Nous ne voulons pas que tu sois présent à notre mariage» – m’ont dit mes enfants

« Maman, arrête de relaver ces assiettes, elles sont déjà propres ! » soupira Élodie en regardant sa mère, qui pour la quatrième fois essuyait la même vaisselle.

« Et si les invités voyaient des traces ? » rétorqua Viviane en examinant lassiette à la lumière. « Cest un mariage, tout doit être parfait. »

« Franchement, personne ne va inspecter la vaisselle ! Tout le monde regardera la mariée et le groom. Et tu es coincée dans la cuisine depuis trois heures » Élodie sapprocha pour un câlin, mais Viviane sesquiva.

« Laisse-moi faire, sil te plaît. Les salades ne sont pas prêtes, le gâteau nest pas décoré. On na pas le temps. »

Élodie secoua la tête et sortit. Dans le salon, son fiancé, Théo, tripotait nerveusement sa cravate.

« Écoute, ta mère est sûre de tenir le coup ? On naurait pas dû louer un traiteur ? » murmura-t-il.

« Trop tard, les invités sont conviés ici. Elle tenait à recevoir à la maison, elle dit quau restaurant, cest trop impersonnel » Élodie lui prit la main. « Sois patient, chéri. Elle fait de son mieux. »

Théo hocha la tête, mais ses yeux trahissaient des doutes. Viviane préparait ce mariage depuis trois mois, étudiant des recettes, achetant des produits, planifiant chaque détail. Élodie avait dabord été ravie de son enthousiasme, puis elle avait remarqué que sa mère sépuisait, devenant irritable et pointilleuse.

« Élodie ! Viens goûter la salade ! » lança Viviane depuis la cuisine.

La future mariée sy rendit et trouva sa mère, une cuillère à la main.

« Il y a assez de sel, ou jen rajoute ? »

« Maman, cest parfait ! On a goûté dix fois, ça suffit ! »

« Désolée de vouloir bien faire ! » Viviane se détourna, vexée. « Je veux que tout soit beau, digne. Que les parents de Théo ne pensent pas quon est quon ne sait pas recevoir »

Élodie posa les mains sur ses épaules.

« Maman, quest-ce qui tarrive ? Tu sais bien que ses parents sont simples et gentils. Ils ne vont pas compter les cuillères de mayonnaise. »

« Ah non ? » Viviane se retourna vivement. « Tu as entendu sa mère au téléphone hier ? Chez nous, il y avait toujours du caviar sur la table. Du caviar ! Moi, jai juste du hareng sous la fourrure »

« Elle ne le disait pas méchamment, maman. Juste par nostalgie. »

« Allons donc ! Je les entends chuchoter. Viviane mène une vie modeste, très modeste. Je devrais avoir honte davoir élevé seule ma fille ? Que ton père soit parti quand tu avais trois ans ? »

Élodie se tut. Ce sujet était toujours douloureux pour Viviane, et aujourdhui, les vieilles blessures refaisaient surface.

« Personne ne te juge, maman. Tout le monde sait que tu as fait un travail formidable. »

« Bien sûr » Viviane eut un rire amer. « Et les parents de Théo ? Leur maison a trois étages, leur voiture est neuve. Et moi ? Un petit appartement et un repas fait maison. »

« Je me fiche de leur maison ! sexclama Élodie. Jépouse Théo, pas ses parents ! »

À ce moment, Théo entra dans la cuisine, alerté par les éclats de voix.

« Tout va bien, mesdames ? »

« Tout va bien ! » répondit vivement Viviane en sessuyant les mains. « On discutait juste du menu. Cest presque prêt. »

Théo observa la cuisine. Les plats étaient alignés, les salades prêtes, les plats chauds en préparation. Lodeur était alléchante.

« Viviane, cest magnifique ! Mes parents vont être ravis. »

« Oh, ce nest rien » dit-elle, visiblement flattée.

« Mais si ! Je préfère la cuisine maison, les restaurants manquent dâme. Là, on sent le cœur mis à louvrage. »

Pour la première fois de la journée, Viviane sourit.

« Un café, Théo ? Je le fais frais. »

« Maman, les invités arrivent dans une heure, rappela Élodie. Tu dois encore thabiller. »

« Oh là là, cest vrai ! » sexclama Viviane. « Ma robe nest pas repassée, mes cheveux pas coiffés »

« Calme-toi, on a le temps. Va te préparer, je finis ici. »

« Ne touche pas au gâteau ! cria Viviane depuis le couloir. Cest moi qui le décore ! »

Théo enlaça Élodie.

« Ta mère stresse beaucoup. On ne peut pas laider ? »

« Elle ne nous laissera rien faire. Elle veut tout contrôler. »

« Je comprends. Elle veut impressionner mes parents. »

« Essaye de lui expliquer quon sen fiche. Pour elle, lopinion des autres compte. Elle a toujours dû prouver quelle sen sortait seule. »

Théo réfléchit.

« Je vais dire à mes parents de la complimenter sur la cuisine. Quils insistent sur le fait que rien ne vaut le fait maison. »

« Vraiment ? »

« Bien sûr ! Elle mérite des éloges. »

Élodie lembrassa sur la joue.

« Merci, mon chéri. Ça lui fera plaisir. »

Une demi-heure plus tard, Viviane apparut dans une robe bleue élégante, les cheveux coiffés, le maquillage discret.

« Comment je me trouve ? »

« Sublime ! sexclama Théo. Nest-ce pas, Élodie ? »

« Très belle, maman. »

Viviane sourit, ajustant sa robe.

« Oh, le gâteau ! Je nai pas fini les roses en crème ! »

« Maman, les invités sonnent à linterphone. Il est parfait comme ça. »

« Viviane, croyez-moi, il est magnifique ! Allez les accueillir, on soccupe du reste. »

Les parents de Théo arrivèrent les premiers. Élise, élégante dans son tailleur, inspecta lappartement. Viviane se raidit, sattendant à une critique.

« Quel charmant intérieur ! dit Élise. On sent la chaleur dun foyer. »

Viviane sépanouit. « Installez-vous, je vous en prie. »

Les invités affluèrent. Amies dÉlodie, voisins, famille. Lappartement semplit de rires. Viviane courait entre cuisine et salon, servant, vérifiant que tout le monde était à laise.

« Viviane, asseyez-vous avec nous ! » lança le père de Théo, Michel. « Vous êtes lhôtesse, mais on ne vous voit pas ! »

« Comment voulez-vous que je masseye avec tout ce travail »

« Assez ! ordonna Michel. Venez discuter. »

Viviane sassit timidement.

« Cest vous qui avez fait cette salade ? » demanda Élise en goûtant le céleri rémoulade.

« Oui » Viviane sapprêtait à encaisser.

« Délicieux ! Jamais goûté daussi bon. Partagez la recette ? »

Viviane rougit de plaisir.

« Rien de spécial Il faut juste une bonne mayonnaise maison »

« Et ce hareng sous la fourrure ! senthousiasma une amie dÉlodie. Un chef-dœuvre, Viviane ! »

« Tout est fait avec amour, approuva Michel. Chez nous, cest surgelés. Là, on sent la passion. »

Viviane sanima, oubliant ses complexes. Elle partagea ses astuces culinaires, conseilla des recettes. Les invités lécoutaient, ravis.

« Regarde maman, chuchota Élodie à Théo. Elle est transformée. »

« Elle avait juste besoin de se sentir appréciée. »

Après les toasts, les invités séparpillèrent. Viviane se détendit, sirota un verre de vin.

« Viviane, lui dit Élise, vous avez élevé une fille merveilleuse. Théo ne parle que delle avec tant damour On voit quelle a grandi entourée de tendresse. »

« Merci » Viviane sémut. « Ce nétait pas facile seule, mais je voulais quÉlodie ne manque de rien. »

« Et vous avez réussi. Elle est aimable, attentionnée. Une belle-fille idéale. »

Viviane rougit de plaisir.

« Et votre cuisine est divine ! Jai trop mangé, ma robe ne ferme plus ! » plaisanta Élise.

« Reprenez-en ! Jai prévu large. »

Plus tard, quand les derniers invités furent partis, Viviane saffala dans un fauteuil, épuisée mais heureuse.

« Alors, maman, tu as passé un bon moment ? » demanda Élodie.

« Tu sais, ma chérie Javais tellement peur. Pour rien. Ses parents sont adorables. »

« Je te lavais dit ! »

« Oui Je me suis fait des films. Je pensais quils me jugeraient. Mais ils ont aimé notre simplicité. »

Théo sapprocha, baisa la main de Viviane.

« Merci pour cette belle soirée. Ma mère a noté trois de vos recettes. »

« Allons, ce nest que de la cuisine ordinaire. »

« Non. Cest de la cuisine pleine damour. »

Viviane serra les jeunes contre elle.

« Soyez heureux, mes chéris. Et si besoin, je suis là. »

« On le sait, maman. Merci pour tout. »

Viviane regarda sa fille et son gendre, le cœur léger. Les craintes sétaient envolées. Ce qui comptait, cétait lamour autour delle.

« Allez vous coucher. Moi, je vais faire la vaisselle. »

« Maman, laisse ça pour demain ! »

« Impossible. Je nai pas lhabitude. »

Élodie et Théo échangèrent un regard amusé. Viviane resterait la mère attentionnée quelle avait toujours été. Et cétait parfait.

En lavant la vaisselle, Viviane repensa à cette journée. Elle avait tant redouté ce mariage, craignant de ne pas être à la hauteur. Mais le bonheur nétait pas dans largent ou le luxe. Il était dans les cœurs ouverts. Et ce soir, elle avait offert cela.

Demain, une nouvelle vie commencerait. Mais le lien entre mère et fille demeurerait fort. Car Viviane nétait plus seulement une mère. Elle était aussi une belle-mère aimante. Et ce rôle, elle comptait bien lhonorer.

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Prends ta mère et partez !» exigea la belle-fille dans la maternité