Le Secret du Bonheur : Ce Qu’il Faut pour Être Heureux

**Ce qu’il faut pour être heureux**

« Julien, ton père nous a demandé de passer le voir pour une journée, il a besoin daide pour réparer le toit il ny arrive plus tout seul. » Élodie regarda son mari avec un espoir timide. « On pourrait y aller, et Amélie veut rendre visite à son grand-père. »

Le beau-père de Julien vivait à la campagne. Un homme solide, en pleine santé. Mais les années, elles aussi, finissaient par le rattraper

« Papa, allez, on y va. » Amélie, quatorze ans, se joignit à la conversation.

« Vous vous êtes donné le mot ? » Julien sagita, exaspéré. « Jai deux jours de repos par semaine, est-ce que je peux au moins les passer comme je veux ? »

Femme et fille baissèrent les yeux et se détournèrent. Amélie partit dans sa chambre, Élodie dans la cuisine. « Voilà ! » ricana Julien. « Vous avez oublié qui a le dernier mot ? Je vais vous le rappeler ! »

En vérité, il navait rien prévu de bien important ce week-end. Samedi, il devait aller voir un 4×4 un pote le vendait. Un peu kilomètre, mais fiable. Si le prix était bon, il pourrait le prendre. Une voiture parfaite pour la pêche.

Et largent était là il avait fait des économies, en rognant sur le budget familial. Vendre lancienne, contracter un prêt. Assez de rouler dans cette vieille Clio, il avait honte devant les copains. Le soir, une partie de pêche était prévue, comme au bon vieux temps. Un feu de camp, des blagues, une bouteille de rouge pour accompagner le poisson. Le bonheur !

Et maintenant, il fallait aller à la campagne Plus tard, quand il aurait le temps.

Le lendemain matin, après avoir appelé le vendeur, Julien fixa un rendez-vous. La voiture était garée dans un box, en périphérie de la ville.

« Tu comptes vraiment changer de voiture ? » Élodie simmisçait encore dans ses affaires.

« En quoi ça te regarde ? » grogna-t-il.

« Fais comme tu veux. » Elle soupira. « Mais Amélie grandit, on voulait lui acheter de nouveaux vêtements, elle devient une jeune femme. Une jolie veste, des bottes Sans parler de moi »

« Elle peut encore attendre un an. À son âge, moi » Julien allait se lancer dans un discours, mais il se tut.

Au fond, il savait quil était injuste envers sa femme et sa fille, mais il refusait de ladmettre. « Je les ai trop gâtées, voilà le problème ! » Essayant de se justifier, mais sans conviction.

Quinze ans plus tôt, il était un étudiant fauché quand il avait rencontré Élodie et ce fut le coup de foudre.

Une jeune femme rieuse, mince, aux yeux bleus pétillants, qui lui avait rendu son amour. Les premières années avaient été dures location dun petit appartement, puis la naissance dAmélie.

Ils vivaient avec le salaire dingénieur de Julien, heureusement que le beau-père et la belle-mère les aidaient. La maison était toujours remplie de produits de la ferme : conserves, confitures, légumes frais. Le beau-père venait chaque semaine, déposait ses sacs et ses bocaux, buvait un thé à la va-vite, jouait un peu avec sa petite-fille, puis repartait vers la campagne, glissant discrètement quelques billets aux jeunes.

Les parents de Julien vivaient loin, élevaient quatre autres enfants et ne pouvaient rien leur offrir. Julien navait pas fait une carrière brillante, mais ses extras avaient hissé la famille vers une vie confortable.

Évidemment, cétait son salaire qui faisait vivre la maison. Grâce à lui, ils avaient acheté un appartement, une voiture doccasion mais fiable. Élodie, bibliothécaire, ne gagnait pas grand-chose, mais elle avait su créer un foyer chaleureux, prenant soin de son Julien. Jamais il ne sortait en chemise froissée ou pantalon mal repassé, et tout limmeuble connaissait ses talents de cuisinière les voisins jaloux de son mari.

Quand avait-il commencé à se croire indispensable ? Il ne sen était même pas rendu compte. Peu à peu, dans la famille, seule son opinion comptait. Les rires dAmélie sétaient faits plus rares, les sourires dÉlodie aussi. Le beau-père ne venait plus avec ses cadeaux, ses blagues joyeuses. Julien ne se souciait plus de lavis de sa femme celui de ses amis importait bien plus. Même pour la voiture, cétait eux qui avaient insisté. Oui, largent était prévu pour autre chose, mais cétait une occasion à ne pas manquer !

Il trouva facilement le box. Le propriétaire nétait pas encore là, il dut attendre. Il sortit de la voiture, alluma une cigarette et observa les alentours. Une rangée de garages séparait les maisons individuelles des HLM. Devant, une route, et au-delà, des buissons.

Cest de ces buissons quémergea un chaton, attiré par le bruit du moteur et le cliquetis des clés.

Il sapprocha des hommes, mais nentra pas dans le garage. Il sassit à distance, attendant. Il avait perdu foi en lhumanité, mais un espoir ténu subsistait dans son petit corps : « Peut-être quils feront attention ? Peut-être quils me donneront à manger ? »

Il attendit que les deux hommes sortent du garage, discutant avec animation. Une poignée de main, et lun deux resta un instant, perdu dans ses pensées. Son regard croisa celui du chaton. Un miaulement timide, mais lanimal ne sapprocha pas.

« Quest-ce quil fiche là ? » songea Julien en lobservant. « Un tout petit, à son âge, il devrait jouer, manger à sa faim, dormir paisiblement. Mais il doit survivre. Pas de chance. »

Il écrasa sa cigarette, remonta en voiture, et jeta un dernier regard au chaton. Cest alors quil vit

Lespoir séteindre dans ses yeux verts.

Le chaton se leva et retourna vers les buissons. Pour continuer sa vie misérable, faite de désespoir, de peur et de faim. Et de lindifférence des hommes, si grands, si forts, qui pourraient si facilement sauver cette petite boule de poils, lui offrir le bonheur, et recevoir en retour de lamour, de la fidélité, une vie entière. Mais ils nen voulaient pas

« Jai déjà vu ce regard. » Julien cherchait dans ses souvenirs. « Élodie ! » réalisa-t-il. « Cest comme ça que la lumière sest éteinte dans ses yeux hier, quand je lai coupée. Et Amélie elle a baissé la tête comme ça avant de disparaître dans sa chambre. Elles nont rien dit, nont plus rien demandé. Juste elles sont parties. Comme ce chaton. Oui, elles ont à manger, un toit, mais comme lui, elles attendent de lattention, de la tendresse, de la compréhension. Et moi, je ne leur donne rien. Comment jai pu laisser faire ça ? »

Il lutta encore contre cette faiblesse, sinsulta en silence, mais il savait déjà ce quil allait faire.

Il retrouva le chaton dans les buissons, allongé sur un morceau de carton. Lindifférence dans ses yeux avait cédé la place à la peur, puis, quand Julien le prit dans ses bras et le serra contre lui, à un espoir fragile.

« Amélie ! » appela-t-il depuis la porte. « Regarde ce que je tai ramené.

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