10 décembre 2025
Ce matin, latmosphère dans notre appartement parisien était glaciale. Luc, mon mari, a lancé dun ton sec : « Quattendais-tu vraiment de moi ? » Il répète sans cesse que les enfants ne font pas partie de son monde, comme sil voulait me rappeler que je suis seule dans cette aventure.
Jai senti mes larmes monter, incapable de comprendre comment il peut ignorer Théo, notre fils dun an, si facilement. Jamais il ne prononce son prénom, toujours ce « gamin » comme sil nétait quun objet encombrant. Théo, les joues pleines de compote, a laissé tomber sa girafe jaune, fixant Luc avec espoir.
Le cri de Théo a résonné dans la cuisine, me transperçant les oreilles. Je lai pris dans mes bras, cherchant du réconfort, tandis que Luc, imperturbable, tartinait sa baguette comme si rien ne sétait passé. Je lui ai demandé de ramasser le jouet, mais il la simplement repoussé du pied, indifférent.
Luc sest levé, a lancé la machine à café, puis sest tourné vers moi, pressé par sa réunion. « Prends-le toi-même, je ne veux pas salir ma chemise claire. » Paris est saturé le matin, et il préfère fuir la scène plutôt que daffronter son fils. Je me suis sentie invisible, mon cœur serré par son absence dempathie.
Il a embrassé ma joue, évitant Théo, puis a quitté la pièce sans un regard. La porte a claqué, me laissant seule avec mes doutes et ma tristesse. Pourquoi agit-il ainsi ? Quai-je raté ? Théo, sentant ma détresse, a étalé la compote sur la table, silencieux.
Je me suis rappelée notre conversation après le mariage, quand Luc mavait avoué son malaise face aux enfants. Il na jamais changé, malgré mes espoirs. Aucun instinct paternel nest venu, et je me sens coupable davoir cru quil évoluerait.
À midi, mes parents, Françoise et Jean-Pierre, sont arrivés. Jean-Pierre, toujours enthousiaste, a apporté une boîte de Lego pour Théo, qui a retrouvé le sourire. Pendant deux heures, la maison a respiré la sérénité, et jai pu minstaller avec une tasse de thé, observant mon père construire des tours et ma mère chantonner des comptines.
Françoise a remarqué ma pâleur, devinant que Luc nétait pas rentré tard mais que jétais épuisée. Elle a vu labsence de photos de famille, sauf celles de la maternité où Luc semblait prisonnier. Jean-Pierre, inquiet, a murmuré : « Il soccupe de Théo, au moins ? » Jai esquivé, justifiant Luc par le travail, mais mon père na pas été convaincu. Il a rappelé ses propres sacrifices, veillant la nuit pour que ma mère dorme, alors que Luc reste distant.
Ma mère ma conseillé de parler à Luc, insistant sur limportance dun père pour un garçon. Jai tenté cent fois, mais Luc répète que Théo nest pas son affaire tant quil na pas grandi. Françoise, outrée, a lâché le torchon, soulignant que nous avons fait cet enfant ensemble.
Le soir, après le départ de mes parents, la solitude ma envahie. Luc est rentré, affamé, indifférent aux progrès de Théo, plaisantant sur le coût de notre fils comme sil nétait quune dépense en euros. Son détachement me glace, plus cruel que la méchanceté.
Théo faisait ses dents, pleurant sans répit. Jai tout essayé : berceuses, massages, dessins animés. Luc, en congé, sest enfermé dans le salon avec sa série, casque sur les oreilles, mais les pleurs de Théo franchissaient toutes les barrières.
À bout, Luc a explosé, exigeant le silence. Jai tenté dexpliquer la douleur de Théo, mais il voulait une solution immédiate, un médicament, nimporte quoi pour retrouver la paix. Il ma ordonné de laisser Théo ramper ailleurs, de fermer la porte, insensible à son âge et à ses besoins.
Je me suis effondrée, Théo dans les bras, lui rappelant que je navais pas mangé, que je ne pouvais même pas aller aux toilettes sans lui. Luc a levé les yeux au ciel, me reprochant de dramatiser, me comparant à une mère courage qui se plaint sans cesse. Il ma conseillé de poser Théo par terre et de vaquer à mes occupations, ignorant la souffrance de son fils.
Jai fini par lui demander de sortir, la voix tremblante. Il a claqué la porte, et vingt minutes plus tard, Théo sest enfin endormi, épuisé. En cuisine, Luc mangeait un sandwich, absorbé par son téléphone. Jai évoqué ma conversation avec sa mère, cherchant à comprendre lorigine de son détachement. Elle ma raconté lamour de son propre père, les sorties à la pêche, les histoires du soir. Pourquoi Luc est-il si froid ?
Luc sest braqué, menaçant notre équilibre si je continuais à parler à sa mère. Il sest plaint dêtre devenu un monstre à mes yeux, alors quil se sent dépassé par les exigences de Théo. Il rêve de calme, de discussions, de films, mais la réalité est faite de couches, de jouets, de fatigue.
Je lui ai rappelé que les enfants grandissent, que cette période ne dure pas. Mais pour lui, cest interminable, et il refuse de changer. Il a jeté son sandwich, décidé à sortir prendre lair, me laissant seule avec Théo.
Le soir, Théo sest réveillé apaisé, jouant sur le tapis, tentant dattraper le chat sous le canapé. Luc est rentré, sest affalé devant la télé, ignorant les avances de Théo qui lui tendait une voiture en souriant. Jai retenu mon souffle, espérant un geste, mais Luc ma demandé de reprendre Théo, agacé par sa présence.
Jai pris Théo dans la chambre, préparé deux valises, et une heure plus tard, mes parents sont venus nous chercher. Luc na pas eu le temps de réagir. Ma belle-mère a tenté de me convaincre de revenir, mais jai tenu bon, demandant le divorce quelques jours après avoir déménagé.
Luc, soudain plein de regrets, a voulu nous revoir, mais jai décidé que tout passerait par le tribunal. Théo sera élevé par son grand-père, un homme digne de ce nom.
Ce soir, en relisant ces lignes, je réalise que lamour ne se commande pas, et quun enfant mérite mieux quun père indifférent.







