L’Enfant des Au-Delà qui a sauvé sa Maman

Un garçon de lau-delà sauva sa mère
Un petit garçon mappela et me supplia de sauver sa mère mourante. Elle fut sauvée, mais on découvrit plus tard que le garçon, Maxence, qui mavait appelé, avait été enterré un mois auparavant. Je suis médecin. Au fil des années, jai vécu bien des histoires, tristes, joyeuses ou insolites. Mais lune delles, la plus étrange, me hante encore.

Cela remonte aux débuts de ma carrière, au commencement des années 1980. Fraîchement diplômé de la faculté de médecine, javais été affecté à un dispensaire de campagne. Je mattendais à un bâtiment vétuste, mais ce fut une structure neuve qui maccueillit. Léquipe me reçut avec bienveillance. Jétais comblé ! Rien de notable ne se passa la première semaine, bien que les consultations sétirent tard dans la nuit. Un vendredi, jarrivai plus tôt, espérant ranger mes dossiers avant lafflux des patients. Linfirmière, Aurélie, nétait pas encore là. À peine avais-je commencé que le téléphone sonna.

Je décrochai. Une voix enfantine, claire, me supplia : « Docteur Laurent ! Ma mère va mal ! Rue du Travail, numéro 11. Venez vite ! » « Qua-t-elle ? » demandai-je. « Elle est en train de mourir ! » murmura-t-il. « Pourquoi ? Appelez les urgences ! » mexclamai-je, inquiet. « Il ny a personne, seulement moi. Ma petite sœur nest pas encore rentrée », chuchota-t-il avant que la ligne ne sinterrompe.

Je saisis ma blouse et courus à ladresse indiquée. La porte était entrouverte. « On a appelé un médecin ? » criai-je. Silence. À lintérieur, une femme gisait en travers du lit, pâle comme la mort, les cheveux en désordre. Sa peau était glacée, mais un pouls faible battait encore. Un flacon de médicaments vide traînait par terre. Une tentative de suicide évidente. Je navais jamais eu affaire à cela. Chaque seconde comptait. Jappelai les secours depuis le téléphone posé sur la table de nuit et prodiguai les premiers soins.

Lambulance arriva promptement. Je mentis, prétendant quelle avait mal dosé son traitement par inadvertance, pour éviter quon ne lenferme en psychiatrie on ne badinait pas avec les suicidaires à lépoque. Alors quon lemportait sur un brancard, les voisins sattroupèrent. « Elle est morte, docteur ? » interrogea une vieille femme. « Elle sen sortira », affirmai-je. La vieille soupira : « Cest son Maxence qui lappelle. Il sest noyé. On la enterré il y a un mois. » « Mais elle a dautres enfants, non ? Un garçon et une fille », rétorquai-je. « Elle na plus denfants, il était fils unique. »

Stupéfaction. Qui mavait appelé ? Et de quelle sœur parlait-il ? Je neus pas le temps de réfléchir, le dispensaire mattendait. Aurélie sexclama en me voyant : « Docteur, où étiez-vous passé ? » Je lui racontai létrange matinée. « Je connais cette famille, dit-elle, attristée. Elle sappelle Élodie. Ils attendirent longtemps un enfant. Maxence était leur trésor. Et maintenant » Sa voix trembla. Puis, pensive, elle ajouta : « Une chose méchappe. Comment ont-ils pu vous appeler ? Le téléphone du dispensaire nest même pas encore branché. »

Je la dévisageai, incrédule. Elle souleva lappareil : aucun fil ne le reliait au mur. Un appel dun enfant mort ? Étais-je devenu fou ? Pourtant, javais bien entendu sa voix. Toute la journée, je restai troublé. Après le travail, je me rendis à lhôpital pour prendre des nouvelles dÉlodie. Elle allait mieux, consciente. Son mari me serra la main : « Merci, docteur. Sans vous »

Élodie, le regard vide, murmura : « Pourquoi êtes-vous venu ? » Je parlai de lappel. Une larme glissa sur sa joue : « Cest Maxence qui ma sauvée. » Je lui pris la main : « Votre fils veut que vous viviez. Et il a parlé dune sœur » Elle secoua la tête : « Les médecins disent que je naurai plus jamais denfant. »

Je quittai la chambre, le cœur lourd. Je ne revis pas Élodie, craignant de lui rappeler sa peine. Mais leur histoire me poursuivit. Plus tard, jappris quils avaient déménagé.

Cinq ans après, un hiver, on frappa à mon bureau. Élodie et son mari entraient, rayonnants. Une petite fille se cachait derrière sa jupe. « Docteur, voici notre fille, Amélie. » Les yeux dÉlodie brillaient. « Vos mots mont touchée. Après ma guérison, nous sommes allés à lorphelinat. Amélie nous attendait sur le perron. Jai compris alors pourquoi Maxence mavait empêchée de partir. Et puis un miracle. » Elle posa une main sur son ventre arrondi.

Des années ont passé. Je pense souvent à ce garçon venu de lau-delà. Pourquoi moi ? La réponse, peut-être, appartient aux mystères que même la médecine ne peut expliquer.

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