**Journal intime Lhéritage et la liberté**
Quand ma grand-mère a découvert que mon cousin voulait la chasser de son appartement, elle la vendu sans remords.
Pourquoi contracter un prêt quand on peut attendre que grand-mère trépasse et hériter de son bien ? Cétait la pensée dAntoine, le cousin de mon mari, Matthieu. Il était marié à Élodie, et leurs trois enfants vivaient dans lattente de cet héritage. Refusant les crédits, ils rêvaient du jour où lappartement de Mémé leur reviendrait. Pour linstant, ils sentassaient dans le petit T2 de la mère dÉlodie, à Nice, en bord de mer. Une vie étriquée qui les rongeait peu à peu. Antoine et Élodie chuchotaient de plus en plus sur la manière de « régler » le problème de Mémé.
Mais Mémé, Jacqueline, était une force de la nature. À soixante-quinze ans, elle débordait dénergie, profitant de la vie sans se plaindre. Son appartement du centre-ville de Nice était toujours animé. Elle maîtrisait son smartphone, adorait les expositions, le théâtre, et même les flirts innocents lors des bals pour seniors. Elle rayonnait, un modèle de joie de vivre. Mais pour Antoine et Élodie, cétait une source dagacement. Ils en avaient assez dattendre.
Leur patience a craqué. Ils ont décidé que Jacqueline devait signer lappartement au nom dAntoine et partir en maison de retraite. Sans même masquer leurs intentions, ils affirmaient que « ce serait mieux pour elle ». Mais Jacqueline nétait pas du genre à capituler. Elle a refusé net, mettant le feu aux poudres. Antoine a hurlé quelle était « égoïste » et « ne pensait pas à ses petits-enfants ». Élodie a attisé les flammes, murmurant que Mémé « avait assez vécu ».
Quand Matthieu et moi lavons appris, nous étions horrifiés. Jacqueline rêvait depuis toujours de voyager en Indevoir le Taj Mahal, humer les épices, se perdre dans les ruelles de Pondichéry. Nous lui avons proposé de vivre chez nous, de louer son appartement et déconomiser pour son voyage. Elle a accepté, et bientôt son spacieux T3 en centre-ville lui rapportait un joli revenu. Quand Antoine et Élodie lont découvert, ce fut un scandale. Ils considéraient lappartement comme leur dû et exigeaient dy emménager. Ils ont même accusé Matthieu davoir « manipulé » Mémé par intérêt. Antoine a réclamé largent de la location, parlant de « sa part légitime ». Nous avons dit non, un point cest tout.
Élodie a commencé à venir chez nous presque chaque jour. Parfois seule, parfois avec les enfants, toujours avec des cadeaux ridicules. Elle demandait des nouvelles de Mémé, mais nous voyions bien son vrai butelle et Antoine espéraient encore que Jacqueline « séteigne » et leur laisse tout. Leur cupidité était sidérante.
Entre-temps, Jacqueline a économisé assez et est partie pour lInde. Elle est revenue éblouie, avec des valises pleines dhistoires et de photos. Nous lui avons suggéré daller plus loin : vendre lappartement, continuer à voyager, et vivre ses vieux jours chez nous, en paix. Elle a réfléchi et a sauté le pas. Lappartement a été vendu à bon prix, et avec largent, elle a acheté un studio cosy en périphérie de Nice. Le reste a financé de nouvelles aventures.
Jacqueline a parcouru lEspagne, lAutriche, et la Suisse. Là-bas, lors dune balade au bord du lac Léman, elle a rencontré un Français, Philippe. Leur histoire semblait tout droit sortie dun romanà soixante-quinze ans, elle la épousé ! Matthieu et moi avons volé jusquen France pour le mariage, et ce fut magique de la voir rayonner dans une robe blanche, entourée de fleurs et de sourires. Elle méritait ce bonheur. Après avoir travaillé toute sa vie, élevé ses enfants, aidé ses petits-enfants, elle vivait enfin pour elle.
Quand Antoine a appris la vente, il est devenu fou. Il a exigé que Mémé lui cède le studio, affirmant qu« elle en avait assez ». Comment il comptait y loger cinq personnes reste un mystère. Mais cela ne nous concernait plus. Nous étions heureux pour Jacqueline, qui avait trouvé son bonheur. Quant à Antoine et Élodie Leur histoire rappelle que, quand largent entre en jeu, les proches révèlent parfois leur vrai visage.
