J’ai échangé mon appartement contre un plus petit pour aider mes enfants : Maintenant, ils n’ont même plus le temps de venir me voir

Salut ma chère, jai envie de te raconter ce qui mest arrivé récemment, histoire de partager un bout de ma vie. Jai 66ans et toute ma vie, jai cru que la famille, cest le bien le plus précieux. Pas besoin de grands projets, jai juste voulu rester utile, sentir la proximité de mes enfants et de mes petitsenfants, garder ma place à leurs côtés.

Pendant 30ans, jai vécu dans notre grand appartement lumineux de trois pièces à Lyon, au premier étage dun immeuble tranquille. Depuis la cuisine, on pouvait voir le chêne que mon mari, avant de décéder, avait planté dans le jardin. Dans le salon trônait la commode de ma mère, et dans la chambre, un couvrelit brodé à la main que javais confectionné pendant ma grossesse avec ma fille, Claire. Cétait mon chezmoi, mon petit coin de terre.

Mais les enfants ont grandi. Mon fils Pierre, marié à Sophie, a deux enfants, Jules et Léa, et ils habitent un deuxpièces dans un quartier neuf de la banlieue de Villeurbanne. Le crédit, les factures, la crèche, tout coûte cher. Ma fille Béatrice vient tout juste de sortir dun divorce, elle partage un appartement avec sa collègue et court partout.

Un dimanche, pendant le déjeuner, Pierre ma lancé, presque en plaisanterie :
Maman, tas pas pensé à déménager dans un endroit plus petit? Tas tant despace et tu vis toute seule
Jai senti un petit pincement, mais jai souri.
Tu pensais vraiment quon pouvait tout laisser derrière sans rien perdre?

Bien sûr, je je voulais dire, si jamais tu voulais, tu pourrais nous aider financièrement, même en mettant un peu de côté pour un plus grand logement, ce serait super pour les enfants

Jy ai longuement réfléchi, puis jai pris ma décision. Jai vendu notre grand appartement et jai acheté un petit deuxpièces à la périphérie de Lyon, sans ascenseur, avec vue sur le parking au lieu du chêne. Cétait neuf, calme, propre.

Jai donné une partie de largent à Pierre pour quil puisse acheter un logement plus spacieux, et jai aidé Béatrice à régler une partie de ses dettes. Jétais fière, je pensais avoir fait le geste intelligent, que ça nous rapprocherait, que les visites et les appels des petitsenfants seraient plus fréquents, que lon partagerait un thé ensemble plus souvent.

Les premières semaines ont été dures. Les nouveaux voisins nétaient pas très chaleureux, la cage descalier était froide et bétonnée, la cuisine si petite quon ne pouvait même pas installer de petite table. Mais je me répétais que cela en valait la peine, pour eux.

Et pourtant personne ne venait. Béatrice appelait de moins en moins, Pierre répondait toujours pressé au téléphone. Les petitsenfants étaient pris par leurs cours, leurs activités sportives, leurs séances de logopédie. Jessayais de les inviter :
Vous venez samedi? Je prépare un gâteau au fromage.
Maman, on ne pourra pas, on verra la semaine prochaine ou dans deux semaines.
Semaine après semaine, le «la semaine prochaine» se transformait en «un jour, peutêtre».

Un jour, Pierre est venu récupérer des papiers que je gardais pour lui. Il sest arrêté à la porte, a jeté un œil autour et a dit :
Oh là là, cest vraiment à létroit ici. Comment tu fais pour vivre dans ces murs?
Je nai rien répondu. Nous avons bu un thé en silence, puis je me suis assise seule et, pour la première fois, jai vraiment senti quelque chose se briser en moi. Ce nétait pas le petit appartement, ni la vue, ni le manque de place pour une table. Cétait le découragement davoir offert une partie de moi, un morceau de ma vie, dans lespoir de plus de proximité, pour recevoir de lindifférence.

Je ne regrette pas davoir aidé. Si lun deux me demandait encore, je le ferais sans hésiter. Ce que je regrette, cest davoir cru trop longtemps que lamour devait toujours rimer avec sacrifice. Je nai jamais posé de limites, je nai jamais dit «je vous aide, mais je ne veux pas finir seule».

Aujourdhui, je recommence à réassembler ma vie. Je me promène, je me suis inscrite au club senior du quartier, chaque semaine je vais au bingo avec ma voisine. Parfois, je cuisine juste pour moi, jallume une bougie et je minstalle à la table comme si jattendais des invités. Parce que, après tout, je compte aussi.

Les enfants? Ils appellent, mais rarement. Je nattends plus le gâteau au fromage ni le lait frais dans le frigo «au cas où». Jai transformé lespace en silence, et dans ce silence, jentends enfin ma propre voix qui me dit : «cest maintenant ton tour».

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J’ai échangé mon appartement contre un plus petit pour aider mes enfants : Maintenant, ils n’ont même plus le temps de venir me voir
– Je t’ai donné le meilleur de ma vie, et tu m’as échangée contre une jeune femme – lui ai-je dit en demandant le divorce.