Mikhail a abandonné ses cannes à pêche et s’est approché d’une étrange découverte. Au fond du sac se trouvait un chiot. Il tremblait de tout son corps et, en gémissant doucement, se collait à la main de l’homme…

28septembre2025

Aujourdhui, alors que je rangeais mes cannes à pêche au bord de la rivière de la Creuse, jai remarqué un petit sac accroché à une souche. En louvrant, un chiot tremblant sest blotti contre ma main, gémissant à peine. Son frisson ma frappé comme un éclair: après tant dannées à courir après le succès, je me suis rendu compte que je navais jamais vraiment cherché à prendre soin de quelquun.

Depuis mon enfance, jai toujours voulu être meilleur, plus intelligent, plus riche, plus accompli que les autres. Jadorais le frisson de la compétition, le goût âcre de la victoire. Je participais à chaque concours, et je me sentais anéanti si je ne finissais pas premier. Mais à présent, tout cela me semblait vide.

Jai fêté mes quarantetrois ans il y a quelques semaines, et la perspective dun défi décisif planait sur moi: un diagnostic implacable ma annoncé quil ne me restait plus quune année de vie. Jamais je navais joué à la course contre la mort. Pourtant, abandonner na jamais fait partie de mes règles, et perdre nest pas dans mon vocabulaire. Ce qui me manquait, cest surtout une famille aimante, ce soutien inestimable que je nai jamais pu construire.

Jai été marié, mais après cinq ans, lennui sest installé. Aucun enfant nest né de notre union, et nous nous sommes séparés en bons termes. Ma mère, alors encore vivante, se lamentait souvent, rappelant que de son temps, les gens ne jouaient pas avec leurs sentiments. Je hochais la tête, feignant dêtre daccord, alors que mon esprit était absorbé par les affaires. Mon entreprise prospérait, et je navais pas le luxe de mattarder sur un cœur brisé.

Aujourdhui, pourtant, tout cela est relégué au second plan. Je suis seul dans ma vieille maison de la Bourgogne, entouré du silence et de cette maladie perfide. «Y atil vraiment rien à faire?» aije demandé à mon médecin, qui a haussé les épaules en soupirant. On ma proposé une thérapie palliative pour atténuer la souffrance, mais estce vraiment vivre? Chaque jour, je sens mes forces sévanouir et je suis furieux contre le monde.

Ce soir, je zappais sans but à la télévision lorsquun feuilleton sur la vie de couple idyllique a défilé. «Mensonge», aije marmonné. Puis une émission sur les chiens a attiré mon attention: je me suis souvenu de mon désir davoir un compagnon fidèle. Jai dabord supplié mes parents, puis ma femme, mais aucune réponse.

Jai changé de chaîne, et un paysage rural sest affiché, accompagné dune voix qui parlait de la simplicité de la vie à la campagne. Le souvenir dun petit garçon, «Michelet», qui courait vers son grandpère Pierre dans la ferme familiale, a jailli. Pierre, les mains rugueuses, le caressait affectueusement. Je me suis rappelé les étés où, après mon service militaire, je passais mes journées à aider aux tâches, à me prélasser dans le sauna et à pêcher avec passion. La chaleur de ces mémoires a réconforté mon âme.

«Comme cétait il y a longtemps!» aije soupiré. Je me suis souvenu du modeste cottage qui métait légué par Pierre, jamais vendu, comme un petit sanctuaire en prévision dun jour quelconque. Ce jour semblait enfin arriver.

Dans un rêve nocturne, Pierre se tenait à la porte du vieux cottage, souriant à Michelet comme autrefois. Sa main rugueuse caressait ma tête grisonnante, et il murmurait: «Viens, mon petit, pêche un peu dans le calme, avant que la fatigue ne taccapare.»

Je nai pas trouvé la force de parler de ma maladie à Pierre, mais je lai serré contre moi, ressentant sa chaleur, les larmes salées coulant sur mes joues. «Prometsmoi dy revenir, mon garçon», atil répété. Jai répondu: «Je le promets, grandpère.»

Les préparatifs ont été rapides. Mon entreprise, bien rodée, pouvait tenir sans ma présence pendant un temps. Le médecin, les yeux écarquillés, ma demandé: «Êtesvous sûr de pouvoir survivre dans un coin reculé? Y atil au moins un poste de secours?» Jai hoché la tête, plus déterminé que jamais.

Deux jours plus tard, je me tenais devant la porte grinçante du cottage, un peu délabré mais toujours habitable grâce à laide de quelques voisins. La grille sest ouverte dans un grincement, et les sentiers envahis de verdure mont guidé vers la cour. Jai atteint le grand pommier que Pierre et moi avions planté ensemble. En touchant son tronc, les branches ont frémissé comme pour me saluer.

Après avoir rangé le jardin et réparé le porche, je me suis effondré sur le vieux fauteuil, épuisé, et je me suis endormi. Au matin, je suis parti à la pêche, le corps courbé par la fatigue. En suivant la rivière, un sac usé sest accroché à une branche. Jai délaissé mes cannes pour lexaminer. À lintérieur, un chiot tremblait, le nez froid, les oreilles pointées.

«Qui ta mis ici?», aije interrogé le petit bout de poil. Il a remué la queue, a éternué de surprise. Jai su immédiatement que je devais le ramener à la maison et le réchauffer. La partie de pêche a dû être abandonnée, mais cela navait plus dimportance. Jai passé toute la journée à prendre soin du chiot, oubliant même mon traitement. Le soir, totalement épuisé, je me suis effondré sur le canapé avec le petit être blotti contre moi.

Au lever du jour, le chiot toussait de plus belle, son nez était maintenant chaud et sec, et moi, je me sentais pire que jamais. Javais oublié mes médicaments, et mon corps me le rappelait cruellement. «Petit, je suis très malade, je ne peux pas prendre soin de toi», aije murmuré. Malgré tout, je me suis levé et, avec le chiot, je suis allé à la clinique vétérinaire du village, tenue par une femme dâge moyen, Camille, trentecinq ans, qui vivait avec sa mère et son fils, Julien.

Camille, dun ton doux, ma offert une chaise. Elle était blanche, les cheveux tirés en chignon, et son regard était plein de compassion. Elle ma expliqué que son grandpère avait été infirmier pendant la guerre et quil répétait souvent : «Ceux qui ont encore quelquun pour qui vivre sont ceux qui survivent.»

Je lui ai confié mon diagnostic fatal, pensant quelle partirait après cette révélation. Au contraire, elle a dit: «Ma grandmère était infirmière. Elle disait que ceux qui saccrochent à un fil très fin, même quand il semble ny avoir aucun chemin, trouvent la force de se relever. Réfléchis, Michel, à ces mots.»

Depuis ce jour, je vis avec Camille, le chiot que jai nommé «Biscotte», et le souvenir de Pierre qui me pousse à avancer. Jai enfin trouvé une raison de vivre, même si ce nest plus un conte de fées. La force me quitte lentement, mais le désir de rester pour Biscotte et Camille manime.

Hier soir, épuisé, je me suis allongé sur le vieux divan, Biscotte lové à mes pieds, et je me suis endormi. Dans mon rêve, Pierre était à nouveau à la barque, la rivière scintillante devant nous. «Cest à toi de choisir, petit,» me disaitil. Jai voulu sauter dans leau, mais Biscotte a mordu ma jambe, mempêchant de partir.

Je me suis réveillé en sursaut, la cuisine où Camille préparait le petitdéjeuner, murmurant doucement à son fils Julien, qui était devenu comme un fils pour moi. Biscotte a levé lune de ses oreilles, sest approché et a commencé à me lécher le visage. «Arrête, petit!», aije ri, tentant desquiver les langues du chiot.

Les médecins, perplexes, ne comprennent pas comment un homme condamné à mourir a pu sen sortir. «Cest un miracle!», répètentils en chœur. Je sais la réponse: jai enfin quelquun pour qui vivre.

Je suis profondément reconnaissant envers Camille, qui a parcouru ce chemin à mes côtés, et envers Biscotte, qui a redonné du sens à mes derniers jours. Le temps passe, mais je sais que tant que je pourrai tenir la main de ceux que jaime, je continuerai à respirer, même si les forces me quittent peu à peu.

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Demain, en route chez ma future belle-mère. Mes amies mariées m’ont rassurée en me terrifiant presque jusqu’à la mort :