L’Espoir d’un avenir meilleur – un pont entre la douleur et la renaissance

Espérer le meilleur le petit pont qui mène hors du chagrin

Après avoir traversé des galères dignes dun feuilleton, Virginie savait pertinemment quil ne fallait jamais lâcher lespoir, même quand la sortie semble aussi introuvable quun bon café à Paris après minuit. La vie, parfois, vous fait des croche-pieds sans prévenir. Cest ce qui est arrivé à Virginie : en un clin dœil, elle a tout perdu liberté, confiance, amour.

À vingt-cinq ans, Virginie a décroché son permis de conduire, et son père lui a refilé sa vieille Renault.

Profite, ma fille, le permis nest pas fait pour prendre la poussière dans un tiroir. De toute façon, je ne conduis plus, mes yeux me jouent des tours. Mais fais attention, hein

Merci, papa, promis, je serai prudente, a-t-elle répondu, et elle la été, vraiment.

Virginie bichonnait sa voiture, passait les contrôles techniques à lheure, la traitait comme une relique. Mais son mari, Gérard, râlait sans cesse. Lui, les cours de conduite, ça le tentait moyen, il aurait préféré acheter le permis au marché, mais bon, ce nest pas comme ça que ça marche. Et voir Virginie au volant, ça le rendait fou, il rentrait souvent du boulot avec plus de vin que de raison dans le sang. Peut-être quil était jaloux, va savoir.

Les disputes se sont multipliées. Virginie a menacé :

Si tu continues à picoler, je demande le divorce. Je ne veux pas que Théo voie ça

Vas-y, divorce, tu crois que tu me manques ? Des femmes comme toi, il y en a à tous les coins de rue Et Théo, cest mon fils, tu ne lauras pas, lançait Gérard, digne dun mauvais vaudeville.

Mais la vie a pris un virage inattendu. À trente-deux ans, Virginie a eu un accident. Infirmière à lhôpital du quartier, elle y allait en voiture. Un matin, elle sinstalle derrière le volant, démarre, et là, surprise : les freins font grève. Heureusement, la pente était douce, mais assez pour lui filer la frousse. Un monsieur traversait, elle la percuté. Elle a tenté déviter le pire, a fini dans un lampadaire. Elle sest blessée, rien de dramatique, mais la jambe et la tête en vrac. Elle a réussi à sortir, a rejoint le monsieur, déjà entouré de badauds. Les secours sont arrivés, mais il na pas survécu, sa tête ayant heurté le trottoir.

Virginie a fait un séjour à Fleury-Mérogis, loin de chez elle pendant plusieurs années. Ce quelle voulait le plus, cétait revoir son fils Théo, qui avait déjà dix-huit ans. Seule sa mère, Nadine, lui écrivait. Gérard, lui, a envoyé une lettre au début pour annoncer le divorce. Elle na pas été surprise, leur vie de couple était déjà en mode Titanic.

Théo avait douze ans à lépoque. Virginie espérait un mot de lui, mais Nadine lui a dit quil refusait de lui parler, Gérard lui avait monté la tête, la traitant de criminelle.

« Théo va bien, mais son père la dressé contre moi, il ne veut pas quil vienne me voir, et il boit toujours autant », écrivait Nadine. « Jespère juste que Théo grandira et comprendra, il faut garder espoir », lisait Virginie en pleurant.

À trente-neuf ans, Virginie navait pas changé, juste le regard plus dur, plus assuré. Elle est rentrée chez elle, a frappé à la porte. Gérard a ouvert, lair négligé, parfumé à lalcool bon marché.

Toi ? Déjà dehors ? a-t-il lancé, lhaleine chargée.

Comme tu vois, a-t-elle répondu. Tu me laisses entrer ?

Non, cest le bazar ici, va chez ta mère, tas rien à faire ici.

Je ne compte pas vivre avec toi, je veux juste voir Théo, dit-elle en jetant un œil à lintérieur : papier peint arraché, chaise bancale, sol tapissé de mégots et de bouteilles.

Théo vit en ville, en résidence universitaire, il passe parfois, mais dort souvent chez un pote.

Virginie est partie chez sa mère, Nadine, qui la accueillie en larmes.

Maman, Théo ne vient jamais te voir ?

Si, quand il a besoin dargent.

Virginie avait le cœur brisé, elle navait pas pu élever son fils, la prison lavait arrachée à lui au pire moment, en pleine adolescence.

Six ans plus tôt, elle était une mère aimante. Mais voilà, au tribunal, elle a appris que le tuyau de frein avait été arraché, mais la police na rien prouvé, tout a été mis sur le dos dun accident, dun oubli, et lhomme est mort, elle a payé pour ça.

Il fallait recommencer à zéro. Elle a cherché du boulot, espérant retourner à lhôpital.

Désolée, Virginie, je ne peux pas vous reprendre, lui a dit le chef de service, vous comprenez, avec votre passé

Virginie na rien dit, tout était clair. Elle pensait : « Même comme femme de ménage, ils me regardent comme une ex-taularde »

Finalement, elle a trouvé une place dans une pharmacie privée. Le patron, Serge Bonnet, la embauchée, avouant :

Personne ne veut bosser ici, on dit que je paye mal. Mais si on ne bosse pas bien, je ne paye pas bien. Jai eu une employée, elle ma fait un trou dans la caisse, je lai virée, elle ma fait une réputation denfer

Merci, je ferai de mon mieux, a promis Virginie.

Elle a travaillé avec plaisir, heureuse de retrouver une vie normale. Les clients la regardaient dabord de travers, puis finissaient par sourire.

Elle a revu Théo une semaine plus tard, venu voir sa grand-mère avec une copine. Virginie la reconnu tout de suite.

Mon fils, comme tu as changé ! elle la serré dans ses bras, mais il est resté de marbre. Ça va ?

Oui, a-t-il répondu, la copine aussi la regardait.

Bonjour, tante Virginie, vous ne me reconnaissez pas ? a-t-elle souri.

Camille, cest bien toi ? Je ne taurais pas reconnue Virginie se souvenait de la gamine du voisinage.

Théo, tu veux de largent ? a demandé Nadine, il a hoché la tête, elle lui a glissé des euros dans la main.

Merci, mamie Nadine, je te rembourse dès que je bosse Bon, on doit filer, il a à peine regardé sa mère, salut.

Virginie avait imaginé cette rencontre mille fois, mais jamais comme ça. Même Camille semblait plus heureuse de la voir que son propre fils. Mais lespoir ne la jamais quittée, cétait son petit pont au-dessus du chagrin.

Le temps a passé. Le policier du quartier, Antoine Renaud, passait souvent à la pharmacie, achetant des cachets. Un jour, il est venu demander :

Vous avez un tensiomètre ? Je crois que jai un souci

Bien sûr, sest-elle empressée, asseyez-vous

Sa tension était parfaite.

Tout va bien, peut-être autre chose vous tracasse ? Je peux vous donner un cachet

Oui, mon cœur mais vos cachets ny feront rien, je suis incurable de vous.

Virginie a sursauté, puis ils ont éclaté de rire.

Pourquoi cette histoire de tension ? a-t-elle souri.

Je navais pas dautre idée, vous ne me remarquez jamais, jachète tous vos médicaments, et vous, rien.

Antoine est tombé amoureux de cette femme forte et belle, son passé ne lui faisait pas peur. Il voulait comprendre, il ne croyait pas à lhistoire de laccident. Leur relation a vite pris un tournant sérieux. Antoine se fichait de son passé.

Lanniversaire de Théo approchait. Virginie a appris par Camille quils fêteraient ça au café du village, chacun paierait sa part.

Venez, tante Virginie, je suis sûre que ça lui ferait plaisir.

Dis-moi, il me déteste ?

Oh, je ne lai jamais entendu dire ça, franchement Cest son père, il lui monte la tête, il en rajoute.

Virginie a acheté un cadeau et sest rendue au café. Les jeunes étaient attablés, Théo sest levé en la voyant.

Joyeux anniversaire, mon fils, elle lui a tendu le cadeau.

Jai besoin de rien, il a répondu, puis est retourné sasseoir.

Virginie est sortie, le cœur en miettes, les larmes aux yeux. Elle na pas vu Antoine arriver en voiture.

Hé, attends ! il la arrêtée, il savait quelle voulait offrir ce cadeau, ils lavaient choisi ensemble. Ne ten fais pas, Théo comprendra bientôt. Je te le promets, tout ira bien.

Une semaine plus tard, Théo est venu à la pharmacie, un œil au beurre noir.

Quest-ce qui test arrivé ?

Maman, pardonne-moi ! Cest à cause de papa.

Il ta frappé ?

Oui, on sest battus. Il était ivre, il a avoué quil avait saboté le tuyau de frein, il voulait te faire peur, mais ça a mal tourné Jétais idiot, je croyais tout ce quil disait, il ma monté la tête Je tai blessée. Antoine Renaud a confirmé. Pardon, maman.

Ce nest pas ta faute, mon fils. Tout ça, cest Gérard.

La veille, Antoine avait interrogé Gérard, qui a tout avoué Antoine a fait éclater la vérité. Lhonneur de Virginie a été lavé, tout le monde a su. Même la chef du service de médecine lui a proposé de revenir à lhôpital. Mais Virginie a refusé, elle se plaisait à la pharmacie, Serge Bonnet était un patron en or, et le salaire était correct.

Peu après, Antoine et Virginie se sont mariés, cétait aussi son deuxième tour. Théo, après le collège, a décidé de devenir policier, il en rêvait depuis toujours, mais nosait pas le dire. Maintenant, il a trouvé sa voie, et sa mère et Antoine sont là pour lui, quoi quil arrive.

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