J’avoue mentir à mon fils unique sur ma santé et ma façon de manger, ainsi que sur ma prise de médicaments, car je n’ai pas d’autre choix Je sais pertinemment que je ne suis pas le seul à faire croire à mon unique fils – qui a fondé une famille avec sa femme et leurs trois enfants – que tout va bien pour moi. En réalité, je peine à joindre les deux bouts. Aujourd’hui, les enfants se désintéressent de leurs parents, et ceux-ci préfèrent ne pas leur causer de soucis. Mon fils n’a jamais voulu savoir de combien s’élève ma retraite. Du temps où je vivais encore avec ma femme, nous pouvions payer le loyer avec une retraite et vivre de l’autre, mais aujourd’hui, c’est au choix : régler les charges ou faire les courses. Je mange du pain et des céréales sans m’en formaliser, sauf quand je pense à l’envolée des prix alimentaires. À mon âge, j’ai de nombreuses prescriptions de médicaments, mais je ne peux pas toutes les payer, ou alors je fais durer mes pilules en les prenant seulement quand la douleur est trop forte, contrairement aux recommandations du médecin. Pourtant, j’ai honte de demander de l’aide à mon fils. Je sais que ce n’est pas facile non plus pour lui. Ma belle-fille est à la maison avec leur troisième enfant, pendant que les deux aînés sont à l’école – qui coûte cher –, et nourrir une famille de cinq personnes est plus difficile encore et sûrement plus important que mon propre sort. Ce qui me ronge, ce sont les dettes de l’appartement, que mon fils héritera un jour, sans en avoir la moindre idée…

Je mens à mon fils lorsque jévoque mon alimentation ou ma prise de médicaments, car de toute façon, il ne pourrait rien y changer.

Je suis certain de ne pas être le seul père français à rassurer son unique fils qui lui-même a une femme et trois enfants en prétendant que tout va bien de mon côté. En réalité, jai du mal à joindre les deux bouts. Les enfants, de nos jours, ne prêtent plus vraiment attention à leurs parents, et inversement, les parents évitent de leur causer du souci.

Jamais mon fils na demandé de combien sélève ma retraite. Autrefois, quand je vivais encore avec ma femme, nous avions deux pensions : lune servait à payer le loyer, lautre à vivre. Mais aujourdhui, je dois choisir entre régler mes factures ou acheter de quoi manger. Je me contente de pain, de yaourt ou dun bol de céréales, sans en faire tout un drame. Je ne pense plus quaux prix fous dans les supermarchés, qui semblent grimper chaque semaine.

À mon âge, jai toute une collection dordonnances, mais je ne peux pas acheter tous les médicaments prescrits. Parfois, je « rationne », je ne prends mes comprimés que lorsque la douleur devient trop forte, au lieu de suivre scrupuleusement les indications du médecin. Pourtant, jamais je nose demander de largent à mon fils. Jimagine bien quil a ses propres difficultés.

Ma belle-fille, Amélie, reste à la maison avec le petit dernier, pendant que les deux aînés vont à lécole. Il faut payer les fournitures, les repas de la cantine, et nourrir toute une famille de cinq, cest un fardeau bien plus lourd que le mien.

Ce qui me préoccupe, cest la dette de lappartement, celui-là même que mon fils héritera plus tard. Il ne se doute de rien

En France, on a souvent du mal à parler dargent ou de soucis. Je réalise aujourdhui quà force de vouloir protéger mes proches, je misole. Peut-être devrais-je avoir le courage de partager mes peines et mes besoins car demander de laide nest pas un signe de faiblesse, mais la marque dune confiance profonde dans sa famille. Cest en restant soudés quon affronte les orages de la vie.

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J’avoue mentir à mon fils unique sur ma santé et ma façon de manger, ainsi que sur ma prise de médicaments, car je n’ai pas d’autre choix Je sais pertinemment que je ne suis pas le seul à faire croire à mon unique fils – qui a fondé une famille avec sa femme et leurs trois enfants – que tout va bien pour moi. En réalité, je peine à joindre les deux bouts. Aujourd’hui, les enfants se désintéressent de leurs parents, et ceux-ci préfèrent ne pas leur causer de soucis. Mon fils n’a jamais voulu savoir de combien s’élève ma retraite. Du temps où je vivais encore avec ma femme, nous pouvions payer le loyer avec une retraite et vivre de l’autre, mais aujourd’hui, c’est au choix : régler les charges ou faire les courses. Je mange du pain et des céréales sans m’en formaliser, sauf quand je pense à l’envolée des prix alimentaires. À mon âge, j’ai de nombreuses prescriptions de médicaments, mais je ne peux pas toutes les payer, ou alors je fais durer mes pilules en les prenant seulement quand la douleur est trop forte, contrairement aux recommandations du médecin. Pourtant, j’ai honte de demander de l’aide à mon fils. Je sais que ce n’est pas facile non plus pour lui. Ma belle-fille est à la maison avec leur troisième enfant, pendant que les deux aînés sont à l’école – qui coûte cher –, et nourrir une famille de cinq personnes est plus difficile encore et sûrement plus important que mon propre sort. Ce qui me ronge, ce sont les dettes de l’appartement, que mon fils héritera un jour, sans en avoir la moindre idée…
Demain, je vais chez ma belle-mère. Mes amies mariées ont failli me terrifier de peur en me rassurant :