Une Belle-mère au Cœur de Mère

**Une Belle-mère au Cœur de Mère**

Il ny a pas si longtemps, les rires et les chants résonnaient encore lors du mariage. Famille et amis sétaient réunis pour célébrer, sans imaginer que ce serait leur dernière rencontre. Seule la belle-mère, Praskovia, restait sombre, le regard noir. Cette frêle et délicate bru, si jolie mais si fragile, ne lui inspirait que méfiance. « Elle est belle, certes, mais à quoi bon cette beauté si elle ne peut même pas soulever un fagot ou tenir une fourche ? Moi, jai labouré toute ma vie, et voilà que mon fils ramène une poupée de porcelaine au lieu dune femme solide. »

Marie, la jeune épouse, sentait ce mépris, malgré les paroles rassurantes de son mari, Michel. « Ma mère naime pas les femmes délicates, lui avait-il dit. Pour elle, la force est dans les épaules larges, dans les mains calleuses. Elle a dompté des chevaux, retourné des champs seule Elle na jamais eu besoin dun homme. »

La mère de Marie, Thérèse, navait pas non plus voulu ce mariage. Elle connaissait Praskovia, cette veuve au caractère de fer, qui changeait les poutres de sa maison seule et fauchait les foins plus vite quune équipe entière. « Quelle bru pourrait jamais lui plaire ? » se demandait-elle. Mais Marie avait refusé de lécouter. Elle croyait quavec lâge, Praskovia sadoucirait, quelle se contenterait de garder les futurs petits-enfants.

Personne ne savait que la guerre grondait déjà à lhorizon. Six mois après les noces, elle éclata, balayant tout sur son passage. Michel, tendre et protecteur, ne cessait de choyer sa jeune femme, ce qui exaspérait Praskovia. « Un homme qui ne laisse même pas sa femme porter un seau deau ! Quel faible »

La vie de Praskovia navait jamais été tendre. Mariée jeune à un veuf timide et buveur, elle navait connu ni amour ni douceur. Seul Michel, son fils adoptif, avait su toucher son cœur. Elle lavait élevé avec rigueur, alternant coups de ceinture et câlins, lui apprenant à travailler dur. À la mort de son mari, elle avait simplement murmuré : « Dieu merci pour toi, mon fils. Jai essayé dêtre une mère, pas une marâtre. »

Quand Michel partit au front, Praskovia seffondra. Marie, malgré sa peur, vint la réconforter. « Prie pour lui, supplia la vieille femme. Sil meurt, je naurai plus de raison de vivre. »

Les jours devinrent un enfer. Marie, maladroite et faible, peinait aux tâches ménagères. Praskovia ronchonnait, mais sans méchanceté. Puis un matin, elle comprit : Marie était enceinte. La faim rôdait, mais Praskovia avait caché des réserves. Elle força Marie à manger, malgré ses nausées. « Assieds-toi et ne bouge pas. Si tu ne peux pas travailler, au moins ne te fatigue pas. »

Les lettres de Michel se firent rares. Praskovia priait chaque nuit : « Prends ma force, Seigneur, donne-la à mon fils. »

Quand le jour de laccouchement arriva, la tempête faisait rage. Praskovia, terrifiée, attela le cheval et emporta Marie chez la sage-femme. Les heures furent une lutte entre la vie et la mort. Enfin, un cri perça la nuitun petit garçon, vigoureux, naquit. Marie, épuisée, survivrait-elle ?

Praskovia changea. Elle veillait sur le bébé, cousait des langes dans les chemises de son défunt mari. « Je nai plus besoin de me préparer pour lau-delà, dit-elle à Marie. Cest ici que je dois être. »

Marie se rétablit, devint plus forte. Le lait ne manquait pas, et elle apprit à gérer la ferme. Puis vint la victoire. Les hommes rentraient, mais pas Michel. Jusquà ce jour dété où Ivan, leur fils, trébucha contre un soldat. Lhomme le souleva, le cœur battant. « Où habites-tu, petit ? »

Quand Michel entra dans la maison, Praskovia et Marie restèrent muettes. Puis les larmes coulèrent. « Nous navons jamais douté de ton retour », murmura Marie.

Michel serra sa famille contre lui. « Je savais que vous mattendiez. »

Praskovia les regarda, les yeux brillants. Le bonheur, elle pouvait enfin le toucher.

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