Voilà un an que je suis marié. Avant notre mariage, mon épouse, Amélie, mavait assuré que sa mère, ma belle-mère, avait juré de ne jamais se mêler de notre vie de couple. Dailleurs, je ne lai rencontrée pour la première fois que le jour de notre passage à la mairie.
Tout allait bien au début. Ma belle-mère, Lucienne, a plus ou moins tenu sa parole. Nous vivons, Amélie et moi, dans un appartement en location, mais il se trouve juste à côté de chez ses parents. Elle ne ma donc pas importuné de ses critiques à la maison. Malheureusement, elle na pas tardé à répandre dans tout le quartier à quel point je serais un mauvais maître de maison: paraît-il que je laisse traîner la vaisselle sale dans lévier, que je cuis la viande directement dans son eau au lieu de jeter la première eau, et jen passe. Mais le détail le plus marquant reste, selon elle, que je donne de la viande crue à mon chien, Gustave, au lieu de la lui faire cuire.
Bref, daprès elle, rien ne va chez moi. Cest ma voisine, Madame Bernard, qui ma rapporté tout cela. Agacé, jen ai parlé à Amélie. Elle en a ri et ma dit de ne pas y prêter attention. Mais il semble quelle en ait touché deux mots à sa mère, car depuis, le père dAmélie, quand il me croise dans la rue, traverse de lautre côté, lair gêné.
Jai demandé à Amélie pourquoi sa mère ne maimait pas. Elle ma répondu que, selon Lucienne, je ne lui accordais pas assez de respect. À quel titre? Pour toute réponse, elle ma expliqué que je nadoptais pas sa manière de vivre. Pourquoi devrais-je pour autant renoncer à la mienne? Selon Lucienne, cela vient du fait que je ne vis pas chez moi mais à côté de chez eux.
Amélie a alors interrogé sa mère:
Et chez qui vivrais-je, daprès toi?
Plus tard, Amélie ma dit:
Si lon vivait chez mes parents, ma mère dirigerait la cuisine; si lon vivait chez les tiens, ta mère dirigerait la cuisine. Mais ici, cest toi qui fais les règles.
Cest aussi pour cela que jaime profondément mon épouse: elle sait tirer les bonnes conclusions.
Bien sûr, raisonner, cest une chose, mais il se trouve que bientôt, nous devrons loger quelque temps chez ses parents. Je doute dy trouver ma place Je songe donc à retourner chez mes parents. Amélie pourra venir avec moi, si elle le souhaite. Sinon, elle sera libre de rester avec ses parents.
Ce que cette histoire ma appris, cest quau-delà des traditions et des vieilles habitudes, le plus important, cest de trouver sa propre harmonie et de rester fidèle à soi-même, même face aux attentes familiales.
