Le réveil ce matin-là fut difficile. Nathalie avait passé une nuit blanche dans sa chambre douillette et chaleureuse

Ce matin-là, le réveil fut difficile. Élodie avait passé une nuit blanche dans sa chambre douillette. La dispute violente et injuste avec son mari la veille lavait complètement démoralisée. Tout avait éclaté lorsque Théo avait exigé quelle vende leur appartement pour investir dans une affaire douteuse.

Élodie se leva, avala une tasse de café revigorant et commença à ranger les affaires de son mari dans une grande valise. Cest alors quelle remarqua labsence de son passeport.
« Je vois, il est donc vraiment parti de son plein gré. Tant mieux », murmura-t-elle, tandis que des larmes brûlantes coulaient sur ses joues.

Théo avait déjà menacé de la quitter après chaque conflit. Mais les choses finissaient toujours par sarranger, et ils continuaient. Seulement, elle était devenue chef de rayon dans un grand magasin, tandis que lui enchaînait les petits boulots louches en quête de fortune.

Et puis, il lui avait proposé dinvestir dans un commerce de cognac. Une citerne devait arriver dArménie pour être mise en bouteilles dans une distillerie locale, avant dêtre vendue dans des échoppes. Il avait des « contacts ».

Malgré ses assurances sur lexpertise et laccord de la distillerie, Élodie refusait catégoriquement cette entreprise plus que douteuse. Surtout quil fallait débourser une somme astronomique pour cette citerne, censée rapporter trois fois plus. Bien sûr, ils navaient pas largent, doù la nécessité de vendre lappartement. Et cest là que la dispute avait éclaté.

Lappartement venait des parents dÉlodie. Elle refusait absolument de le vendre pour ne pas se retrouver à la rue. Théo lavait traitée de radine misérable, ils sétaient violemment querellés, et il était parti. Elle savait même où : chez son ex-femme, Aurélie.

Aurélie lavait quitté autrefois, avant de réapparaître avec un nouveau mari riche, deux enfants et un bel appartement. Elle appelait souvent Théo, linvitant chez elle. Il y allait, soi-disant par nostalgie. Élodie sentait bien que sans ces enfants, il y aurait déménagé définitivement.

Mais maintenant, plus de jalousie, plus de colère. Juste une indifférence morne. Théo avait échoué comme mari et comme homme. Il se donnait des airs, prétendait se démener, alors quil ne cherchait quà « se faire un max de blé », comme il disait. Bon débarras. QuAurélie finance ses combines, si elle veut.

Élodie essuya ses larmes, respira profondément et décida de reprendre sa vie en main. Elle ne gaspillerait plus son énergie pour Théo et ses idées folles. Lappartement resterait sien, et son avenir entre ses mains. Elle sortit son téléphone et appela son amie de longue date, Margaux, avocate dans un grand cabinet.

« Margot, jai besoin daide, dit-elle fermement. Théo est parti, et je veux divorcer. Et vérifier sil ne ma pas impliquée dans des dettes ou des arnaques. »

Margaux se mit aussitôt au travail. En deux jours, elle découvrit que Théo avait bel et bien tenté son coup avec le cognac. Il avait signé des papiers douteux avec des partenaires arméniens, essayant dhypothéquer lappartement. Heureusement, sans la signature dÉlodie, ces documents navaient aucune valeur.

Pire, Margaux apprit quil avait engagé la voiture de son père pour obtenir un acompte. Comment avait-il convaincu cet homme sévère et intraitable, Élodie lignorait. Son beau-père, un ancien militaire, était renfermé et méfiant. Quelle fable avait-il inventée pour lui soutirer sa BMW ?

Pendant ce temps, Théo, sûr de son « génial plan », sétait installé chez son ex, Aurélie. Flattée par son attention, elle avait accepté de soutenir son projet, y investissant même ses économies, subtilisées à son ex-mari.

Elle avait confié les enfants à ses parents pour « retrouver leur complicité ». La grand-mère adorait sen occuper, tant mieux.

Théo promettait monts et merveilles à cette femme naïve et lançait son affaire, ou plutôt son escroquerie, pour senrichir vite. Il emprunta à des connaissances crédules, persuadées dun gain rapide, et paya une somme importante pour la citerne.

Mais très vite, la supercherie éclata. Les Arméniens avaient disparu avec largent, et la distillerie nia toute participation. Théo se retrouva endetté, sans la voiture paternelle et poursuivi en justice par ses « investisseurs », dont Aurélie.

Furieuse, celle-ci le mit à la porte. Il tenta de revenir chez Élodie, mais elle avait changé les serres et entamé le divorce. Théo neut plus rien : ni famille, ni argent, ni réputation. Peu après, il fut arrêté pour fraude et condamné.

Libérée de ce mariage toxique, Élodie sépanouit. Elle prit un petit crédit hypothécaire, non pour des combines, mais pour ouvrir une boutique de cosmétiques bio.

Son expérience lui permit de développer son affaire. Elle remboursa sa dette et dégagea des bénéfices. Margaux laida à tout régler légalement, et Élodie se sentit enfin indépendante.

Une question la taraudait : comment avait-elle pu aimer un homme comme Théo ? Était-ce la jeunesse, linexpérience ? Sans doute.

Ils sétaient rencontrés au travail de sa mère. À vingt-cinq ans, ses amis duniversité sétaient éloignés, et aucune nouvelle rencontre sérieuse ne se présentait.

Sa mère lavait alors emmenée à une soirée de Noël, espérant lui faire rencontrer un jeune homme prometteur. Mais cest Théo, sombre et renfermé depuis son divorce, qui avait capté son attention.

À trente-trois ans, élégant et séduisant, il se plaignait de ne pas avoir percé professionnellement. Il en avait assez de « travailler pour un patron » et voulait monter son affaire. Il en parlait à Élodie, encore naïve.

Sa mère lavait mise en garde :

« Je ten prie, ma chérie. Ne tattache pas à ce Morel. »

Élodie avait rougi, incrédule.

« Tu pourrais confondre simple politesse et véritable intérêt. »

« De quoi tu parles, maman ? Théo nest pas poli, mais ses intentions sont sérieuses. Et sil est plus âgé, cest bien. Je veux une relation stable, et lui aussi. »

« Tu as grandi sans père, ma chérie. Selon Freud, tu pourrais chercher une figure paternelle en tattachant à des hommes plus âgés. »

Sa mère, cultivée et responsable dun grand service, savait de quoi elle parlait. Mais Élodie, déjà éperdument amoureuse, ne lécouta pas.

« Fais en sorte que cette relation ne devienne pas sérieuse. Tu comprends ? »

« Mais pourquoi ? Il a fait quelque chose de mal ? »

« Non, mais il a déjà été marié. Je minquiète pour toi. »

Trois mois plus tard, sa mère mourut. Elle savait probablement quelle était malade, mais lavait caché pour protéger sa fille.

Théo lavait soutenue, ne la quittant plus. Il emménagea chez elle, et elle ne protesta pas. Elle pensait ne pas pouvoir survivre à ce chagrin sans lui.

Un an après, ils se marièrent. Mais Théo avait déjà quitté son emploi stable pour « trouver sa voie ». Puis vint une fausse couche, une tragédie pour Élodie. Théo déclara, froidement :

« Cet enfant nétait pas destiné à vivre. »

Il commença à sortir le soir, et le reste suivit.

Aujourdhui, dans son bureau, Élodie sourit en repensant à tout cela. Elle se souvint de sa mère et de ses avertissements. Comme elle avait raison.

Sa vie était désormais pleine de possibilités. Théo, en prison, regrettait sûrement ses choix, mais cela ne la concernait plus. Elle bâtissait un avenir radieux.

Le lendemain, un dimanche, Élodie acheta un bouquet de roses rouges, les préférées de sa mère, et se rendit sur sa tombe. Une brise légère faisait danser les fleurs, comme si sa mère lui répondait.

Elle se souvint de ses derniers mots :

« Ma chérie, je taime. Je serai toujours dans ton cœur. Pose ta main sur ta poitrine, et tu me sentiras. Ne te fais pas de mal pour moi. »

Élodie le fit. Son cœur battait fort, sa paume était chaude, et des larmes coulaient. Elle savait quelle ne trahirait plus sa mémoire et ne ferait plus derreur qui la fasse souffrir, là-haut.

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