**Journal de Pierre 12 octobre**
Hier soir, tout a basculé. Javais accueilli une vieille amie, Élodie, pour quelle passe la nuit ici. Elle pleurait au téléphone, disant que son compagnon lavait jetée dehors après dix ans de vie commune. Elle navait nulle part où aller. Comment refuser ?
Ce matin, je me suis réveillé avant laube, silencieux pour ne pas déranger. Mais en sortant de ma chambre, jai entendu un frottement derrière la porte entrouverte. Jai jeté un coup dœil et jai vu Élodie, agenouillée devant ma commode, fouillant mes affaires avec une minutie de voleuse. Elle a ouvert ma boîte à bijoux une simple chaîne en or offerte par mon défunt père, quelques bagues sans valeur puis a haussé les épaules, déçue. Elle a même épluché mes dossiers. Mon sang na fait quun tour.
Je suis retourné me coucher, feignant le sommeil. Quelques minutes plus tard, elle a quitté la pièce.
Au petit-déjeuner, elle jouait la comédie, évoquant ses recherches demploi, sa gratitude. Jai failli éclater : *« Quest-ce que tu cherchais dans mes affaires ? »* Mais jai gardé le silence, observant ses mains nerveuses, son regard fuyant.
Après le travail, je lai surprise dans la chambre de ma fille, Adèle, en train de feuilleter un album photo. Des clichés de ma femme, disparue il y a dix ans.
Quest-ce que tu fais ? ai-je demandé dune voix glaciale.
Elle a bafouillé une excuse pitoyable. Alors je lui ai parlé des dettes, des créanciers dont une autre amie mavait parlé. Son masque est tombé.
Javais besoin dargent ! a-t-elle craché. Ton père collectionnait des pièces anciennes, non ? Je pensais
Je lai mise à la porte sans un mot.
Adèle, ma petite guerrière de quinze ans, ma serré dans ses bras. *« Les gens changent, papa. Surtout quand la peur les ronge. »*
Ce soir, lappartement est redevenu calme. Je réalise : la vraie richesse nest pas dans ce quon possède, mais dans ceux qui restent quand tout sécroule.
