Mon ex-belle-mère est venue nous rendre visite… Sans savoir que nous avions divorcé !

Lex-belle-mère était arrivée sans prévenir. Elle ignorait tout du divorce.

« Figure-toi, Hélène Dubois ne sait pas que moi et Théo, cest fini », murmura Léa, éteignant son téléphone dun geste sec. Son regard croisa celui de son amie, rempli deffroi.

« Quoi ?! Tout de suite ? Ici, dans cet appartement ? » sexclama Camille, les yeux écarquillés.

« Cest bien ça. » Léa serra les poings. « Elle est persuadée quon est toujours ensemble. Elle dit quelle sennuie de ses petites-filles. »

« Et alors ? Pourquoi cette peur ? Elle nest plus rien pour toi. »

« Facile à dire. Tu ne la connais pas. Cest une femme redoutable. Elle a des relations, tu sais ! Si elle croit que je lui ai caché la vérité, elle va me soupçonner. Et elle se vengera. »

« Mais Vous ne vous êtes pas parlées depuis ? » sétonna Camille.

« On était fâchées. La dernière fois quelle est venue de Lyon, il y a deux ans, on sest disputées. »

« À cause de Théo ? »

« Pas seulement. » Léa baissa la voix. « Tout lui déplaisait. Comment on la reçue, comment on élevait les enfants Bref, tout. »

« Et alors ? »

« Alors ? Elle a craché son venin. Jai répondu. Et ça a dégénéré. Hélène a juré quelle ne voulait plus jamais me voir. Elle est partie. Depuis, elle ne parlait quà Théo. »

« Et lui ? »

« Lui ? Ça larrangeait bien. Une excuse de plus pour maccuser. Il ma dit que si je ne respectais pas sa mère, cest que je ne laimais pas. Que cétait pour ça quil échouait au travail. Puis il est parti. Une semaine sans nouvelles. Et quand il a enfin appelé, il ma annoncé quil avait quelquun dautre. Que cétait fini. »

« Donc Théo na rien dit à sa mère », murmura Camille, pensive.

« Exactement. »

« Ni sur le divorce, ni sur le fait quil ta pris la moitié de lappartement Ni que tu vis maintenant dans un deux-pièces avec les enfants, le chat et le chien ? »

« Cest ça. Elle croit que tout va bien. Elle a dit quelle avait une affaire urgente à Paris et quelle resterait une semaine chez nous. »

« Où ça, chez vous ? »

« Ici. » Léa balaya létroit salon du regard.

On sonna à la porte.

« Cest elle », souffla Léa, blême. « Quest-ce que je fais ? Comment je lui explique ? »

« Dis-lui la vérité, tout simplement. »

« Elle va encore tout me reprocher. Elle va hurler. Jai peur. Et si je nouvrais pas ? »

« Ce serait pire. Elle croirait que tu caches quelque chose. »

La sonnette retentit de nouveau.

« Ouvre, ordonna Camille, calme. Et ne tremble pas. Quelle crie tant quelle veut. Tu nas rien à te reprocher. Je suis là. »

Léa ouvrit la porte.

« Bonjour, Hélène », murmura-t-elle.

« Pourquoi tu as mis si longtemps ? » gronda Hélène Dubois en entrant, traînant deux valises. « Tu cachais quelquun ? »

« Personne. Jétais avec une amie. »

« Quelle amie ? »

Camille apparut dans lentrée.

« Bonjour, dit-elle. Je suis Camille. Une amie de Léa. »

Hélène toisa Camille avec mépris.

« Théo est au travail ? » demanda-t-elle à Léa.

« Peut-être », répondit Léa.

« «Peut-être» ? Tu ne sais pas où est ton mari ? »

Léa haussa les épaules, perdue.

« Il nest plus son mari ! » lança Camille, provocante.

Hélène fixa Camille, intriguée.

« Comment ça ? »

« Dans le sens le plus direct », répliqua Camille, le menton haut.

*Jai toujours rêvé de dire ça à ma propre ex-belle-mère*, pensa-t-elle. *Dommage que je naie pas pu. Au moins, je me rattrape avec celle-ci.*

« Léa et ton précieux fils ont divorcé il y a un an, poursuivit Camille, sarcastique. Et ils ont dû se partager le deux-pièces acheté ensemble. Théo a vendu sa moitié. Résultat : Léa vit maintenant ici, dans cette cage à lapins, avec les enfants, le chat et le chien. Dautres questions ? »

Hélène se tourna vers Léa.

« Cest vrai ? »

« Oui. On a divorcé lautomne dernier. »

« Pas ça. Il ta vraiment pris lappartement ? »

« Oui. Il en avait le droit. Cétait notre bien commun. Surtout quil est remarié maintenant. »

« Remarié ? » répéta Hélène.

« Il dit quelle attend un bébé. Il ma demandé de ne pas le harceler pour la pension. Promis quil me rembourserait plus tard. Apparemment, il a des problèmes au travail. »

« Et tu las cru », ricana Camille. « Naïve. Théo ne te donnera jamais un sou. Ses problèmes au travail ? Des mensonges. Et ce bébé ? Une invention pour tattendrir. Elle nest même pas sa femme. Ils vivent ensemble, cest tout. »

« Mais pourquoi ne ma-t-il rien dit ? » murmura Hélène, pensive.

« Peut-être quil ne voulait pas te blesser ? » suggéra Léa, craintive.

« Peut-être. »

En réalité, Théo avait ses raisons.

*Quelle croie quon est encore ensemble*, songeait-il. *Cest mieux pour moi. Maman déteste Léa, mais elle adore ses petites-filles. Grâce à elles, elle maidera à acheter un appartement.*

Chaque mois, au téléphone, il se plaignait de leur manque de place. Il envoyait des photos des enfants, sachant combien sa mère les aimait. Il parlait de leur bonheur, insistant sur le seul manque : un grand appartement.

« Laînée entre à lécole bientôt, soupirait-il. On na même pas la place pour un bureau. Si seulement on pouvait acheter plus grand Mais avec mon salaire, cest impossible. Les filles ont écrit au Père Noël pour quil leur offre un appartement près du métro. Elles parlent souvent de toi, tu sais. «Comment va mamie ?» demandent-elles. Mais ne tinquiète pas. On se débrouillera. »

Théo savait ce quil faisait. Sa mère finirait par céder.

*Elle trouvera une solution*, pensait-il. *Et pour laider, je lui soufflerai une idée.*

« Bien sûr, poursuivait-il, on pourrait vendre ta maison en Provence. Avec cet argent, on aurait un quatre-pièces à Paris. Jai vérifié les prix. Ça suffirait. Les filles auraient chacune leur chambre. Mais je ne veux pas te forcer. Je sais combien tu aimes cette maison. »

Et maintenant, Hélène, arrivée de Lyon, découvrait la vérité.

« Je vois, dit-elle. Où sont les filles ? »

« À la crèche. »

« Et toi, tu travailles ? »

« En télétravail. »

« Et tes voisins ? »

« Une voisine. Gentille. Elle na pas protesté contre le chat et le chien. Elle vient de divorcer, elle aussi. Elle est au travail. »

« «Gentille», répéta Hélène avec un sourire ironique. Bon. Je men vais. »

Elle sortit.

« Ça sest bien passé, souffla Léa, soulagée. Je craignais quelle ne hurle. »

Deux mois plus tard.

*Je nai pas appelé maman depuis longtemps*, pensa Théo. *Il faut que je lui rappelle ma situation difficile.*

« Maman, salut. Tout va bien ? Tant mieux. Chez nous ? Comme dhabitude. On sentasse à quatre dans ce deux-pièces. Tiens, justement Tu te souviens de cette idée ? Vendre ta maison en Provence ? Comme tu lavais dit. Hein ? »

*Comment ça, «plus de maison» ? Maman ! Quoi ? Elle a brûlé ? Non ? Dieu merci. Alors quoi ? Tu las vendue ? Et largent ? Tu las dépensé ? Pour quoi ? Un quatre-pièces ? Pour qui ? Les enfants ? Quels enfants ? Les miens ? Mais ils sont trop jeunes ! Ah bon ? Et pourquoi ?*

*Pourquoi ne mas-tu pas consulté ? Oui, jai insisté. Oui, jai dit quil leur fallait des chambres. Mais tu aurais pu men parler. Et macheter lappartement à moi, pas à elles. Tu ne las pas fait parce que je nétais pas là quand tu es venue ? Quand ? Je vois. Où est lappartement ? Métro Alexandre-Dumas ? Attends Je Jai un voile devant les yeux Non, ça va. Cest lémotion. Merci, maman.*

Le lendemain, Théo se présenta chez Léa.

Pendant vingt minutes, il inspecta chaque coin de lappartement en silence.

*Tout cela aurait pu être à moi*, pensait-il. *Rien quà moi. Sans la fourberie de Léa. Comment a-t-elle convaincu maman ? Peu importe. Tout nest pas perdu. Je lépouse à nouveau. Puis je la chasserai. Elle a sa chambre, quelle y reste.*

« Écoute, Léa, déclara-t-il enfin. Après tout ça, on peut se remettre ensemble. Maman ta pardonné. Sinon, elle ne nous aurait pas acheté cet appartement. »

« Elle ne la pas acheté pour nous. »

« Comment ? Pour qui, alors ? »

« Pour les filles. »

« Cest pareil. Et après tout ça, tu vas redevenir ma femme. »

« Je vais ? »

Théo la fusilla du regard.

« Tu nas pas compris. Je ne te demande pas ton avis. Je tinforme. Après-demain, à 10 heures, devant la mairie. Tu te souviens du réverbère ? Celui à droite de lentrée ? »

« Bien sûr. On noublie pas ça. »

« Et ne sois pas en retard. Tu sais combien je déteste ça. »

« Je ne serai pas en retard. »

Bien sûr, Léa ne vint pas. Théo, furieux, lappela. Elle avait oublié. Ils reportèrent. Le lendemain, même absence.

« Comment ça, Léa ? hurla-t-il au téléphone. Pourquoi encore ? »

« Désolée. Jai encore oublié. »

Ils reportèrent à la semaine suivante. Encore une fois, Léa ne vint pas. Mais Théo ne renonça pas.

Six mois plus tard, il continuait despérer. Nouvelles dates, nouveaux reports. À chaque fois, il se présentait à lheure.

Les employés de la mairie ladmiraient.

« Ça, cest de lamour ! disaient-ils. Il vient sous la pluie, sous la neige. Vous vous souvenez de la tempête lhiver dernier ? Les arbres déracinés ? Il était là. Si un jour il arrête, on devrait lui ériger une statue. Un symbole de persévérance masculine ! »

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