Oh, je vais te raconter cette histoire À 62 ans, je suis tombée amoureuse comme une ado, tu te rends compte ? Et puis jai découvert son petit secret.
Jamais je naurais cru quà mon âge, on puisse ressentir des papillons dans le ventre, les joues qui brûlent, les mains qui tremblent. Mes copines rigolaient, me disaient que jétais folle, mais moi, jétais sur un petit nuage. Lui, cétait Louis un homme posé, cultivé, avec une voix douce et un regard qui te réchauffe le cœur. On sest rencontrés par hasard à une soirée littéraire à Lyon, pendant lentracte. On a parlé, et cétait comme si on se connaissait depuis toujours.
Cette soirée était magique. Une pluie fine dehors, lodeur des marronniers mouillés, les rues luisantes sous les lampadaires Je suis rentrée chez moi avec limpression que ma vie venait de basculer.
Avec Louis, on a commencé à se voir souvent. Théâtre, cafés, longues discussions sur des livres et des vieux films. Il me parlait de sa vie, je lui racontais la mienne mon veuvage, ces années de solitude qui tapprennent la patience. Un jour, il ma proposé de passer le weekend dans sa maison en Provence. Jai dit oui.
Lendroit était enchanteur : des oliviers à perte de vue, une petite rivière, la lumière dorée du sud. On y a passé des jours parfaits. Mais un soir, Louis ma annoncé quil devait rentrer durgence à Marseille sa sœur, Élodie, avait des problèmes. Je suis restée seule. Plus tard, son portable a vibré sur la table. « Élodie » saffichait sur lécran. Je nai pas touché au téléphone, mais un petit doute ma traversé lesprit.
Quand il est revenu, je lui ai demandé timidement qui était cette Élodie. Avec un sourire un peu triste, il ma expliqué que cétait sa sœur, quelle avait des dettes et quil laidait. Ça avait lair sincère. Mais après ça, il sabsentait de plus en plus, toujours pour « Élodie ». Les appels devenaient fréquents. Je me taisais, par peur de briser ce bonheur fragile.
Une nuit, je me suis réveillée. Il nétait pas là. Jai entendu sa voix dans la cuisine, derrière la porte entrouverte :
« Élodie, attends encore un peu Non, elle ne sait rien. Elle ne se doute de rien. Je vais tout arranger, il me faut juste du temps »
Je suis restée figée. « Elle ne sait rien » cétait forcément de moi quil parlait. Mais quoi ? Quest-ce quil me cachait ? Je me suis recouchée en faisant semblant de dormir quand il est revenu. Mon cœur cognait à men donner mal à la poitrine.
Le lendemain, je suis allée cueillir des lavandes enfin, cest ce que jai dit. En réalité, javais besoin de réfléchir. Jai appelé ma meilleure amie, Sandrine :
« Sandrine, je ne sais plus quoi faire. Je sens quil me cache quelque chose. JEt puis finalement, jai compris que lamour, même à soixante ans, cest parfois juste avoir le courage de demander la vérité et daccepter que lautre, comme nous, porte ses fragilités.







