L’Âge de Transition : Naviguer entre Enfance et Adolescence en France

**Âge ingrat**

Tout avait commencé par des divergences sur léducation de leur enfant. Diane et Thomas avaient fini par divorcer, chacun accusant lautre à sa manière.

« Thomas na jamais su prendre ses responsabilités. Dès la naissance de Nicolas, jai dû tout gérer seule », expliquait Diane.

« Ma femme ne savait pas lâcher prise. Elle voulait tout contrôler, sinquiétait pour des détails inutiles. Cest pour ça quelle était malheureuse », rétorquait son ex-mari.

Nicolas avait quatorze ans et vivait avec sa mère. Il voyait son père une fois par semaine : deux week-ends par mois et le mercredi après lentraînement. Malgré onze ans de séparation, ni lun ni lautre navait refait sa vie. Thomas habitait seul dans lappartement de sa mère, décédée dune longue maladie sept ans plus tôt.

Quand Nicolas passait le week-end chez son père, surtout cette dernière année, Diane retrouvait un peu de sérénité. Mais cela ne durait pas. Elle ne pouvait sempêcher de penser que son ex-mari était irresponsable.

« Il adore rire et samuser, cest son domaine. Mais construire quelque chose de solide avec lui ? Impossible. Tant quon était seuls, tout allait bien. La naissance de Nicolas a tout changé », confiait-elle à sa mère et à son amie.

Avec un bébé, Thomas ne lavait presque pas aidée. Il évitait les tâches ménagères, ne montrait aucun intérêt. Diane avait rapidement assumé son rôle de mère, tandis que lui navait jamais vraiment senti le poids de la paternité. Les reproches sétaient accumulés, jusquà la rupture.

Cétait la version de Diane. Thomas, lui, avait une autre interprétation.

« On ne sest jamais compris. Jimaginais que devenir père serait une joie, partager des découvertes, enseigner des choses. Mais Diane en a fait un chemin semé dinterdits et dangoisses. Elle avait peur des microbes, des maladies. Jai fini par avoir peur de mapprocher de mon fils. Et si je faisais quelque chose pour lui, cétait toujours mal. Alors je me suis éloigné. »

Un jour, Diane avait annoncé : « Thomas, on doit divorcer. » Il lavait presque accueilli avec soulagement. La séparation sétait faite sans drame, avec la promesse quil verrait son fils régulièrement.

« À quoi bon discuter avec une femme qui ne mécoute jamais ? Elle a toujours raison », songeait-il.

Onze ans avaient passé. Thomas ne sétait pas remarié une fois avait suffi. En revanche, sa carrière prospérait. Ironie du sort, cétait grâce à son goût pour les distractions : il créait des jeux vidéo et y excellait.

Ce soir-là, après le dîner, Diane rangea la cuisine et se dirigea vers la chambre de Nicolas.

« Encore la lumière de la salle de bains allumée. Quel étourdi ! Tout son père », pensa-t-elle en poussant la porte malgré laffiche « Entrée interdite ».

Son fils était rivé à son écran, sans même tourner la tête.

« Éteins la lumière, sil te plaît. Tu nes plus un bébé. »

Nicolas grogna un « Daccord » à peine audible.

« Encore trente minutes de jeu, puis tes devoirs. Tu as un contrôle demain. »

Mais une demi-heure plus tard, il navait pas bougé. Diane sapprocha, exigeant quil se mette au travail. Il roula des yeux, marmonna quelque chose et attrapa son manuel dhistoire à contrecœur.

En préparant la soupe pour le lendemain, elle songea :

« Combien de temps va durer cette crise dadolescence ? Il a complètement changé ces derniers mois. Mais bon, tous les parents traversent ça »

Samedi, Thomas vint chercher Nicolas. Dès quil entra, son fils bondit de sa chambre.

« Super, papa est là ! »

Thomas aussi adorait ces week-ends ensemble.

« Noublie pas tes livres », rappela Diane.

« Oh, maman, pas encore les devoirs ! » protesta Nicolas en attrapant son sac à dos avant de filer derrière son père, lui lançant un « À plus ! » négligent.

Thomas entendit encore :

« Thomas, aide-le en maths, ses notes sont catastrophiques Et en histoire aussi. Et pas de pizza tous les soirs, hein ! » Mais la porte était déjà claquée.

Une fois dans la voiture, père et fils échangèrent un regard complice.

« Alors, on fait quoi aujourdhui ? »

« Ciné, puis le parc ? » Nicolas fit un sourire malicieux. « Et avant pizza ! »

Ils éclatèrent de rire. Maintenant que son fils avait grandi, Thomas avait trouvé comment se rapprocher de lui. Lamitié ne venait pas toute seule il fallait partager des moments, des intérêts, des discussions sans sermon.

« Alors, comment ça va à lécole ? »

« Ça va, papa. Je gère. »

« Bien sûr que tu gères. Mais si tu bloques sur quelque chose, on regarde ensemble. »

« Cest bon, cest juste que la prof dhistoire me cherche Le seul cool, cest le prof de sport. »

Une fois seuls, Diane soupira :

« Bien sûr quil est content de voir son père. Cest facile de revenir quand lenfant est grand. Les devoirs, le ménage, tout ça, cest moi. Lui, il joue au copain. »

Dimanche soir, Thomas raccompagna Nicolas.

« Super week-end ! File à la maison. »

« Tes trop cool, papa ! » sexclama son fils en sortant.

Lundi, Diane se rendit à la réunion parents-professeurs, lestomac noué. Le bulletin de Nicolas tomba comme une bombe : quelques 12/20, un 20/20 en sport, et le reste des notes désastreuses.

« Il va en entendre parler », pensa-t-elle, trop furieuse pour bien écouter le professeur.

« Nicolas risque le redoublement en histoire et en maths. Il a des capacités, mais il est paresseux et il joue en classe. »

Le cœur lourd, elle rentra chez elle, déterminée à sévir.

« Plus dordinateur jusquà ce que tes notes remontent. Et comment faire, à cette période de lannée ? »

Elle entra dans sa chambre sans un mot, ferma son portable quil utilisait pour chatter, et lemporta.

« Plus de jeu avant les vacances. Tu rattrapes tes lacunes. Tu nas pas honte ? »

« Maman, tu exagères. Tes toujours sur ton dos », répliqua-t-il, répétant les mots de son père.

Diane semporta, haussant le ton jusquà ce que la porte claque Nicolas avait disparu. Elle saisit son téléphone en tremblant.

« Thomas, Nicolas sest enfui ! Il a déjà dit quil voulait vivre avec toi »

« Calme-toi. On va régler ça. »

Quand Thomas ouvrit sa porte, Nicolas déclara :

« Papa, je veux rester avec toi. »

« Moi aussi, mon fils. Mais ta mère nacceptera pas. »

« Sil te plaît, ne me renvoie pas là-bas. Je vais travailler, je promets. »

Thomas se rendit chez Diane, sattendant à une résistance. À sa surprise, elle était abattue, presque résignée. Il parvint à la convaincre.

Le lendemain, il réveilla Nicolas :

« Debout, mon grand ! Petit-déj, et on file à lécole. »

Mais quand il revint le chercher, son fils dormait encore. Ils déjeunèrent à la va-vite, Thomas lui prépara des sandwiches et ils partirent en vitesse.

« Ce soir, couché à 22h. »

Nicolas acquiesça.

La semaine se passa à merveille : discussions, pizzas, complicité. Jusquau jour où Nicolas sécha les cours.

« Tinquiète, papa, la prof est malade », assura-t-il.

Mais cela se reproduisit plusieurs fois.

La professeure principale convoqua Diane.

« Nicolas est absent. Il na pas rattrapé ses notes. Il va redoubler. »

Folle de colère, elle appela Thomas.

« Fils digne de son père ! Je viens le chercher. »

En entrant chez lui, elle bégaya :

« Ton notre fils Je viens de lécole »

Nicolas comprit lorage et senfuit.

« Il sèche les cours. Il va devoir repasser ses examens en juillet. »

Thomas, lui aussi déçu il lui avait fait confiance , parvint à calmer Diane.

Peu après, sa mère à elle appela.

« Nicolas est là. Il dit quil ne peut plus vivre avec vous. Laisse-le-moi quelque temps. »

Diane, soulagée, murmura :

« Il est chez maman. »

Thomas la prit par lépaule.

« Ne pleure pas. Il faut une stratégie. Ta mère ne tiendra pas longtemps. Moi aussi, je faisais des bêtises à son âge Il sait quelle est indulgente. Les interdits ne marcheront pas. Il faut quon soit unis. Tu as des congés ? »

Ils partirent en randonnée à trois, avec tentes et manuels scolaires. Diane travailla lhistoire avec Nicolas, Thomas les maths. Le voyage fut une réussite.

Devant lécole, le jour des examens de rattrapage, Diane et Thomas attendaient, anxieux.

Quand Nicolas sortit en agitant fièrement sa feuille, Diane sexclama :

« Il a réussi ! »

Thomas sourit.

« Bravo ! Allez, je vous offre les meilleures glaces de Lyon. »

Assis en terrasse, Diane observait son ex-mari et son fils, qui rigolaient. Plus de colère envers Thomas sans lui, rien naurait été possible.

Il croisa son regard.

« Tu vois ? On a réussi. Maintenant, on est une équipe. »

Elle savait quils ne revivraient pas ensemble. Mais ils étaient enfin sur la même longueur donde.

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