré quil veillerait sur moi jusquà la vieillesse. Après avoir signé les papiers, je me suis rendue compte que jétais soudainement sans toit.

Jai longtemps cru que la solitude était le pire supplice quune mère pouvait endurer. Aujourdhui, je sais quil ny a rien de plus douloureux que la trahison de la confiance de son propre enfant. Pendant des années, je me répétais que javais bien élevé mon fils: responsable, attentionné, sur qui je pouvais compter.

Ma vie na jamais été simple, mais grâce à lui je me sentais en sécurité. Il me répétait sans cesse: «Papa, je prendrai toujours soin de toi. Promis, tu ne seras jamais seul». Si seulement javais su à quel point lespoir pouvait se transformer en illusion

Après le décès de ma femme, je suis resté seul dans notre appartement de trois pièces à Lyon. Pierre était parti à luniversité, sétait marié, avait acheté une maison à ClermontFerrand avec un crédit, et moi, comme tant de pères, je lui ai donné tout mon cœur et mon temps.

Jaidais du mieux que je pouvais: je cuisinais pour mes petitsenfants, je les récupérais à la crèche quand Anne rentrait tard du travail, je passais des weekends chez eux. Pierre était reconnaissant, il appelait chaque jour. Je pensais quil ne moublierait jamais.

Il y a quelques années, il a commencé à insister pour que je vende mon appartement et que je déménage chez eux. «Pourquoi garder un si grand logement, papa? Ce sera plus confortable ici, tu seras près de nous, les enfants tadorent». Lidée dabandonner le lieu où javais passé tant dannées me faisait mal, mais finalement je me suis laissée convaincre. Pierre assurait: «Nous ferons les travaux, adapterons la maison à tes besoins, tu seras inscrite sur le titre de propriété, rien ne te manquera».

La signature chez le notaire était pour moi une formalité. Pierre, sourire aux lèvres, me tendait les documents, expliquant à la hâte que ce nétait que des questions techniques: «Nous vendons ton appartement, largent servira à agrandir notre maison. Tout restera dans la famille.» Un peu hésitante, je lui faisais confiance les yeux fermés. Le notaire a lu rapidement le contrat, je lai signé sans mattarder sur les détails. Je ne connaissais rien au droit; cétait mon fils, mon sang.

Les premiers mois furent réellement agréables. Anne me remerciait pour tout, les petitsenfants étaient ravis que mamie vive avec eux. Jai eu ma propre chambre claire, la maison était magnifiquement rénovée.

Je me sentais utile, aimée. Je préparais les repas, je promenais les petitsenfants, le soir nous discutions autour dun thé. Parfois, je pensais à mon ancien appartement: lodeur du café que jaimais, la vue depuis la fenêtre, le craquement du parquet. Mais je me disais que le changement faisait partie de la vie et que la famille était primordiale.

Après six mois, jai remarqué que les choses changeaient. Anne me demandait de plus en plus de «ne pas déranger» leurs soirées. Les enfants étaient occupés par de multiples activités, ils venaient moins souvent dans ma chambre. Pierre rentrait épuisé du travail, navait plus le temps de parler. Je me suis sentie comme une intruse dans ma propre existence. La maison, qui devait être mon refuge, se transformait peu à peu en un simple accessoire.

Un soir, en voulant me préparer un thé, jai entendu Anne dire à Pierre: «Cest dommage quelle soit encore ici. Peutêtre quelle finira dans une maison de retraite». Mon cœur sest serré, mes mains ont tremblé. Comment pouvaientils parler ainsi? Javais tout donné!

Le lendemain, jai tenté de parler à Pierre. Il était crispé, évitait mon regard. «Papa, on est jeunes, on a notre vie. Tu dois aussi penser à toi, ne pas dépendre de nous», mat-il lancé.

Jai alors demandé si je pouvais vendre ma part de la maison pour partir. Pierre, avec un léger soupir, ma répondu: «Mais papa, tu nas aucune part. La maison, cest à Pierre et Anne, tout a été signé chez le notaire. Je tai déjà expliqué»

Les jambes fléchirent sous moi. La vérité a frappé: en vendant mon appartement, javais donné à Pierre largent, mais aucun droit sur leur nouvelle demeure. Je navais plus dendroit où retournerlancien logement avait disparu, les fonds avaient financé leurs travaux. Je suis devenue une invitée, prête à être expulsée à tout moment de ces quatre murs censés être mon abri pour la vieillesse.

Jai erré pendant plusieurs jours, perdue, déçue par moimême, par mon fils, par toute ma vie. Comment avaisje pu être si naïve? Jai cherché de laide: amis, service juridique, même le curé. Tous me répétaient: «Cest la réalité, il fallait lire, poser des questions, se protéger.» Mais comment se protéger contre son propre enfant?

Après quelques semaines, jai pris une décision. Jai loué une petite chambre chez une inconnue dans le sud de la ville. Jai recommencé à zéro. Pierre ne comprenait pas ma décision, essayait de me convaincre de rester, mais il ne pouvait plus me regarder dans les yeux. Les petitsenfants me manquent, ils appellent parfois pour savoir quand je reviendrai.

Aujourdhui, je sais une chose: la confiance, même envers les proches, doit connaître des limites. Je retrouve peu à peu mon estime, japprends à vivre simplement, loin des mirages. Peutêtre ne feraije plus jamais confiance à quelquun comme je lai fait pour Pierre, mais je préfère rester seul que de vivre dans une maison qui na jamais été vraiment la mienne.

Jean Dupont, le 28février2025.

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