La Femme qui a Façonné sa Vie : Une Histoire Inspirante

Chaque jour, avant lanniversaire de sa petite fille Élise, elle repense à son accouchement et se blâme.

Élise redoute laccouchement ; elle na que dixneuf ans.
Sa mère sinquiète: «Vous êtes encore jeunes, toi et Maxime, vous navez même pas de cheveux!»
«Vous vous mariez trop tôt, ma fille; où vastu donc? Et Maxime nest encore quun garçon!» sexclame la mère.

Élise, obstinée, épouse Maxime. Ils étudient et travaillent, sont autonomes, ils sen sortiront. Trois ans plus tard ils soutiennent leurs diplômes, obtiennent des promotions, et Élise découvre quelle attend un bébé.

«Parfait, comme sur commande: études finies, mari qui gagne bien, on peut même avoir un petit!» senthousiasme Maxime.
Élise, cependant, se sent agitée. Son mari remarque son trouble et demande: «Tu nes pas heureuse?»
«Si, je le suis, jespère que notre enfant ressemblera à son père,» répond-elle en souriant, mais au fond, la peur lenvahit.

Elle navoue pas à Maxime quelle craint laccouchement; la mort de la grandetante de sa mère, survenue lors de son propre accouchement, la hante. Ce nest pas le premier drame: plusieurs femmes de la branche familiale sont mortes en couches, donc langoisse dÉlise persiste.

Ses craintes se confirment légèrement, mais elle se reproche maintenant davoir désobéi à la sagefemme par peur.
«Ne pousse pas, tiens bon; questce que tu fais? Allez, travaille, sinon ton bébé sétouffera!» crie la sagefemme, irritée.
Élise a limpression quon la tourmente, quon loblige à pousser alors quelle na plus de forces.

Le bébé se retourne à la dernière seconde, avance les pieds. Élise croit que lenfant ne survivra pas, mais il naît à peine.
Mélanie, petite, est fragile, marche à peine, porte une luxation qui ne se guérit pas. À cinq ans, ils la poussent encore dans une poussette de promenade. Les passants la remarquent: «Regardez, la petite Mélanie ne marche pas!»

Maxime, homme doux et père dévoué, adore Mélanie et lui consacre beaucoup de temps. Il achète un mur descalade suédois, une balançoire et dautres appareils. Il croit que sa fille guérira, marchera, et que tout sarrangera. Élise, elle, se culpabilise, ne se pardonne pas davoir tant redouté laccouchement, laissant sa fille payer le prix de sa peur.

Pourtant Mélanie ne se décourage jamais. Elle garde toujours la bonne humeur, sémerveille des dessins animés, de la bouillie de grandmère, des feutres que sa grandmère Suzanne lui a offerts.

Il y a un an, Élise a acheté à Mélanie de la pâte à modeler. Mélanie sy passionne, crée de jolies formes. Récemment, Maxime remarque que les figurines de bébés animaux et dhumains semblent presque vivantes. Un jour, lors dune promenade, Mélanie et sa grandmère ramènent un chaton au petit patte blessée, suppliant de le garder.

«Maman, regarde comme il est petit, sa patte est douloureuse, il va mourir,» implore Mélanie. Élise accepte. Maxime, qui rêvait dun animal de compagnie, accueille le chaton nommé Poussin.

Mélanie sculpte immédiatement des chatons en pâte, qui ressemblent à Poussin.
«Tu le modeles mal, il serre la patte, regarde,» corrige la grandmère.
Mélanie rétorque: «Grandmère, tu ne comprends pas, je le façonne ainsi pour que Poussin guérisse vite!»

Étonnamment, plus elle crée de petits Poussin, plus le chaton rétablit sa patte, jusquà la guérison complète en quelques jours.

«Il semble que Mélanie possède un don, ça arrive parfois chez les enfants qui ont vécu des traumatismes de naissance, il faut observer sans la déranger,» prévient Suzanne, qui a raison.

Après la guérison de Poussin, Mélanie sculpte «Madame Vera», la voisine grincheuse aux yeux durs qui ne sourit jamais.
«Ta Madame Vera ressemble à la vraie, cheveux, vêtements, mais elle ne sourit jamais?» remarque Suzanne.
«Non, elle nest pas méchante, elle pense simplement que personne ne laime,» explique Mélanie, puis modèle Vera avec un sourire, nourrissant des chatons.

Quelques jours plus tard, on voit Madame Vera à lentrée de limmeuble avec des chatons, les nourrissant dune assiette, les observant tendrement.
«Ne vous disputez pas, jen apporte encore,» ditelle en souriant doucement, caressant les petits.

Le même soir, son fils Dima arrive, après une longue dispute avec sa mère. Il vient avec sa femme Léa et leur fils Sacha. Le rapprochement se fait naturellement, et la morosité de Madame Vera disparaît, remplacée par un sourire accueillant. Les voisines de son âge deviennent ses amies, Dima ne loublie plus, et elle adopte les chatons, retrouvant la jeunesse, car la joie colore le visage et apaise lâme.

«Si seulement elle pouvait sculpter ses propres jambes saines,» pense Élise, convaincue que sa fille peut réellement faire des miracles.
«Ne le dis jamais à Mélanie, sinon le phénomène séteindra; son désir fonctionne quand personne ne le voit, cest le secret de linspiration,» prévient Suzanne.

Mélanie, comme guidée par son propre plan, façonne une petite fille qui danse dans une robe magnifique, qui lui ressemble. Puis une autre qui ski et une qui fait du vélo. Élise et Maxime, le souffle retenu, observent leur fille jour après jour.

Un soir, après le travail, la grandmère les accueille dun air mystérieux:
«Silence, ne faites pas de bruit, suivezmoi.»
Sur la pointe des pieds, ils entrent dans la chambre et voient Mélanie devant le miroir. Elle sourit en voyant ses parents:
«Maman, papa, pouvezvous macheter une robe de danse? Je veux tellement danser.»

Élise et Maxime ne racontent à personne le don de Mélanie, de peur de le faire fuir. Ce talent reste invisible aux yeux des autres, à peine discerné grâce à Suzanne.

Avec lâge, Mélanie ne cesse pas de modeler; elle peut passer des heures à façonner, perdue dans ses créations. Puis sa vie, ainsi que celle de ses proches, se déroule exactement comme elle la sculptée.

Les médecins déclarent quil ny a rien détrange à ce que Mélanie marche; ils attribuent cela à une prise de poids, à la croissance, et pensent que cest naturel.

Plus tard, Mélanie crée une petite sœur, Katia, une maison de campagne au bord de la rivière, un ami pour la vie, et elle-même dans une robe de mariée.

Elle sculpte aussi sa grandmère dansant à son propre mariage, et bien dautres choses encore.

Tout ce quelle façonne se réalise. Aujourdhui, Mélanie devient une sculptrice reconnue, aimée et chérie de tous. Elle a modelé sa propre vie et celle de ses proches. Tout autour delle prend vie: fleurs fanées, gens, tout renaît.

Ce don particulier rend la présence de Mélanie chaleureuse et rassurante. On a limpression que la vie ne sarrête jamais, que chaque rêve se concrétise, que chaque jour déborde de joie et de sens.

Je souhaite à tous force, santé et bonheur, quoi quil arrive, et que tout finit toujours par réussir.

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La Femme qui a Façonné sa Vie : Une Histoire Inspirante
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