«– Envie de te marier ? – Patience ! Le ventre déjà plus gros que le nez, ça veut dire que tu es adulte ! – Déclara froidement la mère »

Tu veux te marier?Patiente!Le ventre dépasse le nezcela veut dire que tu es adulte!déclara dun ton indifférent la mère de Camille.
Camille avait remarqué que sa fille attendait un bébé. Elle réfléchit longtemps à comment en parler à ses parents, mais les mots restèrent bloqués. Fine de nature, Camille ne put plus dissimuler le ventre qui sarrondissait. Elle venait tout juste de fêter ses dixsept ans.

On découvrit rapidement qui était le père du futur enfant.

Camille aimait depuis longtemps Julien Leroy. Au premier septembre, en classe de cinquième, elle laperçut parmi les premiers élèves. Les vacances dété les avaient changés, ils avaient même grandi un peu, mais ils restaient encore de simples adolescents.

Leurs cartables se croisaient entre les rangées de tables, ils arrivaient en retard et séjournaient parfois en dehors des cours. Rires, plaisanteries la routine scolaire ordinaire.

Julien était toujours le plus grand, le plus rapide, le meilleur en tout. Cest alors que Camille tomba amoureuse, dun amour non réciproque. Elle garda le silence, ne voulant pas crier son sentiment, et Julien ne la remarqua pas. Un jour, il la remarqua enfin. Ils sortirent ensemble

Camille ne parvint pas à cacher sa grossesse. Les parents des deux jeunes gens saccordèrent rapidement et le mariage fut organisé presque sur le champ. Camille était aux anges.

La vie de couple débuta dans la maison de la bellemère, Madame Moreau, à Lyon. Julien était laîné de trois enfants. Deux de ses sœurs, Léa et Sophie, étaient encore au collège, et il dut quitter les études pour travailler.

Tu as grandi, alors montremoi que tu sais être adulte. On a déjà deux filles, et nous navons aucune intention dentretenir ta femme et ton enfant! sexclama la bellemaman.

Camille dû également affronter une vie adulte. Elle abandonna ses études, et même un emploi de femme de ménage ne lui fut proposé. Elle nettoyait la grande maison, faute de travail.

Toutes les corvées domestiques retombèrent sur elle. Les sœurs de Julien se moquaient, désormais libérées du lavage de la vaisselle, du sol, du nettoyage de la maison. Elles cherchaient même à lui compliquer la tâche: plus de vaisselle sale, plus de miettes sur le parquet, des taches aléatoires sur les armoires et les murs. Camille comprenait tout, mais se plaindre était inutile.

Julien travaillait, indifférent à ce qui se passait à la maison. Il nétait même pas encore vraiment marié à son goût, et il néprouvait guère daffection pour Camille.

Il sétait marié sous la pression de ses parents. Camille tenta de parler à sa mère, mais rien ne changea.

Tu veux te marier?Patiente!Le ventre dépasse le nezcest que tu es adulte! sécria la bellemaman.

Camille nétait plus heureuse dans son mariage. Elle aurait pu fuir, si ce nétait pas pour le petit bébé à venir. Elle donna naissance à son enfant sans difficulté, mais la vie ne saméliora pas.

Aucun soutien narriva pour le bébé, et aucune corvée ne fut éliminée. Julien rentrait de plus en plus tard, voire parfois ne rentrait pas du tout.

Camille devinait que son mari la trompait, et elle savait avec qui. La vie familiale lui plaisait de moins en moins. Elle vivait comme une servante chez sa bellemère, pleurait la nuit et rêvait dun futur différent.

Lorsquune cousine de la bellemaman, Irène Vauclair, arriva en visite, Camille la trouva dune humeur très dure. Elle observait silencieusement tout dans la maison, parlait peu.

Camille sefforçait de bien faire, de tout accomplir à temps. Elle y parvenait, mais la bellemaman trouvait toujours à redire et se plaignait auprès de sa sœur. Pendant ce temps, Julien nhésitait plus à quitter la maison pour des sorties. La mère se disputait, mais ne pouvait rien faire.

Je me suis mariée sans mon accord! Vivez maintenant avec ma femme! répliqua Julien en partant.

Irène observait tout. Deux semaines sécoulèrent lentement, puis passèrent. Elle commença à préparer son départ.

Et pourquoi être venue? Cinq ans dabsence! marmonna la bellemaman en rangeant les affaires de la cousine.Questce que tu fouilles?

Le matin, tout le monde alla travailler. Camille proposa daccompagner Irène à la sortie.

Je taccompagnerai, puis nous irons nous balader avec MarieClaire.

Jai observé ta famille. Tu es épuisée, tes yeux sont cernés, tu ne tiens plus debout. Comment supportestu tout ça, ma fille? Et astu entendu parler de Julien?

Oui.

Alors, prends tes affaires, viens avec moi, reposetoi loin deux.

Mais comment? On ne me laissera pas repartir, je ne pourrai plus revenir.

Nous réglerons cela. Prends tes bagages, je resterai près de la maison avec le chariot.

Et le billet? Je nai pas dargent.

Ne ten fais pas. Moi non plus je nen ai pas. Un camion arrivera dici deux heures. Dépêchetoi et noublie rien. Le retour sera sans doute impossible. Je te raconterai tout en route. Trois heures de route seulement.

Le camion sarrêta devant le portail. La maison était plus petite que celle de la bellemaman, mais nettement plus agréable. Le conducteur poussa le véhicule dans la cour puis séloigna.

Cest le voisin. Je ne peux pas conduire seule, alors je le sollicite parfois. Si tu veux passer le permis, je taiderai. Entre, comme chez toi, règle les affaires. Ta chambre est à droite.

En demiheure, Irène commença à raconter son histoire.

Ma sœur et moi parlions rarement. Javais une fille qui partit étudier, puis elle mourut dans un accident dalpinisme. Elle aimait les sports extrêmes, les descentes de rivières sauvages.

Sa première expédition se termina en tragédie. Après cela, mon mari me quitta, inconsolable. Je suis restée seule. Jai donc demandé à ma sœur de maccueillir, mais il ny avait plus de place. Julien sest marié, tu es sa fille, et tout repose sur tes épaules. Ils ne comprennent pas.

Ma sœur était habituée à ce que tout soit fait pour elle. Tout le poids ta été jeté dessus. Julien ne taime pas. Pourquoi le garder? Jai tout appris. Personne ne taidera, même tes parents.

Javais prévu de léguer ma maison à Julien, pensant quil aurait une famille stable, mais il Jai décidé. Supportemoi un peu, tout cela sera pour toi. Il est temps de demander le divorce.

Il me reste environ un an. Nous y arriverons. Tu peux mappeler tante Irène. Habituetoi, la maison est désormais à ta disposition.

Et les autres diront quoi

Ne ten fais pas. Ils ont leurs propres problèmes, ne leur donne pas tes soucis! Reste forte, tu as une fille.

Irène passa un peu plus dun an avant de mourir. Camille divorça enfin de Julien, qui se remaria rapidement. Les proches assistèrent aux funérailles dIrène, exprimant leur mécontentement face aux choix de la sœur. Julien essaya de renouer, mais le chemin était barré.

Camille vit maintenant avec sa fille dans sa propre maison. Elle obtint enfin son permis de conduire, poursuit des études à distance à luniversité, et surtout, apprend à vivre de façon autonome. Elle adore cette nouvelle liberté.

Ainsi va la vie: on ne laisse pas un héritage à celui qui lavale, mais à celui qui possède un cœur sincère. Cest la justice du destin.

Et vous, quen pensezvous? Partagez vos réflexions dans les commentaires, laissez un «jaime».

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Pourquoi es-tu même venue ?» demanda la nièce en rangeant mon assiette