Quelques semaines après le mariage, une discussion entre mon mari et ma mère ma glacée dhorreur.
Jeanne pensait que son mariage avec Théo était laboutissement dun rêve. Leur rencontre, dans une boulangerie de Lyon, les mois enivrants qui suivirent, la demande en pleine lumière des Champs-Élysées, tout semblait parfait. Sa mère, Élodie, ne tarissait pas déloges sur Théo, le trouvant «irréprochable». Mais après un dîner familial pour la Fête des Grands-Mères, lillusion se brisa comme du verre sous un coup de marteau.
Jeanne monta chercher un vieux coffret rempli de souvenirs. En redescendant lescalier de la maison provençale, elle entendit des voix étouffées. Théo parlait, et chaque mot la transperça comme une épée :
Élodie, jamais je ne laurais épousée sans votre aide financière.
Le souffle coupé, Jeanne se retint à la rampe. Sa mère répondit dun ton ferme :
Chut ! Elle pourrait nous entendre. Sois patient. Quand son entreprise reprendra, tu pourras ten aller. Elle est trop fragile pour affronter la vérité.
Théo soupira, agacé :
Oui, mais noubliez pas le dernier virement avant le Réveillon. Sinon, je pars.
Jeanne regagna sa chambre en chancelant. Tout nétait quun marché. Les mots doux, les promesses, lamour tout était faux. Une rage froide lenvahit. Elle fouilla les affaires de Théo et découvrit des relevés bancaires, des transferts dargent étiquetés «frais divers», «acompte», «solde». Ses mails révélaient des dettes, des demandes désespérées à des amis. Théo était ruiné, et sa mère lavait payé pour lépouser.
Le soir du Réveillon, la famille était réunie. Sous le sapin, un cadeau attendait Élodie : une petite boîte enveloppée dun ruban bleu.
Cest pour toi, maman. Tu las bien mérité, dit Jeanne, le regard dur.
Élodie ouvrit la boîte et devint livide. À lintérieur, des copies des virements.
Quest-ce que cest ? balbutia-t-elle.
La preuve que tu mas acheté un mari, répondit Jeanne, glaciale.
Le silence sabattit. Théo lâcha sa fourchette.
Jeanne, écoute tenta-t-il, la voix tremblante.
Inutile. Tu as eu ton argent. Cest fini.
Élodie éclata en sanglots :
Je lai fait pour toi ! Tu es si vulnérable Je ne voulais pas te laisser seule !
Non. Tu las fait pour me contrôler. Félicitations, maman. Tu as gagné un gendre et perdu une fille.
Jeanne sortit sous la neige, le cœur léger. Au printemps, elle entama son divorce. Théo ne contesta rien. Élodie supplia son pardon, mais chaque appel sonnait faux. Jeanne souffrit, mais ses amies et son thérapeute laidèrent à se reconstruire.
Aujourdhui, elle respire. Libre. Plus riche dune leçon : mieux vaut la solitude que les mensonges dorés. Et vous, auriez-vous eu le courage de partir ?







