Je pensais épouser un homme d’affaires prospère jusqu’à ce que sa véritable femme avec ses trois enfants se présente à notre mariage.

Je pensais épouser un homme daffaires prospère, jusquau jour où la véritable épouse est arrivée à la cérémonie, accompagnée de ses trois enfants.

Ma chère, vous perdez la tête ! Cest une création exclusive, on ne peut pas la transformer comme on veut ! ai-je lancé, en agitant les bras comme un comédien. Cest comme demander à Léonard de dessiner des moustaches sur la Joconde !

Je paie quatre cent cinquante euros pour cette robe et je veux quelle tombe à point, déclarait Maïwenn dune voix calme, bien que son cœur battait la chamade. Vous voyez, il faut enlever lexcédent de tissu. Jai perdu du poids ce moisci.

La dernière fois, vous pesiez exactement la même chose ! poursuivait le couturier, exaspéré. Les mariées ne changent pas de silhouette du jour au lendemain. Cette robe a été taillée sur vos mensurations.

Monsieur Armand, soupira Maïwenn, la cérémonie est dans trois jours. Pas le temps pour des disputes. Faites les retouches que je demande, sil vous plaît.

Je la regardai dun air indigné, mais je hochai finalement la tête. La robe était effectivement trop ample. Maïwenn avait perdu cinq kilos en un mois, non pas grâce à des régimes, mais à la course folle entre les invitations, le restaurant, le photographe, le fleuriste Son fiancé, Laurent Dupont, était trop absorbé par son entreprise de construction pour soccuper des détails.

Daccord, adoucit Armand en piquant la toile de petites épingles, on va en faire une reine. Mais ne perdez plus du poids, je ne pourrai pas garantir le résultat.

Maïwenn sourit à son reflet. La robe blanche, avec son haut en dentelle et sa jupe ample, était tout simplement féerique. Elle se tourna, admirant la silhouette, se demandant si, dans trois jours, elle deviendrait bien la femme de Laurent, propriétaire dune société de BTP et, selon elle, lhomme le plus charmant quelle ait jamais rencontré.

Son téléphone vibra. Un message de Laurent : « Retardé par une réunion, on se voit ce soir. Bisous. »

Elle retint un soupir. Troisième retard de la semaine. Mais le travail exigeait son attention. Après le mariage, ils auraient plus de temps lun pour lautre.

Ce soir-là, assise dans le salon en attendant Laurent, elle triait les photos pour lalbum de noces. Leurs premiers voyages à la mer, le ski à Cannes, le dîner où Laurent lui avait demandé sa main Dix mois, ce nétait pas long, mais elle savait quil était lélu, alors pourquoi attendre davantage ?

Le verrou de la porte claqua Laurent rentra, fatigué mais souriant, jeta sa veste sur le fauteuil et lembrassa.

Désolé pour le retard. Les investisseurs de Lyon réclament mon attention.

Pas de souci, répondit-elle, tu as faim ? Je réchauffe le dîner.

Jai déjà mangé au bureau, lança-til, raconte-moi la séance dessayage.

Pendant quelle décrivait le couturier capricieux, Laurent hocha la tête distraitement, les yeux glissant parfois vers lécran de son smartphone.

Tu ne mécoutes pas, remarqua Maïwenn.

Pardon, affaire urgente, il envoya un court message, que disaisje ?

Peu importe, se levaelle, je vais prendre une douche. Quelle journée épuisante.

Leau lavait la fatigue mais pas langoisse. Récemment, Laurent semblait distant. Peutêtre le stress du mariage ? Ou des problèmes professionnels ? En sortant de la baignoire, elle entendit une voix basse au téléphone dans la chambre.

Oui, tout va bien. Non, ne tinquiète pas, je contrôle tout oui, bien sûr moi aussi

Elle resta figée dans le couloir. Avec qui parlaitil de cette façon ? Elle sapprocha doucement de la porte.

Je rentre bientôt, disait Laurent avant de raccrocher.

« Chez nous ? » pensa-telle. Elle ouvrit la porte.

Avec qui étaistu au téléphone ?

Laurent sursauta, se retourna :

Avec Victor, mon adjoint. On préparait la réunion de demain.

Mais tu avais dit que tu rentrerais bientôt.

Quoi ? il fronça les sourcils, puis rit, ah, jai juste dit que jarriverais au bureau. Je me suis mal exprimé. Je suis fatigué, Maïwen.

Elle voulut répliquer, mais il lenlaça déjà, parfumé dun parfum de niche, légèrement entremêlé dune note florale féminine. Elle repoussa lidée que ce soit sa secrétaire qui lavait accompagné en réunion.

Dans trois jours, tu seras la Madame Dupont, murmuratil, ça sonne bien, non ?

Elle acquiesça, se blottissant contre lui, les doutes fous de la future mariée se mêlant aux nerfs du jour J. Questce qui pourrait mal tourner ?

Le lendemain, elle se rendit chez son amie Claire pour récupérer les souliers quelle voulait orner de strass.

Tu as lair préoccupée, lança Claire en versant du thé. La panique prémariage ?

Je ne sais pas, répondit Maïwenn en tournant sa tasse, hier, Laurent parlait au téléphone, disait quil rentrerait bientôt, alors quil était déjà chez nous.

Et alors ? Peutêtre quil sest mal exprimé.

Il a dit ça, mais le ton était différent. Et il sentait du parfum féminin.

Maïwenn, tu deviens paranoïaque, secouatil la tête. Il a des centaines demployés, la moitié sont des femmes. Ce nest pas étonnant quil porte du parfum.

Oui, peutêtre, sourittelle, même si linquiétude persistait.

Vous êtes prêts pour la vie à deux ? Vous navez même pas vécu ensemble.

On a passé des weekends ensemble, on est allés en vacances. Cest suffisant pour connaître quelquun.

Et les parents ? Il ne ta jamais présentée aux siens ?

Ils habitent à Nice, sont retraités, ils viendront au mariage.

Pas une seule visite en dix mois ?

Il est très occupé. Tu sais, son entreprise, le bureau du centre, les voyages à létranger Ce nest pas que ses partenaires ne viendront pas, ils viendront. Victor sera là, ainsi que quelques autres.

Claire hocha la tête, mais resta silencieuse. Maïwenn savait que sa compagne la voyait dun œil méfiant depuis le début : trop parfait, trop mystérieux, trop pris. Tous les hommes ne sont pas des livres ouverts, nestce pas ?

Le soir même, elle décida daborder le sujet. Dans la cuisine, Laurent parcourait des dossiers sur sa tablette pendant quelle préparait le dîner.

Laurent, je voulais savoir commençatelle, en remuant la sauce, sommesnous vraiment prêts à nous marier ?

Il releva les yeux, surpris :

Comment ça ?

Nous ne savons pas grandchose lun de lautre. Je nai jamais mis les pieds chez toi, je ne connais pas tes parents, et tes amis

Maïwenn, on en a parlé cent fois, réponditil, posant la tablette. Je passe la plupart du temps chez toi parce que ma maison est en rénovation. Tu rencontreras mes parents au mariage. Quant aux amis je nen ai pas beaucoup, je suis un bourreau de travail, tu le sais.

Oui, mais

Pas de « mais », il savança et lenlaça par derrière. Dans deux jours, tu seras ma femme. Nous vivrons dans la nouvelle maison que jai achetée pour nous. Une vie belle, je te le promets.

Elle acquiesça. Cette maison, elle ne lavait jamais vue, il disait quil la lui montrerait après le mariage, un geste romantique qui, paradoxalement, la rendait nerveuse.

Au fait, lançatelle, astu récupéré nos alliances chez le bijoutier ?

Laurent resta figé un instant.

Pas encore. Jirai demain.

Je peux y aller moimême ? Jai besoin dy être.

Non ! sexclamatil, assez brusquement. Cest mon affaire, je moccupe de tout.

Cette nuit-là, Maïwenn ne put dormir. Laurent dormait à côté, mais elle fixait le plafond, tentée de comprendre ses propres émotions. Elle laimait, lui faisait confiance, pourquoi une partie delle criaitelle au danger ?

Le matin, Laurent partit tôt, prétextant régler les derniers dossiers avant le grand jour. Seule, Maïwenn décida dappeler Victor, le supposé adjoint.

Bonjour, cest Maïwenn, la future épouse de Laurent Dupont, annonçatelle. Jai besoin dinformations sur le repas de demain.

Pardon ? demanda Victor, surpris. De quel repas parlezvous ?

De notre mariage, insistatelle, sentant le froid lenvahir. Vous êtes invités, non ?

Victor resta muet un long moment.

Je ne connais aucun Laurent Dupont, déclaratil finalement. Vous avez dû vous tromper de numéro.

Mais vous êtes censé être son adjoint dans la société de construction

Je suis comptable dans une agence de voyages, corrigeatil. Je nai jamais travaillé dans la construction.

Maïwenn seffondra sur sa chaise, les jambes comme en coton. Elle remercia Victor et raccrocha, puis chercha sur internet la société que Laurent prétendait diriger. Aucun résultat, aucun directeur du nom de Dupont. Elle fouilla les réseaux sociaux, les projets immobiliers, aucune trace.

Elle ouvrit le coffre où se trouvaient le passeport, le permis de conduire et la carte de visite de Laurent. Le numéro indiqué nexistait pas.

Le téléphone sonna de nouveau cétait Laurent qui rentrait. Elle rangea tout précipitamment.

Questce que tu fais ? demandatil, lembrassant sur la joue.

Je regarde nos photos, mentitelle. Demain, cest le grand jour.

Oui, sourittil. Jai récupéré les alliances. Tu veux les voir ?

Il sortit une petite boîte de velours, révéla deux anneaux dor scintillant.

Magnifiques, chuchota Maïwenn, la gorge serrée.

Tu les essayes ? proposatil, sortant lanneau le plus petit.

Non, reculatelle. Mauvais présage. Tu les mets demain.

Il rit :

Superstitieuse, hein ? Daccord, surprise alors.

Il sentait le parfum cher qui lentourait, légèrement mêlé à une note féminine. Elle se dit que peutêtre cétait la secrétaire qui lavait accompagné en réunion.

Je vais chez Claire, annonçatelle. Je passerai la nuit chez elle. La tradition veut que le marié ne voie pas la mariée avant la cérémonie.

Bien sûr, acquiesçatil. Moi aussi je vais voir un ami. À demain, ma chère.

Il lembrassa longuement, tendrement, comme pour un dernier adieu. Une larme roula le long de sa joue.

Chez Claire, elle raconta tout : lappel à Victor, les recherches, les incohérences de Laurent.

Jai peur quil ne soit pas qui il prétend être, concluttelle, essuyant ses larmes.

Vérifions encore, proposa Claire, ouvrant son ordinateur. Son nom complet ?

Laurent Ivo Dupont.

Date de naissance ?

Le quinze mai milleneuf cent soixanteneuf.

Claire chercha, fronça les sourcils.

Aucun résultat. Un homme daffaires devrait apparaître quelque part, dans la presse ou sur internet.

Peutêtre il est discret ?

À ce point ? secouatelle la tête. Et ce faux Victor Maïwenn, on te ment. Pourquoi ?

Pour largent ? suggéra Maïwenn. Mais je nai rien. Je suis simple professeure.

Un appartement ? Une voiture ?

Lappartement appartient à mes parents, pas de voiture.

Peutêtre un escroc qui veut se marier puis fuir avec les cadeaux ?

Ça arrive, oui.

Claire hocha la tête, convaincue. Maïwann passa une nuit blanche, puis, au petit matin, prit la décision : elle irait à la cérémonie, regarderait lhomme qui lavait trompée dix mois et demanderait pourquoi.

Le mariage se tenait dans un petit restaurant à la campagne. Maïwenn arriva une heure avant le début, pour se changer et se préparer. Les invités étaient déjà là : ses parents, ses amies, quelques collègues. Aucun homme de Laurent nétait visible.

Dans la loge de la mariée, ses amies laidaient à shabiller, à coiffer. La robe était parfaite, mais elle se sentait mal à laise, comme dans une peau qui ne lui appartenait pas.

Laurent est arrivé, annonça lune delles en entrant.

Le cœur de Maïwenn saccéléra. Étaitil vraiment là ?

Le mariage devait commencer dans quinze minutes. Elle regardait les derniers invités arriver quand un minivan argenté sarrêta à lentrée. En sortit une femme bien habillée, visiblement inquiète, accompagnée de trois enfants. Elle leur parla, puis ils savancèrent vers le restaurant.

Un frisson parcourut Maïwenn. Un pressentiment lui disait que ce nétait pas une coïncidence. Elle sortit de la loge, se précipita dans la salle où les convives se tenaient déjà. Là, Laurent, dos au vestibule, discutait avec le responsable des inscriptions. La porte souvrit et la femme pénétra.

Le silence se fit. Laurent se retourna lentement, le visage blême.

Pierre ? balbutia la femme, la voix tremblante. Questce qui se passe ?

Maïwenn savança, toujours confuse.

Qui êtesvous ?

Je suis Alice, répondit la femme. Ta mère ma appelée, elle ma dit que tu allais te marier! Pierre, papa, on a trois enfants!

Le bruit sintensifia. Les invités chuchotaient. Maïwenn sentit le sol se dérober sous ses pieds, sagrippant à la chaise la plus proche.

Pierre, lança la femme, il sappelle en fait PaulDupont. Cest mon mari, le père de mes enfants, gérant dune concession automobile.

Les enfants, deux garçons et une petite fille, la regardaient, incrédules.

Papa? demanda le plus âgé. Pourquoi tu portes un costume? Tu te maries?

Calmetoi, Kirill, intervint Alice. Papa nous expliquera tout.

Paul, ou plutôt Pierre, chercha ses mots :

Alice, les enfants, suivezmoi dehors, je vous expliquerai.

Non, je ne pars pas sans savoir ce qui se passe, semporta Alice, les bras croisés.

Maïwenn sapprocha, les yeux rivés sur lhomme quelle croyait être son futur époux.

Comment tappellestu vraiment ? demandatelle doucement.

Je compris, face à cet imposteur démasqué, que ma liberté résidait dans le départ, et je quittai la salle, le cœur allégé, pour ne plus jamais revenir.

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Je pensais épouser un homme d’affaires prospère jusqu’à ce que sa véritable femme avec ses trois enfants se présente à notre mariage.
COMMENT A-T-ELLE PU SE POINTER CHEZ MOI ET TERRIFIER MES ENFANTS ? JE L’AI HURLÉ : ‘DÉGAGEZ DE LÀ !’