Les femmes sont faites pour endurer, pensait le mari en profitant de son épouse docile. Mais un jour, elle en a eu assez.

Dans un petit village de province, perdu parmi les champs et les forêts de la région Bourgogne, vivait un homme nommé Thierry Dubois. La quarantaine bien tassée, il avait une carrure imposante et un visage dur, marqué par des sourcils épais et un regard perpétuellement méprisant. Il travaillait comme mécanicien dans un atelier local, gagnant un salaire modeste mais régulier. Le week-end, il buvait un peu trop, haussait souvent la voix à la maison et se considérait comme le chef incontesté de la famille non par mérite, mais parce quil croyait fermement que cétait « la règle ».

Son épouse sappelait Élodie. Cétait une femme discrète, petite, avec des cheveux noirs comme la nuit, toujours attachés en un chignon strict. Elle paraissait bien plus vieille que ses vingt-huit ans. Ses yeux, dune douceur infinie malgré leur fatigue, portaient les marques dune résignation silencieuse, comme une terre usée par les pluies.

Ils sétaient mariés dix ans plus tôt. À lépoque, Élodie était vive, pleine de rires et de rêves. Elle voulait devenir institutrice, mais la vie en avait décidé autrement : elle était tombée enceinte, et Thierry avait déclaré : « Les études, ça peut attendre. Ton rôle, cest de faire des enfants et de tenir la maison. » Elle lavait cru. Elle avait abandonné ses examens, donné naissance à un fils, puis, quelques années plus tard, à une fille. Lenseignement était devenu un lointain souvenir.

Avec les années, Thierry sétait convaincu dune vérité implacable : les femmes sont faites pour endurer.

Il le répétait à ses amis lors des parties de pêche, ou même à haute voix pendant quÉlodie lavait le sol de leur modeste maison :

« Une femme, cest pas un être humain, cest une bête de somme. Son boulot, cest de garder la maison propre, de faire à manger et de soccuper des gosses. Si elle a des envies, des rêves, quelle serre les dents. Cest comme ça. »

Élodie ne protestait jamais. Elle hochait juste la tête, parfois avec un sourire fragile. Elle cuisinait, lavait, berçait les enfants, les consolait quand son fils pleurait après une colère de son père. Elle était devenue un meuble invisible, indispensable mais ignoré.

Thierry la traitait comme un outil pratique, sans gratitude ni ménagement. Il laissait traîner ses chaussettes, exigeait que le dîner soit servi à 19h pile, criait si la soupe était trop salée. Il ne soccupait jamais des enfants, ne sintéressait pas à leurs notes, mais si leur fils avait une mauvaise note, cétait toujours sa faute : « Tu surveilles rien ! Tes bonne à rien ! »

Le soir, quand les enfants dormaient, il sirotait une bière devant la télé tandis quÉlodie récurait les casseroles, le dos courbé par une douleur familière. Parfois, elle apercevait son reflet dans la vitre noire flou, effacé, comme si elle nexistait plus.

Puis un jour quelque chose en elle se brisa.

Ce soir-là, Thierry rentra plus tard que dhabitude, furieux comme un taureau encor

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Les femmes sont faites pour endurer, pensait le mari en profitant de son épouse docile. Mais un jour, elle en a eu assez.
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