— Maman, je te présente, — dit Victor en avançant une jeune femme, — voici Aline. Ma fiancée.

**Journal dun père désemparé**

Hier, mon fils, Théo, est arrivé avec une jeune femme à la maison. « Maman, je te présente Élodie, ma fiancée. » Jai failli meffondrer sur la chaise derrière moi. Mon petit Théo, si doux et timide, ressemblait à un collégien à côté de cette femme, bien plus âgée que lui.

Élodie, les mains dans les poches de son jean et mâchant bruyamment un chewing-gum, ma lancé un « Salut » avec lassurance de quelquun qui a lhabitude de commander. Jai balbutié un « Bonjour » sous le choc. Théo sest déchaussé en lui faisant signe den faire autant.

« On va vivre chez Élodie, hein, ma puce ? » a-t-il dit. Elle a juste hoché la tête, sans cesser de mâcher. Jai demandé à parler à mon fils en privé.

« Parlez devant moi, a rétorqué Élodie en sinstallant dans le fauteuil, la télécommande à la main. » Elle a allumé la télé et a commencé à zapper. « On na pas de secrets, Théo et moi. Cest vrai, mon petit éléphant ? »

Mon fils a rougi en acquiesçant. Jai repris mes esprits. « Théo, tu es sûr quelle te convient ? Elle a au moins dix ans et demi de plus que toi. »

« Huit ! » a corrigé Élodie. « Et ça na aucune importance. Vous avez un problème avec ça ? Je suis indépendante, bien installée, une femme accomplie »

« Justement ! Une femme ! Et mon fils a à peine vingt ans ! » ai-je gémi, me prenant la tête dans les mains.

« Eh bien, quelquun devait bien en faire un homme, vu que personne ne sen est chargé avant », a-t-elle ricané.

Jen suis restée bouche bée.

« Maman, on est venus pour te demander de largent pour le mariage », a fini par dire Théo.

Je nen revenais pas.

« Et pourquoi moi ? »

Élodie a haussé un sourcil. « Depuis quand ce ne sont pas les parents du marié qui paient la noce ? Mes parents sont du même avis. »

Jai éclaté de rire. « Cest bien trouvé ! Vous vous débarrassez dun invendable et en plus, vous demandez de largent ? Cest plutôt à vous de me payer pour lui avoir trouvé une vieille ! Non, je ne donnerai rien. »

Élodie sest levée, un sourire narquois aux lèvres. « Pleurez donc, vieille chipie. Allez, mon petit éléphant, on se débrouillera sans elle. »

Elle est sortie, Théo sur ses talons. En passant devant moi, il ma jeté un regard suppliant, mais je me suis détournée.

« Pourquoi lappelles-tu petit éléphant ? » ai-je quand même crié.

« Parce quil a de grandes oreilles ! » a-t-elle répondu avant de claquer la porte.

Je me suis effondrée à la cuisine, noyant mon chagrin dans des gaufres. Mon pauvre Théo, si fragile, tombé entre les griffes de cette harpie.

Plus tard, Élodie a proposé dorganiser le mariage à la maison de campagne. « Ça nous fera des économies. »

Jai fini par céder et leur ai donné les clés, à contrecoeur.

Le jour du mariage, une trentaine dinvités ont débarqué. Les parents dÉlodie, aussi guindés que des paons, nont pas supporté la campagne. Son père, après deux verres de cognac, draguait les demoiselles dhonneur. Sa mère se plaignait des moustiques.

Le jardin était saccagé : grillades entre les plates-bandes, légumes arrachés, bûches de chauffage utilisées pour le feu. Jai dû indiquer les toilettes à des invités qui se soulageaient derrière les pommiers.

La fête a duré toute la nuit. Au petit matin, les jeunes mariés sont partis en voyage, laissant derrière eux un champ de bataille. Les invités ont disparu un à un, sans nettoyer.

En rangeant, jai trouvé une enveloppe pleine dargent oubliée sur le rebord de la fenêtre. Assez pour payer une société de ménage.

Jai siroté mon café en souriant. « Bon voyage, les enfants. »

**Leçon du jour :** Parfois, il vaut mieux payer pour la tranquillité que de compter sur la bonne volonté des autres.

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— Maman, je te présente, — dit Victor en avançant une jeune femme, — voici Aline. Ma fiancée.
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