« Faire la Demande en Mariage : Rituels et Traditions Françaises »

La Demande en Mariage

«Une des plus grandes illusions est de croire que les gens sont bons, méchants, stupides ou intelligents. Lhomme est comme un fleuve : il change, et en lui résident toutes les possibilités. Il était stupide, le voilà sage ; il était cruel, le voilà bon, et inversement. Cest là sa grandeur. Et cest pourquoi on ne peut le juger. Tu las condamné, et déjà il est autre», écrivait un jour Léon Tolstoï dans ses carnets.

Difficile de contredire un génie, parfois même impossible. La vie ne cesse de lui donner raison, pour peu quon y prête attention, quon sépare le bon grain de livraie. Alors, le cœur de la vérité devient clair, presque palpable

Mais aujourdhui, pas envie de réfléchir à ces complexités. Dès le matin, la chaleur est écrasante. Un vrai juillet, comme si lair, après avoir heurté les murs brûlants des maisons, avait rebondi sur lasphalte encore plus torride et sétait figé, soumis, sous le soleil qui déverse lété du ciel.

Pourtant, pour Marion, cest lhiver. Un froid mordant. Lété se déroule sans elle

Le lycée vient de se terminer. Normalement, elle devrait penser à luniversité, comme toute bachelière. Mais Marion est enceinte. Luniversité ? Oublié. Et Julien sest révélé un traître. Quand elle lui a annoncé la nouvelle, il a serré les lèvres, détourné le regard vers la fenêtre et murmuré :

Bon, jétais le premier mais ça aurait pu être un autre

Marion na même pas pleuré. Elle est restée là, fixant son dos. Un dos impassible. Une respiration calme. Elle avait encore des choses à lui dire, ne sachant que faire. Mais on a sonné à la porte sa mère rentrait du travail. Julien est allé ouvrir. Dans lentrée, il a salué sa mère et est parti.

Sa mère est entrée directement dans la chambre et a demandé ce qui se passait. Marion, déstabilisée, a lâché :

Rien Juste, je suis enceinte.

Sa mère la regardée droit dans les yeux. Puis elle a crié Marion na pas entendu quoi, le son noyé par la gifle qui a claqué.

Et là, lhiver a envahi Marion. Comme si la neige sétait mise à tomber, lensevelissant jusquau cou. Un froid glacial. Le vide. Partout, en elle et autour.

Sa mère hurlait encore. Mais à travers la neige, on nentend rien. Alors Marion sest assise au bord de son lit et a commencé à pleurer. Mais ses larmes ne coulaient pas : elles restaient à lintérieur, se transformant en boules de cristal gelées. Elle les entendait rouler dans le vide.

Sa mère a quitté la pièce en trombe, la porte dentrée a claqué puis le silence. Marion est restée seule avec ses larmes glacées, au milieu de cette chaude soirée de juillet.

Elle sest allongée, sest recroquevillée et là, enfin, elle a pleuré pour de vrai, comme une petite fille. Elle sanglotait, reniflait. Et elle avait tellement pitié Pas delle, non : de ce bébé qui nétait pas encore né et que personne ne voulait. Ni son père, ni sa grand-mère, ni elle, sa mère indigne. Personne ne lattendait

Elle sest endormie alors quil faisait encore jour. Elle a rêvé, vaguement. Elle sest réveillée quand quelquun sest assis à côté delle et lui a caressé les cheveux.

Sa mère était revenue. Elle murmurait en la caressant :

Marion, ma petite, pardonne-moi. Je suis une idiote, même si je ne suis pas si vieille On devrait être heureuses : ma fille est devenue une femme. Bientôt maman. Et moi

Elle pleurait, essuyant ses larmes du revers de la main, et continuait :

Tu sais ce que je me dis ? Pourvu que ce ne soit pas un garçon, surtout pas un garçon ! Parce que les hommes enfin bref, aucun na jamais vraiment compris ou consolé une femme : ni ton père ni le mien !

Là, Marion sest mise à sangloter, fort, comme une vraie femme. Elle sest redressée, sest blottie contre sa mère, la serrée dans ses bras la personne qui comptait le plus pour elle. Et toutes deux pleuraient, chacune son chagrin. Mais ensemble, elles avaient chaud. Et dehors, cétait lété

Puis, de nouveau, on a sonné. Sa mère a reniflé longuement, retenant ses larmes, et a arrêté Marion qui voulait se lever :

Reste là, ma chérie je vais ouvrir.

Elle sest dirigée vers la porte en ajustant sa coiffure. Une tragédie, oui, mais si cétait un homme derrière la porte ? On ne se présente pas nimporte comment !

Elle a ouvert. Et effectivement, un homme se tenait là. Non, deux ! Julien, et devant lui son père. Cest lui qui a parlé en premier :

Bonsoir, madame Lefèvre. Excusez-nous pour lheure tardive. Mais mon garnement ma tout raconté Enfin, jespère quil na rien omis

Il sest tourné vers son fils :

Ou bien tu as encore menti, futur papa ?

Julien a baissé la tête. Son père a repris :

Bref, nous voilà, tous les deux, pour vous demander la main de votre fille si Marion peut pardonner les mots quil lui a dits.

Il a toisé Julien, lui a donné une petite tape derrière la tête et a ajouté :

Allez, crapule, va texcuser ! Et si elle ne te pardonne pas tu nes plus mon fils !

Oui lhomme est changeant. Parfois, on fait des bêtises sans savoir comment les réparer. Heureusement, nos parents sont là. Eux, au moins, ne nous conseillent jamais mal

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