Ma sœur m’a mis à la porte et a changé les serrures : une histoire familiale déchirante

**Mon Journal 18 Novembre**

Ma sœur ma mise à la porte et a changé les serrures.

« Élodie, ma chérie, quand vas-tu enfin te décider ? » demanda Margaux en tortillant le bord de la nappe, assise à la table de la cuisine. « Lagence immobilière ma appelée trois fois cette semaine. Les acheteurs sont sérieux, avec de largent liquide. »

Élodie remuait lentement le sucre dans sa tasse sans lever les yeux. La petite cuillère tintait contre la porcelaine, dun son monotone et agaçant.

« Tu mécoutes, au moins ? » haussa la voix Margaux. « Ou tu vas encore faire comme si ça ne te concernait pas ? »

« Ça me concerne, répondit Élodie à voix basse. Très même. Mais cest à toi de décider, pas à moi. »

Margaux soupira et se frotta les tempes. Depuis son divorce, sa vie était sens dessus dessous. La pension alimentaire arrivait irrégulièrement, elle travaillait deux emplois, et maintenant, leur mère leur avait légué ce T3. À elles deux.

« Tu comprends, Élo, jai besoin dargent. Le crédit de la voiture, Théo qui entre à la fac, les cours particuliers Et toi, tu proposes quoi ? Rester dans ce vieil appart jusquà la retraite ? »

Élodie leva enfin les yeux. Une fatigue profonde y tremblait, si intense que Margaux en frissonna.

« Et où veux-tu que jaille, Margot ? Toi, au moins, tu as un salaire. Moi, je suis licenciée depuis six mois. À quarante-cinq ans, essaie de trouver un poste décent. »

« Alors cherche ! Ne reste pas là comme une loque ! » semporta Margaux. « Maman nous aimait toutes les deux pareil, lappart est à moitié à chacune. On vend, on partage, et chacune se débrouille. »

Élodie se leva, sapprocha de la fenêtre. La cour de leur enfance, le square où elles jouaient à la marelle, le banc où leur mère aimait sasseoir le soir

« Tu te souviens, murmura-t-elle, quand maman était à lhôpital, avant de mourir ? Elle ma pris la main et ma dit : Élodie, tu es une enfant de la maison, tu as plus besoin de cet appart. Margaux est forte, elle sen sortira partout, mais toi »

« Cétait les médicaments qui parlaient ! » coupa Margaux. « La morphine, ça affecte le cerveau. Elle na laissé aucun testament, tout est légalement partagé. »

« Je sais. Cest pour ça que je me tais. »

Margaux regarda sa sœur et sentit tout bouillonner en elle. Toujours pareil : Élodie, douce et résignée, tandis que les problèmes retombaient sur elle, Margaux. Au lycée, elle la défendait. À la fac, elle lui trouvait un travail. Son mariage raté ? Cest encore vers elle quÉlodie courait pleurer.

« Bon, dit Margaux sèchement. Je te donne un mois. Si tu trouves un travail et un logement, tant mieux. Sinon, on vend. Je ne peux plus attendre. »

Élodie hocha la tête sans se retourner.

Le mois passa vite. Élodie enchaîna les entretiens, répondit à des petites annonces, mais on voulait des jeunes, dynamiques, à laise avec linformatique. Elle, elle avait vingt ans dans un bureau détudes depuis fermé.

« Alors ? » demanda Margaux en franchissant le seuil.

« Rien pour linstant. Mais demain, je vais à la bibliothèque, ils cherchent »

« Ça suffit ! » Margaux frappa la table. « Demain, on signe chez le notaire. Les acheteurs ont déjà versé des arrhes. »

Élodie pâlit.

« Margot, attends encore un peu »

« Non ! Cest décidé ! » Margaux sortit des papiers. « Rendez-vous demain à dix heures. Et ne pense même pas à ne pas venir. »

Cette nuit-là, Élodie ne dormit pas. Elle erra dans lappartement, toucha chaque objet, contempla les photos de leur mère. Toute sa vie était ici. Et demain

Le matin, Margaux partit en lançant :

« À neuf heures, on y va ensemble. »

Élodie était à la cuisine quand on sonna. Cétait madame Lenoir, la voisine.

« Élodie, ma chérie Pourquoi Margaux change les serrures ? Un serrurier est passé. Il a dit que la propriétaire lavait demandé. »

Le cœur dÉlodie se serra. Elle essaya sa clé : elle ne fonctionnait plus.

Margaux ne répondait pas au téléphone. Élodie composa son numéro encore et encore, en vain.

« Madame Lenoir, puis-je utiliser votre téléphone ? »

Margaux décrocha au troisième appel.

« Oui ? » Sa voix était froide.

« Cest moi. Pourquoi les serrures ? »

« Ah, Élo. Oui, je les ai changées. Tu vis chez moi, compris ? Chez moi ! Alors cest moi qui décide. »

« Chez toi ? Il est à nous deux ! »

« Il létait. Maintenant, il est à moi. Le contrat est signé. Jai imité ta signature. Notre écriture se ressemble, tu te souviens, quand tu faisais mes devoirs ? »

Élodie chancela.

« Tu tu ne peux pas faire ça ! Cest un faux ! Je vais porter plainte ! »

« Vas-y. Mais tu ne prouveras rien. Le notaire est un ami. Et toi, tu nétais pas là. Qui croira que jai falsifié la signature de ma sœur ? »

« Mais Margot On est sœurs ! »

« Justement, cest pour ça que jai patienté. Mais ça suffit. Jai besoin dargent, pas dune pleurnicheuse. »

« Où vais-je aller ? »

« Je ne sais pas. Tu te débrouilleras. »

La ligne se coupa. Élodie resta plantée là, sous le regard compatissant de madame Lenoir.

« Ma pauvre enfant Viens chez moi en attendant. »

Élodie y passa trois jours. Margaux nappela pas. Comme si elle nexistait plus.

Le quatrième jour, madame Lenoir arriva, rayonnante.

« Élodie ! Tu te souviens de madame Fournier, au troisième ? Sa fille rentre des États-Unis et veut vendre lappart. En attendant, il faut quelquun pour sen occuper. Tu peux y vivre, il suffit de payer les charges. Quen dis-tu ? »

Ce fut son salut.

Lappartement de madame Fournier était spacieux, lumineux. La vieille dame lui expliqua tout : les plantes, les médicaments pour le chat

« Je ne vous connais pas, avoua-t-elle, mais si madame Lenoir vous recommande, cest que vous êtes digne de confiance. »

Ce soir-là, Élodie but son thé dans sa nouvelle cuisine. Un feuilleton passait à la télé, le chat ronronnait, la pluie frappait doucement aux vitres. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit en paix.

On sonna. Margaux était là, trempée, les cheveux en bataille.

« Je peux entrer ? »

Élodie la laissa passer.

Margaux sassit à la table.

« C

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