J’exagère auprès de mon fils sur ma bonne alimentation et la prise régulière de mes médicaments, car de toute façon je n’ai pas vraiment le choix. Je sais très bien que je ne suis pas le seul père à cacher à son fils unique—père de famille avec femme et trois enfants—que ma vie n’est pas si rose, prétendant me porter à merveille alors que j’ai du mal à joindre les deux bouts. Les enfants aujourd’hui ne se soucient guère de leurs parents, et les parents ne veulent plus inquiéter leur progéniture non plus. Jamais mon fils ne s’est intéressé au montant de ma retraite. Quand je vivais encore avec ma femme, nous payions le loyer avec l’une de nos retraites et vivions de l’autre, mais aujourd’hui je dois choisir entre régler mes factures ou faire les courses. Je me nourris de pain et de céréales sans y penser, si ce n’est aux prix des aliments qui grimpent sans cesse. À mon âge, j’accumule les ordonnances de médicaments, mais je ne peux pas me les offrir ou je les économise, n’en prenant que lors des pires moments au lieu de suivre la prescription médicale. Pourtant, j’ai honte de demander de l’argent à mon fils ; je sais que lui non plus n’a pas la vie facile. Ma belle-fille reste à la maison avec leur troisième enfant, tandis que les aînés partent à l’école où il faut investir, et nourrir une famille de cinq personnes est sans doute plus difficile et important que mon propre sort. Ce qui me tracasse vraiment, ce sont les dettes du logement que mon fils héritera un jour—et dont il n’a encore aucune idée…

Tu sais, parfois, je mens à mon fils à propos de comment je mange ou si je prends bien mes médicaments. Franchement, il ne pourrait pas faire grand-chose de toute façon.

Je vais pas te mentir, je suis sûr que je suis pas le seul à raconter à son fils unique qui a sa petite famille maintenant, une femme et trois enfants que tout va bien et que je vis super bien. La vérité, cest que jai du mal à joindre les deux bouts. Les enfants, aujourdhui, soccupent plus trop de leurs vieux, et puis bon, en tant que parents, on veut pas leur rajouter des soucis.

Mon fils na jamais vraiment demandé combien jai de retraite. Avant, quand je vivais encore avec mon épouse, on payait le loyer avec lune des pensions et on vivait plus ou moins avec lautre, mais maintenant, cest soit les factures, soit lépicerie. Honnêtement, je me nourris de baguette et de céréales, même si jy réfléchis plus trop, parce que ce qui me travaille vraiment, cest de voir le prix des courses grimper aussi vite.

Comme vieux monsieur, jai forcément tout un tas dordonnances, mais entre nous, je peux pas tout acheter. Alors jéconomise sur les cachets, je les prends pas chaque jour comme la docteure me la conseillé, mais seulement quand je sens que ça va vraiment pas. Tu sais, malgré tout, jai honte de demander de largent à mon fils. Je sais très bien que de son côté, cest pas simple non plus.

Ma belle-fille, elle est à la maison avec leur troisième enfant, pendant que les deux autres sont à lécole, ce qui coûte un bras, et nourrir cinq personnes, cest un tout autre défi, absolument plus important que moi.

Franchement, ce qui me tracasse le plus, cest la dette sur lappartement, que mon fils héritera un jour. Et ça, il nen sait rien encoreMais parfois, quand mon petit-fils me serre fort dans ses bras ou que ma belle-fille me prépare une assiette de soupe sans rien dire, je me dis que tout nest pas si noir. Même si jai des soucis plein la tête, il y a encore des éclats de lumière. Je ne serai jamais un fardeau si je peux leur donner ce que je sais : un sourire, une histoire du passé, ou juste ma présence quand ils en ont besoin, même silencieuse.

Alors, ce soir, avant déteindre la lumière, je me promets darrêter de mentir tout à fait. Peut-être que je leur dirai, la prochaine fois, que les médicaments me manquent et que le pain commence à muser les dents. Ou peut-être que je continuerai à faire bonne figure, parce quaprès tout, cest ça aimer : vouloir protéger, même avec peu de moyens.

Mais au fond, je sais une chose : tant quon échange encore un regard complice au détour du salon, tant que le rire des petits résonne, tant quune main se pose sur la mienne, rien nest jamais entièrement perdu.

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J’exagère auprès de mon fils sur ma bonne alimentation et la prise régulière de mes médicaments, car de toute façon je n’ai pas vraiment le choix. Je sais très bien que je ne suis pas le seul père à cacher à son fils unique—père de famille avec femme et trois enfants—que ma vie n’est pas si rose, prétendant me porter à merveille alors que j’ai du mal à joindre les deux bouts. Les enfants aujourd’hui ne se soucient guère de leurs parents, et les parents ne veulent plus inquiéter leur progéniture non plus. Jamais mon fils ne s’est intéressé au montant de ma retraite. Quand je vivais encore avec ma femme, nous payions le loyer avec l’une de nos retraites et vivions de l’autre, mais aujourd’hui je dois choisir entre régler mes factures ou faire les courses. Je me nourris de pain et de céréales sans y penser, si ce n’est aux prix des aliments qui grimpent sans cesse. À mon âge, j’accumule les ordonnances de médicaments, mais je ne peux pas me les offrir ou je les économise, n’en prenant que lors des pires moments au lieu de suivre la prescription médicale. Pourtant, j’ai honte de demander de l’argent à mon fils ; je sais que lui non plus n’a pas la vie facile. Ma belle-fille reste à la maison avec leur troisième enfant, tandis que les aînés partent à l’école où il faut investir, et nourrir une famille de cinq personnes est sans doute plus difficile et important que mon propre sort. Ce qui me tracasse vraiment, ce sont les dettes du logement que mon fils héritera un jour—et dont il n’a encore aucune idée…
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