La Mélancolie de la Solitude

La solitude

Éléonore, veuve depuis longtemps, attendait quun chevalier lui propose le mariage, mais il la repoussa. Mieux vaut rester seule que dépendre dune aide gratuite qui ne dure que lété.

«Alors, toi, la solitaire, que faistu?» lança le voisin. «Un homme ne doit pas rester seul, la femme doit toujours être à ses côtés; sinon, cest anormal Et qui remarquera ton isolement? Tu sais ce que cest, lisolement?»

«Quoi?», ricana Éléonore, agacée par ses remarques creuses.

«Lisolement, cest la pire des prisons!» sexclama Mireille, sa sœur, sans rien comprendre au propos. «Cest comme vouloir offrir de leau à quelquun qui na même pas soif.»

«Où?» sécria Éléonore, surprise.

«À Karaganda!», rétorqua Mireille, avant de réaliser que sa blague ne faisait rire personne.

Éléonore vivait depuis dix ans dans le quartier de Belleville, où son petit magasin de bonbons, hérité dun oncle généreux, était devenu la seule source de revenus. Un jour, son mari était parti, laissant derrière lui la boutique et leurs deux enfants. Les enfants grandirent et séparpillèrent : le fils a trouvé du travail à Lyon, la fille a épousé un Français et sest installée à la campagne. Éléonore resta seule dans un petit deuxpièces du centre de Paris.

Sa vie solitaire ne la gênait pas. Elle tenait un petit commerce de pâtisseries, gagnait assez pour vivre confortablement, et recevait souvent la visite de ses petitsenfants et de Mireille. Malgré une intelligence modeste, elle trouvait toujours des occupations pour ne pas sennuyer. Elle lisait, nageait, faisait du yoga, aimait voyager, et même parfois organisait des sorties à la montagne avec des amis.

Un jour, Mireille, inquiète pour lavenir de sa sœur, lui proposa :

«Écoute, Éléonore. Un bon mari, même sil nest pas riche, peut te soulager. Il y a un agriculteur à la campagne qui cherche une femme pour laider à gérer la ferme : vaches, chèvres, porcs, œufs Tout le nécessaire pour une vie saine. Loin du bruit de la ville, tu pourrais enfin respirer.»

Éléonore, dabord sceptique, décida de rencontrer Jean, le propriétaire dune petite exploitation près de la Loire. Il était grand, musclé, aux mains rugueuses mais propres, et parlait doucement, presque comme un poète.

«Tu vois, Éléonore, jai besoin dune compagne pour partager le travail, le lait, le fromage», dit Jean. «Si tu veux, tu peux rester ici, prendre la ferme, et nous pourrons tous les deux profiter dune vie simple et honnête.»

Éléonore, touchée par la sincérité de Jean, pensa aux mots de Mireille et à la fatigue de sa solitude. Elle décida finalement de rester à Paris, où son commerce prospérait, où elle pouvait soccuper de ses petitsenfants et continuer à vivre à son rythme.

«Mireille, je ne veux pas me remarier», déclara-t-elle en lui serrant la main. «Je préfère garder mon indépendance, même si cela signifie rester seule parfois.»

Mireille acquiesça, comprenant que le bonheur ne se mesure pas à la présence dun époux, mais à la paix intérieure.

Éléonore acheta un vieux vélo, paya ses factures en euros, continua à cultiver son jardin de balcon et à préparer des tartes aux pommes pour les voisins. Elle navait plus besoin de chercher un «bon mari», car elle avait trouvé la satisfaction dans son travail, ses relations et sa liberté.

En regardant le lever du soleil depuis son balcon, elle se dit :

«La solitude nest pas une peine quand on sait lapprivoiser.»

Ainsi, Éléonore comprit que le vrai trésor ne réside pas dans le nombre des personnes qui nous entourent, mais dans la capacité à être en paix avec soimême.

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