Se montrer sous son meilleur jour devant la belle-mère

Romain, le mari de la fille de Françoise Georges, était pour la bellemère un personnage difficile à cerner. Il ne semblait jamais saccoutumer aux exigences du quotidien, et la vie de couple paraissait loin de son quotidien. Souvent absent, il prétextait un travail débordant ou un déplacement urgent avec des amis, comme si rien ne ressemblait à la routine ordinaire.

Françoise, inquiète pour Clémence, voyait déjà les troisans de mariage écoulés sans enfant, et sentait que les amis de Romain semblaient plus précieux que la famille. La jeune femme prétendait que ce nétait pas le moment, quils étaient trop jeunes, mais Françoise craignait quune maîtresse ne se cache derrière les excuses de son mari. Malgré tout, la fille semblait satisfaite et vivait séparée, mais pour Françoise lessentiel était que Clémence soit vraiment heureuse.

Comment intervenir alors? Françoise nétait pas du genre à donner des leçons de morale, mais elle ne pouvait pas non plus laisser la situation se détériorer. Il lui fallait observer Romain de plus près, le comprendre, et ainsi éclaircir les choses. Au fil du temps, elle découvrit quil aimait se mettre en avant, se pavaner devant les gens.

Le jour de son anniversaire, Romain offrit à sa bellemère un gigantesque bouquet de roses. Tous les invités en furent émerveillés, le louant comme «un gendre en or, on voit quil aime sa bellemère». Le bouquet, bien que charmant, coûtait plus de cinqmille euros; Françoise le jugea superflu, mais garda le silence, appréciant le geste.

Elle en conclut néanmoins que Romain possédait du potentiel et quil fallait exploiter ses qualités pour le bien de la famille. Contrairement à dautres gendres qui aident volontiers à la ferme ou qui gagnent davantage, Romain détestait le jardinage et passait son temps à voyager. Une opportunité se présenta lorsquun petit accident survint.

Michel Émile, le voisin, était arrêté à un feu rouge lorsquun conducteur pressé le percuta à larrière, laccusant davoir bloqué la circulation. Michel, homme tranquille, était prêt à assumer la faute pour éviter la dispute. Romain, qui avait récemment promis à Françoise dêtre toujours prêt à aider en cas de problème automobile, arriva en trombe, appela les secours, discuta avec les agents de la police, et fit valoir les articles du code de la route. Michel fut déclaré non responsable.

Après cet épisode, Romain se montra sous un jour nouveau, plus jovial que jamais. Clémence expliqua à sa mère: «Maman, cest mon Romain; il adore les urgences au travail, il a besoin de se sentir héros. Cest pourquoi il fait les pompiers, aide ses amis, sauve des bateaux, même lorsquun copain a chaviré». Françoise sourit, consciente que son gendre nétait pas un mari inactif, mais un homme qui aime se sentir utile.

Lorsque la mère de Françoise, Thérèse, se blessa gravement à la campagne et dut être transportée à lhôpital, elle appela immédiatement Romain. Ce dernier arriva avec une voiture de travail équipée dun siège spécial, chargea Thérèse et la conduisit à létablissement. Depuis ce jour, Françoise respecta davantage son gendre.

Un incident malheureux arriva néanmoins. En hiver, Françoise acheta de petites pelles à un magasin voisin, hors saison. En rentrant, elle glissa près dune voiture, la toucha avec les pelles et déclencha lalarme. Le propriétaire, furieux, laccusa de lavoir rayée. Romain arriva à bord de sa vieille berline, intervint: «Vous vous trompez, la voiture est en bon état, la rayure nest même pas visible. Voici mille euros pour couvrir le désagrément.» Le différend fut réglé à lamiable, préservant la réputation de Françoise.

Grâce à ce geste, laffection de Françoise pour Romain grandit: elle laimait davantage pour son audace et son sens du devoir. Clémence, quant à elle, attendait un enfant. Lors dune réunion familiale où lon évoqua le passé, Françoise mentionna, en plaisantant, que la voisine Lise rêvait dun petit garçon, car les naissances sont plus fréquentes en hiver. Romain, enthousiasmé, se dit prêt à devenir père et à rejoindre les secours du Service de secours et de secours civile.

En été, Clémence annonça quelle était enceinte, et à la fin de lété, le petit Denis arriva, comblant ainsi la famille. Romain, qui naimait pas la campagne, finit par apprécier les retrouvailles familiales quand les enfants allaient voir leurs grandsparents.

Nous sommes tous différents, mais il vaut mieux chercher le bon chez les autres que de sattarder sur leurs défauts. Ainsi, chacun trouve sa place, et la vie devient plus riche de compréhension et de solidarité.

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LA BELLE-MÈRE