Collée à moi comme une sangsue

**Journal de Pierre 13 octobre**

Elle sest collée à moi comme une sangsue.

« Écoute, quest-ce que tu me veux encore ? Je bosse, tu comprends ?! Je fais ça pour la famille, ou quoi ? Quest-ce que cest que ces questions stupides ? Où veux-tu que je sois, sinon au travail ? Toi, tu ne sers à rien, tu te la coules douce à ne rien faire ! »

…Cela fait trois ans que Sophie a épousé Théo. Il la courtisée longtemps, a fait des folies pour elle. Un soir, devant tous leurs amis, il avait même grimpé à un arbre en déclarant quil était prêt à tout pour elle.

Ces souvenirs lui donnaient la nausée. Elle naurait jamais imaginé quà peine un an et demi après leur mariage, tout changerait si radicalement. Théo avait cessé de la voir comme une femme. Une femme de ménage, une cuisinière, une conseillère, oui. Mais une épouse ? Plus jamais. Il ne la regardait plus, ne lui offrait plus de petits cadeaux. Il avait même oublié son anniversaire. Sophie essayait den parler, mais Théo se contentait de hausser les épaules : « Tout va bien. »

La naissance de leur fils avait empiré les choses. Pendant quelle était à la maternité, il avait déménagé ses affaires dans la chambre du bébé. À son regard interloqué, il avait répondu :

« Quoi ? Une mère doit dormir près de son enfant. Moi, je dois travailler, alors jai besoin de repos. Le petit va pleurer la nuit, et je dois être en forme le matin. Cest logique, non ? »

Depuis un mois, Sophie sentait quelle nétait plus la seule dans la vie de Théo. Avant, il rentrait tard sous prétexte de travail. Maintenant, cétait pire : il devenait odieux si elle osait poser des questions.

« Écoute, quest-ce que tu me veux encore ? Je bosse, tu comprends ?! »

Elle se sentait coupable. Après tout, il faisait des heures supplémentaires pour eux, non ? Elle navait jamais imaginé quil puisse y avoir une autre femme jusquà ce matin.

Sophie sétait réveillée au bruit de la porte qui claquait. Théo était déjà parti. Pas un mot, pas un « bonjour ». Depuis des mois, ils ne prenaient même plus le petit-déjeuner ensemble. Leur mariage, autrefois solide, sécroulait comme un château de cartes.

Elle prit son téléphone et lappela. Après plusieurs sonneries, il répondit, agacé :

« Quoi ? Je suis en réunion ! »

Bonjour Je voulais juste te souhaiter une bonne journée. Tu es parti si tôt

Il explosa :

« Cest pour ça que tu mappelles ? Jai pas le temps pour tes caprices ! Tu te comportes comme une sangsue, à toujours me coller ! »

Il raccrocha. Sophie essuya une larme et se leva. Son fils allait bientôt se réveiller. Elle se regarda dans le miroir de la salle de bain : yeux rouges, cheveux en bataille, teint terne.

« Bien sûr Quelle femme es-tu devenue, Sophie ? Une mère épuisée, une vraie sangsue »

En rangeant la chambre, elle remarqua soudain : la boîte de préservatifs quelle avait achetée pour leur anniversaire avait disparu. Elle lavait mise de côté pour une soirée romantique.

« Il la déplacée ? Mais pourquoi ? »

Plus tard, elle rappela Théo pendant sa pause déjeuner.

« Théo, il faut quon parle. Sérieusement. »

Il grogna : « Pas maintenant. »

Tu ne me regardes plus. Tu ne remarques même plus comment je mhabille, ce que je ressens

« Ah, voilà ! » Il soupira. « Écoute, tu ressembles à nimporte quelle femme après un accouchement. Tu as pris du poids, tu as des cernes. Cest normal, ça ira mieux. Quant à tes sentiments Tu es mère maintenant, Sophie ! Occupe-toi du bébé et arrête de te plaindre. »

Ce nest pas juste ! Moi aussi, jai besoin damour !

« Bon, daccord. Change de coiffure, par exemple. Et cette robe te va mal. Tu ne te maquilles même plus. Et tu cuisines moins bien quavant. Tu as gâché ma journée. »

Le soir, elle sétait fait belle pour laccueillir. Mais à peine entré, il ricana :

« Tu tes habillée comme un singe ? Cette robe est ridicule. Enlève ça ! »

Elle lui donna une gifle et courut se réfugier dans la salle de bain. Plus tard, elle osa aborder le sujet de la boîte manquante.

« Théo, où est passée la boîte de préservatifs ? »

Il bondit, furieux :

« Quoi ? Tu insinues que je les ai donnés à une autre ? Tes folle ?! »

Puis, brutalement, il cracha la vérité :

« Oui, je les ai pris. Et oui, jai une maîtresse. Depuis avant la naissance de Louis. Tu mas toujours énervé. Je reste seulement à cause de lui. »

Pourquoi elle, alors ?

Il eut un sourire cruel :

« Parce quelle ne peut pas avoir denfants. »

Sophie quitta la chambre, le cœur léger. Plus de larmes. Théo venait de la libérer.

…Il partit de lui-même, laissant lappartement à Sophie et Louis. Les deux familles la soutinrent. Le divorce fut rapide, et Théo paya la pension sans discuter. Il ne voyait presque jamais son fils. Tant mieux. Sophie navait plus envie de le revoir. Elle se souviendrait toujours de ses mots : « sangsue » et « singe ».

**Leçon du jour :** Certaines libertés valent toutes les chaînes du monde.

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Collée à moi comme une sangsue
Soirée pour soi-même