Oh, écoute, mes parents mont toujours dit dêtre patient quand je leur disais que je naimais pas Élodie. Ils me suppliaient dattendre, comme sils savaient quelque chose que jignorais. Et tu sais comment ça sest terminé, mon attente ?
Mon mariage avec Élodie a été un vrai cauchemar. Elle était exigeante, bruyante, mais bon cest mon père qui la choisie pour moi. Il a repéré la fille dun ami à lui et a décidé quon serait parfaits ensemble. Comme je navais pas dautre petite amie et que javais déjà trente ans, je me suis résigné. Élodie dirigeait tout dans notre couple : tout devait suivre ses plans, ses envies. Selon son programme, notre premier enfant est arrivé, puis le deuxième.
La vie a continué, entre pauvreté et échecs. Il y a eu tant de moments sombres que jai cru vivre en enfer. Je détestais ma femme, mes enfants, et je me suis brouillé avec mon beau-père. Je ne pensais pas men sortir sans divorcer.
Ma mère ma toujours soutenu, mais elle et mon père me répétaient : « Attends, sois patient. » Comme sils connaissaient un secret, avec leur âge, et étaient sûrs que je comprendrais un jour.
Et puis, les enfants ont grandi et sont partis. Je suis toujours avec Élodie, on sest habitués lun à lautre, on sentend bien, et maintenant, je ne pourrais plus imaginer ma vie sans elle. Financièrement, cest stable. On a enfin un bonheur tranquille, comme dans un conte de fées. On est en bonne santé, on ne manque de rien, on saime, et on na plus de vraies inquiétudes. Tout est en ordre. Ça fait longtemps quon na plus à se plaindre. Et un soir, en rangeant le vieux buffet, jai trouvé une lettre jaunie que ma mère avait écrite à mon père, datée davant mon mariage. Elle disait : « Laissons-le vivre son chemin. Il ne comprendra lamour quaprès lavoir traversé, pas avant. » Je lai lue deux fois, puis je lai glissée dans ma poche. Ce soir-là, jai regardé Élodie dormir, et pour la première fois, jai vu non pas celle que javais endurée, mais celle que javais apprise à aimer.







