J’ai déjà tout décidé, maman ! Ne recommence pas. – Vanya fixait obstinément la fenêtre.

Jai déjà tout décidé, maman! Ne recommence pas. Léo, les yeux obstinés, fixait la fenêtre.
Tu nes quun traître!
Moi?!! sécria le gamin, outré. Cest moi le traître?!!
Il sélança hors de la pièce, se referma sur lui-même, senfonça le visage dans loreiller et sombra dans le passé.

Cétait lété, Léo venait davoir sept ans. Pour son anniversaire, son père lui offrit un magnifique vélo à figures, le même dont il rêvait depuis toujours. Léo passait ses journées à faire la course avec les copains dans la cour et en oubliait presque que lanniversaire du père approchait. Le grandpère le ramena à la réalité.

Petit, astu déjà pensé au cadeau pour papa?
Pas du tout, répondit le petit. Grandpère, questce que je pourrais offrir à papa?
Si tu veux, je peux taider. On le fera à deux.

Pendant deux semaines, Léo et le grandpère sculptèrent ensemble un coffret à clés en bois, le découpèrent, le carbonisèrent, le ponçèrent, y attachèrent de petites crochets brillants. Léo travaillait à égalité avec le vieil homme, au point den oublier presque son nouveau vélo.

Le jour de son anniversaire, le père était dhumeur joviale et détendue. Il reçut les félicitations, loua le présent de Léo, serra le grandpère dans ses bras, lembrassa. Maman offrit à son mari un pull très à la mode ; il plaisanta en disant que sil navait pas une épouse si remarquable, il pourrait même se marier dans ce pull. Maman, en riant, le taquina dun chiffon blanc, prétendant quelle navait jamais vu un tel éclat.

Assis autour de la table de fête à la campagne, le père déclara soudain:
Mes chers, excusez-moi, mais jai moi aussi préparé un cadeau. Jai réalisé, enfin, le rêve de mon enfance.
Il courut vers la menuiserie où la machine était arrêtée, revint avec un panier en osier. Léo le regarda, étonné: à lintérieur dormait paisiblement un gros chiot noir.

Voici Bastien, dit le père.

Maman, dun regard moqueur, lança:
Oh mon Dieu, tu gères!

Le père, affichant un sourire denfant, faisait la moue en voyant le chiot, impossible de rester amer. Léo était tout simplement conquis.

Rapidement, Bastien fut adopté par toute la famille. Le petit Stafford?Terrier grandit en un chien robuste, à la poitrine large, au caractère étonnamment calme et optimiste. Il aimait par-dessus tout son père, comme sil comprenait que le père était la personne la plus importante de sa vie. Il aimait aussi les autres membres du foyer. Il jouait à la balle avec Léo, se prélassait sur la table de cuisine pendant que maman cuisait, suivait le grandpère aux visites, et regardait la télévision. Pour son père, il était prêt à affronter le feu et leau, laccompagnant partout où il était possible, et le sauva même dun grave danger une fois.

Un soir, le père promenait Bastien dans le vieux parc près de la maison. Ils rentrèrent tard, la nuit était déjà sombre, et le père, à contrecourant, laissa le chien sans laisse. Bastien disparut parmi les buissons, occupé de ses affaires canines. Le père avançait tranquillement, tirant légèrement la laisse pour que le chien ne séloigne pas trop.

Soudain, deux silhouettes surgirent de lobscurité sur le chemin.
Alors, on fume ou on donne largent? demandèrentils dune voix rauque.
Je nai ni lun ni lautre, répondit calmement le père. Je ne fume pas, je ne vole pas.
Tu veux quoi, alors?
Rien, répondit le père.
Hé, tes pas un petit chien! lança lun, sortant un objet tranchant de sa poche.

À ce moment, Bastien jaillit des buissons, noir comme une mouche, imposant sous la lune. Les malfaiteurs reculèrent, stupéfaits.
Suismoi! ordonna le père, prenant la laisse et les invitant à séloigner.
Allez, les gars, ne cherchez pas dennuis, réponditil. Je nai rien à vous offrir, et je ne veux pas agiter mon chien.

Plus tard, chez lui, le grandpère, le souffle court, demanda à Léo dans le combiné:
Petit, tu sens que quelque chose cloche?
Oh, grandpère, jaurais dû tappeler plus tôt! je file!

Ivan, le professeur, prit le train, rentra à la maison, déclara que les secours étaient arrivés, et sassit près du lit du grandpère. Une infirmière jeune, blonde, sapprocha, rassurée, et le père lui dit: «Bastien est doux, il ne mordra pas.»

Le petit Léo, maintenant quinze ans, avait perdu son père lan dernier dune leucémie fulgurante. Son frère, Germain, était venu soccuper deux, mais il était allergique aux chiens. Quand le problème fut découvert, la mère tenta de convaincre Léo de donner Bastien à quelquun. Léo, les larmes aux yeux, refusa, cherchant désespérément une famille qui accepterait le chien. Le grandpère, trop faible, ne pouvait plus soccuper de Bastien.

Pas dabri pour lui! déclara le père, les larmes aux yeux. Bastien est à nous!
Léo, mais Germain est aussi à nous, dit la mère, luttant contre les sanglots. Le chien vautil plus que ta vie? plus que la mienne?
Maman, je ne veux pas que le chien parte, il est ma famille, la nôtre, même la vôtre, dit Léo en sanglotant.

Finalement, la mère proposa daller vivre chez le grandpère. Le grandpère, dans son couloir, montrait la clé du coffret à clés, où la laisse de Bastien pendait, et Léo, déterminé, décida de tout garder.

Le père, au téléphone, rassura le grandpère: «Laissele à moi, nous nous en occuperons, ce nest pas la première fois.» Germain, plus tard, confirma: «Je vais aider, je ne veux pas que vous vous sépariez du chien.»

Le soir même, Léo, la mère, le grandpère et Bastien sinstallèrent dans la petite pièce où la TV brillait.

Léo, entonna le grandpère, mon cœur est lourd, mais je sens que tout ira bien.
Jarrive, répondit Léo, je rentre tout de suite.

Le lendemain, Léo, le frère, le petit Éléonore, la nouvelle infirmière, et Bastien se promenèrent dans le quartier, le chien gardant la poussette de la petite Romain, nouveau-né, comme un protecteur impérieux.

Les années passèrent, Bastien devint le gardien des parents, de lenfant, du voisinage, toujours présent, toujours fidèle. Le grandpère retrouva la joie de conduire avec son petitfils, sortant rarement, sauf avec Léo.

Un soir, Léo demanda à Ivan:
Puisje passer à la boutique? Romain dort, mais je reviens vite.
Ivan, souriant, dit: «Pas de souci, nous serons prêts.»

Dans la chambre, la mère, linfirmière Kelsey, et Bastien se reposèrent, le chien sétirant près du fauteuil, rassurant chacun.

Finalement, la santé dIvan déclina soudainement, la douleur perça sa poitrine, le souffle manqua. Bastien se précipita, lécha son visage, et le petit Romain éclata de rire, malgré le drame. Le chien, toujours alerte, aboya brièvement, mais lhomme ne se releva pas. Lenfant, effrayé, se blottit contre le chien.

La porte souvrit brutalement, la police entra, mais Bastien, fidèle, se rua hors de la pièce.

Le lendemain, la mère, le père, le grandpère, Léo, et le petit Romain fêtèrent la vie, reconnaissants davoir un compagnon aussi dévoué.

Et ainsi, au fil des jours, ils comprirent que la richesse la plus précieuse nest ni le vélo, ni les cadeaux, ni même largent. Elle réside dans lamour partagé, la solidarité et la fidélité dun cœur qui bat pour les siens. La vraie leçon de la vie: les liens du cœur sont éternels et surpassent toutes les épreuves.

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