J’ai ouvert l’ordinateur de mon mari et je suis tombée sur une conversation avec ma soeur

Elle ouvrit lordinateur portable de son mari et tomba sur une conversation avec Anaïs, sa sœur.

Mél, ça suffit! Jai bien dit que javais oublié! claqua Marc du poing sur la table, les tasses tinrent un petit tintement. Oublié, tu vois? Pas exprès!

Oublié! À chaque fois! la voix de Mélisande trembla, les yeux rouges de larmes au milieu de la cuisine. Cest la troisième fois ce moisci! Théo a un contrôle demain, il lui fallait son livre! Tu avais promis daller au magasin!

Et toi, tu naurais pas pu le faire? Tes mains sont tellement faibles?

Jai travaillé jusquà huit heures! Cest toi qui es parti plus tôt, tu aurais pu passer!

Marc se leva dun coup, faisant glisser la chaise.

Tu sais quoi, jen ai ras le bol de tes reproches! Toujours à me rendre coupable! il attrapa sa veste au portemanteau. Je vais prendre lair, sinon je perds la tête ici!

Il claqua la porte. Mélisande seffondra sur la chaise, le visage enfoui dans ses paumes. Les larmes lui serraient la gorge, mais elle ne voulait pas pleurer devant son fils. Théo était dans sa chambre, faisant semblant détudier, mais il avait sans doute entendu toute la dispute.

Elle essuya ses larmes, se leva. Il fallait se calmer. Ce nétait pas la première fois quils se disputaient. Mais récemment, quelque chose avait changé. Marc était irritable, distant. Il rentrait tard, répondait aux questions par des monosyllabes, et ne faisait que sonner son téléphone.

Mélisande traversa le couloir, sinstalla sur le lit. Le silence pesait aux oreilles. Dehors, une pluie doctobre tombait, morne. Elle aperçut la petite table de chevet où reposait lordinateur de Marc, oublié lorsquil était parti se promener. Dordinaire, il lemportait partout, mais aujourdhui il lavait laissé dans la précipitation.

Elle tendit la main, hésita. «Questce que je fais? Espionner mon mari? Cest bas!» Mais la main se posa delle-même sur lappareil. Elle ouvrit le couvercle. Lécran salluma, affichant lécran de veille : une photo de famille, eux trois au chalet chez les parents, souriants, enlacés. Trois ans en arrière, probablement.

Elle glissa le doigt sur le pavé tactile, saisit le mot de passe la date de naissance de Théo. Le bureau apparut, plein de dossiers et dicônes, rien de suspect.

Le navigateur affichait lhistorique : sites dactualités, forum damateurs dautomobiles Marc adore les voitures, ce nétait rien danormal. La messagerie souvrit, les courriels étaient professionnels, publicitaires, newsletters.

Alors quelle sapprêtait à fermer la fenêtre, elle remarqua licône dun messager en bas de lécran. Elle resta figée, déplaça le curseur, cliqua.

Une fenêtre de conversation safficha. Le premier contact était «Anaïs», la sœur de Mélisande.

Son cœur chavira. Elle fixa lécran, incrédule. Anaïs? Pourquoi Marc échangetaitil avec Anaïs? Ils navaient jamais eu de relation proche. Anaïs vivait dans une autre ville, on se voyait une fois par an, à Noël.

Mélisande ouvrit la discussion.

«Marc, merci infiniment! Tu nimagines pas ce que ça représente pour moi!»

«De rien, Ana. Content daider. Mais ne le dis pas à Mél pour le moment, daccord?»

«Promis! Elle ne comprendrait pas. Tu sais comment elle est»

«Je sais. Cest pourquoi je voulais dabord en parler avec toi.»

Les lignes défilaient, latmosphère se glaçait. Que se passaitil? Que cachaientils?

La conversation remontait à un mois et demi. Le premier message dAnaïs était :

«Marc, désolé de técrire si soudainement. Jai besoin de ton aide. On peut sappeler?»

«Salut, Ana. Bien sûr, je rappelle dans vingt minutes.»

Puis les échanges sintensifièrent, presque quotidiens. Anaïs se plaignait du travail, de la solitude, il la conseillait, la soutenait. Puis soudain:

«Je viens samedi. Tu me retrouves?»

«Oui, où et à quelle heure?»

«À la gare, à quinze heures. Merci, tu es un vrai ami.»

Mélisande remarqua la date: cétait le samedi précédent. Elle se souvint que Marc était parti le matin, prétextant rendre visite à un ami à la campagne, et était rentré tard le soir. Donc il nétait pas allé à la campagne, il avait rencontré Anaïs. Pourquoi?

Ses mains tremblaient. Elle continua la lecture.

«Merci, Igor! Tu mas sauvée! Je ne sais pas comment te remercier.»

«Pas besoin de remerciements. Lessentiel, cest que tout sarrange pour toi.»

«Ça marchera, tu crois en moi, ça me donne du courage.»

Les jours suivants, les messages restaient vagues, des allusions, des conseils.

Hier soir:

«Je reviens bientôt. Tu me manques. On se voit?»

«Daccord, mais fais attention. Mél commence à se douter, je crois.»

«Pas de souci, je comprends. À très vite.»

Mélisande claqua lordinateur. Elle resta immobile, le regard perdu dans le mur. Le chaos envahissait son esprit. Marc et Anaïs. Des rencontres secrètes. Un secret.

Un adultère? Une liaison avec sa propre sœur?

Non, cétait absurde! Anaïs nétait pas une traîtresse! Elles avaient grandi ensemble, jouaient aux poupées, partageaient leurs secrets.

Pourtant, elle se rappelait le lycée, quand Anaïs avait emporté son petit ami, Maxime, un camarade dont Mél était amoureuse. Anaïs lavait séduit par caprice, lavait abandonné un mois plus tard, laissant un goût amer.

«Pardon, Lena, ce nétait pas intentionnel,» avait dit alors Anaïs, les épaules haussées. «Cest comme ça.»

Mél lavait pardonnée, à seize ans, pensant que ce nétait rien.

Elle revit le mariage. Anaïs, demoiselle dhonneur, vêtue dune robe rose éclatante, tournoyait autour de Marc, riait à ses blagues, touchait son bras.

«Lena, tu es tellement heureuse!» lui avait-elle dit, lenlaçant. «Marc est une perle! Prendsen soin!»

Mél navait rien remarqué.

Les visites dAnaïs étaient rares: anniversaires de Théo, Noël, toujours un petit cadeau, une conversation à la cuisine pendant que Mél cuisinait. Tout semblait normal. Mais si

Mél se leva, parcourut la pièce, cherchant à se calmer. Peutêtre tout nétaitil pas aussi terrible? Peutêtre Anaïs ne cherchait quune aide, et Marc navait pas pu dire non.

Soudain, des pas retentirent dans le hall. Marc rentrait. Mél se glissa sur le lit, ferma les yeux, fit semblant de dormir. Elle entendit ses pas vers la cuisine, puis la salle de bains, puis la chambre, où il entra en silence, sur la pointe des pieds.

Lena, tu dors? murmura-til.

Elle ne répondit pas. Il poussa un soupir, sallongea à côté delle. Quelques minutes plus tard, son souffle se fit régulier, il sendormit.

Mél resta les yeux ouverts, fixant le noir. Le sommeil la fuyait, les pensées tourbillonnaient, plus sombres les unes que les autres.

Le matin, elle se leva, la tête lourde, Marc était déjà en forme, presque trop.

Lena, désolé pour hier, ditil en remplissant les tasses de café. Jai vraiment oublié le livre de Théo. Après le travail, je lachèterai.

Daccord, grognaelle sans le regarder.

Tu men veux?

Non. Juste je me sens mal.

Tu ne veux pas prendre un arrêt maladie?

On verra.

Il lui donna un baiser rapide sur la joue, puis partit au travail. Théo se prépara pour lécole, Mél le fixa du regard avant quil ne parte.

Elle rouvrit lordinateur de Marc, relut la conversation, cherchant le moindre indice. Plus elle lisait, moins elle comprenait. Quelle aide?

Elle décrocha le téléphone et composa le numéro dAnaïs.

Allô, Lena? la voix dAnaïs était somnolente. Pourquoi cette heure?

Il est déjà dix heures!

Oui, je nai pas dormi, je travaillais. Questce qui se passe?

Rien. Juste ça fait longtemps quon na pas parlé. Comment ça va?

Normal, très occupée. Et toi?

Pareil, Mél marmonna. Dis, tu comptes venir chez nous?

Silence. Long.

Venir? Non, pourquoi?

Juste curieux, on ne sest pas vus depuis longtemps.

Lena, je nai pas le temps. Le travail mengloutit. Peutêtre pour Noël.

Daccord.

Ils échangèrent quelques banalités, puis raccrochèrent. Anaïs avait menti: elle nallait pas venir, alors que le chat disait le contraire. Elle cachait quelque chose.

Toute la journée, Mél était anxieuse, incapable de se concentrer au travail, les collègues lui demandant si tout allait bien. Elle balaya les questions, prétextant un mal de tête.

Le soir, elle rentra plus tôt que dhabitude, prépara le dîner, attendit Marc, répétant dans sa tête ce quelle dirait.

Marc arriva à huit heures, rayonnant.

Salut la famille! sexclamail à lentrée. Jai acheté le livre pour Théo! Le voilà!

Théo se précipita, sempara du volume.

Papa, merci! Cest exactement ce quil me fallait!

De rien. Le dîner est prêt? Jai faim comme un loup!

Ils sassirent, mangèrent en silence. Mél observait son mari, ne le reconnaissant plus. Il plaisantait avec Théo, racontait une anecdote du travail, souriait. Mais en elle, une tempête grondait.

Quand Théo se retira, elle se leva.

Marc, il faut quon parle.

Il releva la tête.

De quoi?

De ta messagerie avec Anaïs.

Le visage de Marc pâlit, ses yeux sécarquillèrent.

Quelle messagerie?

Ne fais pas semblant. Je lai vue, dans ton portable.

Tu tu as fouillé dans mon portable! sa voix monta dun ton.

Oui, je lai fait! Et jai trouvé des choses très intéressantes! Tu sortais avec ma sœur! En cachecouche!

Lena, ce nest pas ce que tu crois

Alors explique! Pourquoi ces rencontres secrètes? Pourquoi me mentir?

Marc passa la main sur le visage, sassit.

Anaïs ma demandé de laider. Elle avait des problèmes.

Quels problèmes?

Elle a perdu son emploi, a tout dépensé. Elle ne voulait pas ten parler, elle savait que tu tinquiéterais, que tu la pousserais. Elle ma demandé de laider à chercher un travail ici, à Paris.

Mél resta muette, digérant linformation.

Elle veut sinstaller ici?

Oui. Je lai aidée avec les entretiens, les contacts. Elle a trouvé un poste, ça doit arriver bientôt. Elle voulait te surprendre en arrivant.

Pourquoi devraisje te croire?

Marc sortit son téléphone, fit défiler les messages, tendit le téléphone à Mél.

Voilà, la conversation avec un recruteur. Je demandais des postes pour une femme avec son profil.

Mél lut les échanges: le recruteur, le CV, les critères.

Cest tout?

Tout. Je jure que rien dautre ne se passe entre nous.

Elle posa le téléphone, scrutant son mari, cherchant la vérité.

Pourquoi ne pas men parler dès le départ? Pourquoi cacher cela?

Anaïs craignait que tu sois contre son déménagement. Elle pensait que tu dirais: « Pourquoi venir ici? Ta vie est làbas.» Elle a voulu tout arranger avant de te le dire.

Tu te moques de moi! Si javais su, jaurais accepté tout de suite.

Tu le sais, je taime, je ne trahirais jamais.

Mél resta silencieuse, le cœur serré.

Juremoi, il ny a rien entre vous, juste de laide.

Marc prit sa main, la regarda droit dans les yeux.

Je jure, Lena. Je nai dyeux que pour toi. Anaïs nest que ta sœur, je lai aidée comme on aide un proche.

Mél voulut croire, désespérément. Elle hocha la tête, serra sa main.

Daccord, je te crois.

Ils sétreignirent, elle se blottit contre lui, sentant son odeur de parfum familier. Le doute restait, mais elle décida de lâcher prise.

Une semaine plus tard, Anaïs lappela.

Lena! Jai une nouvelle! sexclama sa voix joyeuse. Jarrive chez vous! Jai trouvé un travail, tu imagines!

Vraiment? feignitelle la surprise. Quand?

Dans un mois. Jai déjà un appartement pas loin, on se verra tout le temps!

Super, Anaïs. Je suis contente.

Quelques jours après, les trois se retrouvèrent dans un café du Marais. Anaïs était radieuse, souriante, les joues rosées. Elle serra Mél dans ses bras, la remerciant, même si Mél navait rien fait.

Lena, je suis tellement heureuse dêtre près de toi! gazouillaelle. On se verra chaque jour!

Marc, détendu, lui serra la main, la félicita pour le poste. Aucun regard suspect, aucun soustexte.

Mél observait, cherchant une faille, mais ne vit que des échanges ordinaux de famille.

Peutêtre sétaitelle trompée? Peutêtre elle était paranoïaque.

Un mois passa. Anaïs sinstalla, venait souvent, apportait des pâtisseries, jouait avec Théo, bavardait avec Marc. La vie reprit son cours.

Puis, un soir, Anaïs, les yeux rouges, frappa à la porte.

Lena, puisje rester chez vous? imploraelle. Ma plomberie a explosé, leau a tout inondé, le plombier ne vient que demain.

Bien sûr, viens! Mél la prit dans ses bras. Installetoi dans le canapé.

Elles partagèrent du thé jusquà tard. Marc était déjà au lit, Théo aussi.

Lena,Alors que les premières lueurs de laube perçaient à travers les rideaux, Mél, le cœur apaisé mais encore tremblant, se rendit compte que le vrai courage résidait dans la foi quelle plaçait en ceux quelle aimait, et elle ferma les yeux, prête à accueillir chaque nouveau jour avec cette confiance retrouvée.

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