L’Épouse et Son Ultimatum

**La Belle-Mère et Son Ultimatum**

Ce matin, ma bru, Élodie, ma regardée droit dans les yeux et a déclaré : « Geneviève, à partir daujourdhui, chère belle-mère, vous ne mangerez plus aucun de mes plats. Faites ce que vous voulez, je vous accorde une étagère dans le frigo, cuisinez pour vous. Et de préférence avant que je ne me réveille ou ne rentre du travail. » Je suis restée figée, comme frappée par la foudre, incapable de croire ce que jentendais. Alors quoi, moi, la belle-mère, qui ai toujours cuisiné pour la famille, je suis maintenant bannie de la cuisine et privée du droit à un repas fait maison ? Je bouillonne encore dindignation, et il faut que je me soulage, sinon je vais exploser face à tant daudace.

Mon mari, Jacques, et moi vivons dans la même maison que notre fils, Théo, et sa femme, Élodie, depuis deux ans. Lorsquils se sont mariés, nous leur avons proposé de sinstaller avec nous la maison est spacieuse, il y a de la place pour tout le monde, et je pensais pouvoir aider ce jeune couple. Au début, Élodie semblait une jeune femme charmante : elle souriait, me remerciait pour les dîners, me demandait même les recettes de mes boulettes de viande. Naïvement, je me réjouissais que Théo ait trouvé une femme si gentille. Je cuisinais pour tous, je faisais le ménage, je mefforçais de leur rendre la vie agréable. Et aujourdhui, elle me lance ça ! Comme si jétais une intruse chez moi, comme si mes plats nétaient pas dignes de sa majesté.

Tout a commencé il y a quelques mois, quand Élodie sest mise à râler parce que je « cuisinais trop ». Elle disait être au régime et trouvait mes plats « trop lourds ». Je trouvais ça étrange qui lobligeait à manger mes quiches ? Tu veux un régime ? Fais cuire tes épinards, je ne my oppose pas. Mais au lieu de ça, elle a tout critiqué : la soupe était trop salée, les pommes de terre pas assez dorées, « pourquoi autant de beurre ? » Je me taisais, pour éviter les disputes. Théo, mon fils, me disait : « Maman, ne ten fais pas, Élodie est stressée par le travail. » Mais je voyais bien que ce nétait pas le stress. Elle avait décidé que la cuisine était désormais son territoire, et que jy étais de trop.

Hier, ce fut la goutte deau. Comme dhabitude, jai préparé des crêpes au petit-déjeuner fines, croustillantes sur les bords, comme Théo les aime depuis quil est petit. Je les ai posées sur la table, jai appelé tout le monde. Élodie est descendue, a jeté un regard noir aux crêpes comme si elles étaient lennemi public numéro un, et a lâché : « Geneviève, je vous ai déjà demandé de ne pas cuisiner autant. Théo et moi, nous mangeons des flocons davoine le matin. » Jai eu envie de répondre que lavoine nétait pas interdite, mais cest là quest tombé lultimatum. Une étagère dans le frigo ! Cuisiner seule ! Et ça, chez moi, où je commande depuis quarante ans, où chaque coin porte la trace de mon travail !

Jai essayé den parler à Théo. Je lui ai dit : « Mon fils, je dois maintenant cuisiner pour moi seule, comme à la caserne ? Cest ta maison, mais je ne suis pas ta domestique. » Mais lui, comme toujours, a joué les pacificateurs : « Maman, Élodie veut juste son espace. Essaie de la comprendre. » Son espace ? Et le mien, où est-il ? Jai consacré ma vie à ma famille, et maintenant je suis reléguée à une étagère ? Jacques, mon mari, ne ma pas soutenue non plus. « Geneviève, ne dramatise pas a-t-il dit. Élodie est jeune, elle veut être maîtresse chez elle. » Maîtresse ? Et moi, je suis quoi ?

Honnêtement, je ne sais pas comment réagir. Une part de moi veut faire mes valises et aller chez ma sœur dans une autre ville, pour quils se débrouillent. Mais cest ma maison, ma cuisine, mon fils ! Pourquoi devrais-je céder ? Jai toujours essayé dêtre une belle-mère bienveillante : je ne me suis pas mêlée de leurs affaires, je nai pas critiqué les lubies véganes dÉlodie, jai même fait la vaisselle à sa place quand elle était « fatiguée ». Et maintenant, elle me raye de la table familiale, comme si jétais une étrangère.

Hier soir, je suis allée dans la cuisine et jai préparé mon dîner des pommes de terre aux champignons, comme jaime. Élodie, en me voyant, a ricané : « Voilà, Geneviève, cest mieux comme ça, non ? » Je nai rien dit, mais intérieurement, je bouillais. Mieux ? Cest mieux, une famille divisée entre « tes » repas et « mes » repas ? Jai toujours cru que la nourriture rassemblait, quon résolvait les problèmes autour de la table. Et maintenant, nous avons une guerre à cause de crêpes et dune étagère.

Je réfléchis à ce que je vais faire. Peut-être parler franchement à Élodie ? Lui dire que ça me blesse, que je ne veux pas vivre comme une invitée chez moi ? Mais jai peur quelle retourne la situation, en disant que je « lopprime » ou que je « ne respecte pas ses limites ». Ou alors, arrêter de cuisiner ? Laisser Théo et elle avec leurs flocons davoine, et me commander une pizza. On verra combien de temps ils tiendront sans mes boulettes.

Mais ce qui me fait le plus mal, cest Théo. Il est coincé entre le marteau et lenclume : moi, sa mère, et sa femme, qui veut clairement le forcer à choisir. Je ne veux pas le voir souffrir, mais je ne mabaisserai pas non plus. Jai travaillé toute ma vie, je lai élevé, jai bâti cette maison. Et maintenant, une gamine me dit quelle est ma place ? Non, Élodie, pas comme ça.

Pour linstant, je reste neutre. Je cuisine pour moi, comme elle la ordonné, mais je ne me soumets pas. Peut-être quelle réfléchira, en voyant que je ne cours pas après elle pour mexcuser. Ou peut-être devrai-je avoir une discussion sérieuse avec Jacques et Théo. Je ne veux pas la guerre, mais je ne me tairai plus. Cette maison est la mienne, et jai le droit davoir ma place à table. QuÉlodie se demande si ça vaut la peine de briser la famille pour ses « frontières ».

**Leçon du jour :** On ne devient pas une famille en traçant des lignes, mais en partageant le même pain.

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