Chère Maman, tes sages conseils sur la générosité m’ont inspirée : j’ai offert tes services à ma tante.

Chère Maman, ton conseil sur ma générosité ma inspirée : jai offert ton service à la tante.
Maman, tu mas toujours reproché dêtre égoïste, répondit la fille en riant. Alors, jai donné ton service à thé à tante Geneviève.

Depuis quelle était petite, Camille avait lhabitude de voir ses jouets disparaître. Sa mère, Céline Lefèvre, avait cette manie de les offrir à dautres enfants lors de ses visites.

Maman, où est ma poupée ? demanda Camille, inquiète.

Camille, mon cœur, je sais combien tu laimais, mais la petite Louise, notre voisine, est malade et bien triste. Jai pensé que ta poupée pourrait la réconforter. On ten achètera une autre, mais loccasion de faire plaisir, elle, ne se refuse pas, expliqua sa mère en lui caressant les cheveux.

Camille regarda sa poupée une dernière fois, puis sa mère, les yeux humides. Elle ne voulait pas sen séparer.

Mais pour Céline Lefèvre, lapparence comptait plus que les sentiments de sa fille.

Cesse de pleurnicher, cest ridicule dêtre aussi radine, dit-elle, agacée, avant de lenvoyer étudier.

En grandissant, ce furent ses livres et ses vêtements que Camille vit partir.

Dabord, elle se résigna, croyant que sa mère avait raison, quelle était trop égoïste.

Puis, peu à peu, elle comprit que Céline ne donnait pas par bonté, et une amertume grandit en elle.

Je vais chez tante Élodie, je rentrerai tard, annonça Céline en prenant le manteau dhiver de Camille.

Tu sors avec mon manteau ? sesclaffa Camille, incrédule.

Non, voyons, il est trop petit pour moi, tu es bien plus mince, répondit sa mère, gênée.

Alors pourquoi le prends-tu ? demanda-t-elle, sérieuse.

Je lai promis à Élodie pour sa fille. Le sien est usé, et ils attendent les beaux jours pour en acheter un nouveau, mentit Céline.

Et moi, je dois porter un manteau troué ? rétorqua Camille, stupéfaite.

Bientôt le printemps, tu nen auras plus besoin. Sinon, prends le mien, répliqua Céline, nerveuse.

Camille la fixa, la colère montant en elle.

« Pourquoi donne-t-elle toujours mes affaires ? Pourquoi trouve-t-elle ça normal ? »

Pour la première fois, elle savança, reprit son manteau.

Maman, pourquoi toujours prendre mes choses ? Ce nest pas normal ! sexclama-t-elle, les dents serrées.

Tu es bien trop égoïste. Le partage, cest important, gronda Céline.

Alors partage tes propres affaires ! Pourquoi toujours les miennes ? rétorqua Camille.

Sa mère la regarda, interloquée, comme si cétait incompréhensible.

Puis elle partit, vexée. Soulagée, Camille raccrocha son manteau.

Fière de son audace, elle passa une bonne journée. Mais le lendemain, le manteau avait disparu.

Céline ne lui avait même pas demandé.

Camille pleura de rage. Ce jour-là, elle sut quelle ne serait en sécurité quen quittant la maison.

À son retour, Céline remarqua le regard triste de sa fille et eut un léger remords.

Mais sa fierté lemporta. Peu à peu, Camille transforma sa colère en détermination.

Elle travailla dur, obtint une place à luniversité.

En emménageant en résidence, elle respira enfin.

Même dans une chambre partagée, elle se sentait plus chez elle que chez sa mère.

Les années passèrent. Diplôme en poche, elle trouva un travail et un appartement.

Malgré le passé, elle appelait encore Céline et lui rendait visite parfois.

Un jour, sa mère arriva et prit un de ses nouveaux jeans.

Camille, je le donne à Margaux, il lui ira parfaitement, annonça-t-elle, comme une évidence.

Maman, encore ? Cest mon jean, je lai payé moi-même. Garde-le ! riposta Camille, exaspérée.

Céline, surprise, ne sattendait pas à ça.

Quelle avarice ! Tu nas jamais été généreuse, bougonna-t-elle.

Facile dêtre généreuse avec ce qui ne tappartient pas. Donne tes affaires, toi, rétorqua Camille.

Céline resta silencieuse, puis partit, furieuse.

Ce jour-là, Camille décida de lui donner une leçon.

Lanniversaire de tante Geneviève approchait. Celle-ci ladorait, contrairement à Céline, quelle méprisait.

La veille, Camille passa chez sa mère et prit discrètement son service en porcelaine ancienne.

Il était superbe et fit un cadeau parfait.

Tante Geneviève fut ravie. Quand Céline sen aperçut, elle entra dans une colère noire.

Où est mon service ? Jy tenais tant ! cria-t-elle.

Maman, tu mas toujours appris à partager. Alors je lai offert à tante Geneviève. Elle en était enchantée, répondit Camille, souriante.

Céline, décontenancée, resta muette un moment.

Tu aurais dû me demander ! finit-elle par dire.

Et toi, mas-tu jamais demandé avant de prendre mes choses ? répliqua Camille.

Les enfants napprennent rien aux parents ! Cest moi qui tai tout donné, donc je décide ! hurla Céline.

Papa a acheté ce service, donc cest aussi mon héritage, rétorqua Camille, sarcastique.

Furieuse, Céline la mit dehors.

Elles ne se parlèrent plus pendant un an. Mais à lapproche du réveillon, Céline, repentante, tendit la main.

Camille comprit alors : parfois, il faut se défendre pour être respecté, même face à ceux quon aime.

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