Galia, la maîtresse au destin tragique : Un mariage qui ne lui a pas réussi.

12mai2025

Je me surprends encore à écrire ces lignes, comme si le papier pouvait absorber le poids de mes pensées. Depuis mon enfance, je me suis toujours sentie à la dérive, une amoureuse clandestine sans jamais avoir trouvé le chemin du mariage. Jusquà trente ans, jai erré parmi les célibataires, et cest seulement alors que jai décidé de chercher un vrai compagnon. Au départ, je ne savais pas que Paul était déjà marié, mais il na pas tardé à le révéler dès quil a compris que je my étais attachée.

Jamais je nai reproché quoi que ce soit à Paul. Au contraire, je me suis flagellée pour cette liaison, pour ma faiblesse face à lui. Le sentiment dinfériorité ne cessait de croître, comme un nuage qui sépaissit à mesure que le temps séchappe. Je ne suis pas la plus belle je ne suis pas une déesse, mais jai un visage doux, légèrement rondelette, ce qui trahit mon âge.

Notre relation navançait nulle part. Rester la maîtresse ne me plaisait plus, mais lidée de le quitter me terrifiait. La solitude était un gouffre que je ne voulais pas affronter. Un jour, mon cousin Sébastien, de passage à Paris pour un déplacement professionnel, est venu me rendre visite. Nous avons déjeuné dans la petite cuisine de notre appartement, bavardant comme autrefois, rappelant les souvenirs denfance. Jai tout raconté à Sébastien, les larmes ont coulé, la vérité a bouillonné.

Alors que je méclipsais vingt minutes pour aider notre voisine à évaluer ses achats, la porte a sonné. Sébastien, pensant que je revenu, a ouvert. Sur le seuil se tenait Paul, lair perdu, observant le gros gars en survêtement qui mâchait un sandwich au jambon.

«Élodie estelle à la maison?» a demandé Paul, le ton hésitant.
«Élodie est dans la salle de bain,» a deviné Sébastien.
«Pardon, qui êtesvous pour elle?» a insisté Paul, désemparé.
«Je suis son mari, civil. Et vous, pourquoi cette curiosité?» a rétorqué Sébastien, le saisissant par le col. «Ce nest pas le mari de la voisine dont tu me racontais les ragots?Si je te revois ici, je te descends les escaliers, compris?»

Paul sest échappé en courant, et peu après, Élodie est revenue, les yeux rougis. Sébastien ma alors parlé dun homme disponible dans notre petite commune de SaintJean, veuf et pourtant très sélectif. «Il na jamais accepté de nouvelles compagnes après la mort de sa femme,» ma-t-il dit, «mais je le présenterai quand je reviendrai de mon déplacement.»

Jai été horrifiée à lidée dune liaison avec un inconnu. «Cest une honte,» ai-je sangloté. Mais Sébastien a insisté: «Mieux vaut un mari étranger que de rester maîtresse.»

Quelques jours plus tard, nous étions à SaintJean. La femme de Sébastien, Léa, avait dressé une table dans le jardin près du sauna. Les voisins, les amis et le veuf du village, Alexandre, étaient présents. Cétait la première fois que je voyais Alexandre, mais les habitants le connaissaient bien.

Après les retrouvailles, je suis retournée à Paris, pensant à Alexandre, calme et discret. «Il doit être inquiet pour sa femme,» me suisje murmuré, «pauvre homme, si peu de cœurs sincères.»

Une semaine plus tard, un samedi, on a sonné à ma porte. Jétais surprise de voir Alexandre debout, un sac à la main.

«Permettez, Élodie, je suis de passage, je faisais le marché,» at-il bafouillé, prétextant une visite. Je lai fait entrer, lai invité à prendre le thé, tout en sentant que son arrivée nétait pas fortuite.

«Tout ce quil vous faut estil dans le sac?» aije demandé.
«Oui, les courses sont dans la voiture,» atil répondu, puis il a sorti un petit bouquet de tulipes. Mes yeux se sont illuminés en les prenant.

Nous avons parlé du temps, des prix au marché, et quand le thé a fini, Alexandre a commencé à shabiller, à boutonnant son manteau, à enfiler ses chaussures. Il sest arrêté, sest retourné vers moi, et a dit dune voix tremblante :

«Si je partais maintenant sans vous dire un mot, je ne pourrais pas me pardonner.» Il a avoué que toute la semaine il navait cessé de penser à moi, quil était venu grâce à ladresse que Sébastien lui avait donnée.

Je me suis sentie rougir, le regard baissé.
«Nous nous connaissons à peine» aije murmuré.
«Ce nest rien,» ma rassuré Alexandre. «Puis-je vous tutoyer?Je ne suis pas un cadeau, jai une petite fille de huit ans qui vit chez sa grandmère.»

Sa voix tremblait légèrement, ses mains légèrement tremblantes.
«Une fille, cest un bonheur,» aije répondu, rêveuse. «Jai toujours souhaité être maman.»

Encouragé, Alexandre ma pris la main, ma tirée contre lui et ma embrassée. Ses lèvres étaient tendres, et une larme a glissé sur ma joue.

«Suisje désagréable à vos yeux?» atil demandé, inquiet.
«Au contraire,» aije répondu, «cest une douceur inattendue, je ne prends rien à la légère.»

Depuis ce jour, nous nous voyons chaque weekend. Deux mois plus tard, nous nous sommes mariés à SaintJean et avons emménagé dans une petite maison du village. Jai trouvé un poste danimatrice en maternelle. Un an plus tard, notre fille est née, suivie dune autre petite fille. Nous avons deux enfants, aimés et chéris, et lamour qui grandit entre nous devient comme un bon vin qui se bonifie avec le temps.

Sébastien, lors des repas, me lance souvent un clin dœil :

«Alors, ma chère Élodie, quel mari taije trouvé?Tu deviens chaque jour plus radieuse.Je ne te conseillerais jamais le mauvais, écoute ton frère.»

Je pense parfois à ce chemin sinueux, à la douleur dune adolescence perdue, et je remercie le destin davoir mis sur ma route Alexandre, le veuf devenu mon époux, et les deux petites vies qui illuminent nos journées. Le passé reste un écho, mais aujourdhui, le présent est un tableau aux couleurs chaudes, peint à la main, avec les mots simples dune vie enfin apaisée.

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